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Rachida Ben Sidhoum, écrivaine, à L’Expression

«Ecrire en langue Tamazight est un devoir»

Rachida Ben Sidhoum est écrivaine et poétesse. Elle a publié de nombreux recueils de poésie et deux romans intitulés : «Lhif d usirem» et «Icenga n talsa», paru aux éditions «Achab». En outre, elle est doctorante au département de langue et culture amazighes de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou.

L'Expression: Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Rachida Ben Sidhoum: Je suis poétesse et auteure de recueils de poésie et de romans. En outre, je suis doctorante en littérature amazighe à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou.

Comment êtes-vous venue à l'écriture?
Bien avant d'éditer mon tout premier livre, l'écriture était une passion pour moi. Enfant, collégienne, l'écriture était cette amie fidèle, amie à laquelle chaque soir je raconte mes rêves d'enfance. Mais maintenant avec les expériences de la vie, l'écriture est devenue, pour moi, un moyen qui me permet d'arriver à transmettre mes visions et mes idées en défendant une cause aux lecteurs.

Pourquoi avoir choisi la langue tamazight, lorsque vous avez décidé d'écrire votre poésie et vos romans?
Je n'ignore pas les autres langues, mais je pense que nous avons pour devoir et mission de contribuer, d'abord et avant tout, à la promotion de notre langue maternelle, pour son renforcement. Ecrire en tamazight est l'un des meilleurs moyens de permettre à notre langue d'avoir une longue vie et de demeurer immortelle. Quand j'écris en langue tamazight, cela me permet de trouver des mots dépourvus d'artifice, car ce sont des mots dont la source est la sérénité.

Votre roman «Icenga n talsa» parle d'une réalité amère que nous avons tous vécue, pourquoi avoir choisi ces thèmes?
Même si le temps est passé, le passé ne se dissout pas entièrement car il y a des souvenirs qui ne peuvent pas être effacés. Ce n'est pas moi qui ai choisi ces sujets, mais les mauvais souvenirs douloureux qui sont encore frais dans l'esprit de tous ceux qui ont vécu ces événements. Oui, j'ai écrit sur des événements quotidiens tels que le kidnapping des enfants, l'état de l'université de Mouloud-Mammeri, l'extrémisme religieux, la pensée de l'homme, etc. Puisque je lutte, à ma manière, comme les autres femmes pour revendiquer les droits de la femme, j'adresse dans mes livres un message à chaque femme pour préserver son statut et sa liberté. Dans le roman que vous citez, j'ai choisi Katia Bengana et les autres femmes assassinées dans les années 90 comme exemples. On ne doit pas priver les femmes de leurs droits à l'éducation et on ne doit pas les maintenir prisonnières de pensées rétrogrades.

Quel est votre point de vue sur l'écriture romanesque en tamazight ces dernières années?
Il y a vraiment une grande et remarquable évolution dans le domaine de l'écriture romanesque en langue tamazight depuis quelques années. Cette écriture se développe de manière palpable. Ce qui est une chose extrêmement encourageante pour notre langue et culture.

Peut-on savoir quels sont les écrivains et les romans en tamazight qui vous ont marquée?
La vérité est que chaque roman en langue tamazight que j'ai eu le plaisir de lire représente, pour moi, une école. Ces livres sont à mes yeux une série à plusieurs épisodes. Je suis influencée par les auteurs qui m'ont précédée et qui ont écrit en langue tamazight, bien évidemment.

Pourquoi, selon vous, y a-t-il de plus en plus de femmes qui écrivent des romans en langue tamazight, ces derniers temps?
Dans le passé, les femmes kabyles racontaient ce qu'elles vivaient et décrivaient ce qu'elles ressentaient au plus profond de leurs tréfonds en déclamant des poèmes ainsi que des proverbes qu'elles composaient. Malgré cela, elles ne s'exprimaient guère de manière directe. Elles étaient contraintes d'avoir recours à des métaphores de sorte que l'homme ne comprenne pas le message qu'elles veulent exprimer. Aujourd'hui, nous constatons qu'elle a supprimé toutes sortes de restrictions afin d'entrer dans le monde de l'écriture et de l'édition par la grande porte. Elle dit et montre avec ses mots tous les maux qui la rongent et n'épargnent pas d'autres femmes qui sont dans la même situation qu'elle. Ces femmes qui écrivent s'adressent aussi à ceux qui ne cessent de chanter sa beauté mais qui, en même temps, détournent le regard dès qu'il s'agit de leurs droits les plus basiques et élémentaires. Or, la femme est la mère de l'humanité, mais malheureusement, dans bien des cas, elle a donné naissance à des personnes qui se retournent contre elle pour lui faire du mal.

Quels sont vos projets d'écriture pour le proche avenir?
Poursuivre ma carrière d'auteure, mais pas avant de terminer ma thèse de doctorat, car elle est prioritaire.

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