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Kheïreddine M’kachiche, musicien algérien sans frontières, à L’Expression

«La musique est mon langage universel»

Violoniste de son état, l’artiste qui croit « au dur labeur », excelle dans la fusion. Il a, en effet, joué avec de nombreux musiciens à travers le monde, jusqu’à son projet «Bahdja». Il nous parle ici de cet album algéro-belge, mais aussi de son parcours, ses maîtres qui ont fait son apprentissage, de sa vision de l’art et de la musique…

L'Expression: Vous vous êtes lancé cette année dans un superbe projet d'album avec le jazzman globe-trotter Manuel Hermia, un album appelé «Bahdja». Un mot-là-dessus...
Kheireddine M'kachiche: Le destin nous avait rassemblés autour d'un concert à Alger en mai 2016, on ne se connaît pas du tout, juste quelques mails et de rares appels téléphoniques, mais, ça s'est superbement bien passé, humainement, musicalement et culturellement. Une grande frustration était née par la suite, car nous voulions remettre ça. «La rencontre du souffle et du crin» était comme de la magie. L'idée d'enregistrer un album s'est présentée d'elle-même et elle s'est réalisée à Bruxelles en Belgique en 2018 avec la complicité de Zinou Kendour au piano «ALG», François Garny à la basse «BEL» et Franck Vaillon à la batterie «FRA». La sortie en avant-première de l'album s'est faite chez nous à Constantine avec un super concert lors de la clôture du festival de Dimajazz, en décembre 2018. Un concert a suivi en mars 2019, cette fois à Bruxelles, dans la prestigieuse salle «Le Senghor» a l'occasion de la sortie officielle de l'album «Bahdja».

Vous avez donné un concert en France avec ce projet et puis il y a eu le confinement y compris en Algérie. Comment avez-vous vécu cette période?
Il y a eu d'autres concerts après la sortie de l'album «Bahdja» au Jazz a Carthage et au Jazz Middelheim qui ont été très réussis et la réaction du public a été très positive. Le concert de Paris au Pan Piper s'est superbement bien passé aussi, c'était la suite logique du développement du projet avec la sortie officielle de notre album en France. À l'époque, la pandémie gagnait du terrain dans le monde et commençait à arriver chez nous en Algérie, notre chagrin a été terrible en apprenant des nouvelles du décès de beaucoup de nos proches et surtout beaucoup de nos artistes (RIP). La famille artistique a payé un lourd tribut a cause de cette pandémie et j'espère vraiment que les choses vont rentrer dans l'ordre et que la vie reprendra normalement et que ce virus disparaitra définitivement de nos vies et de nos mémoires.

Vous êtes maître de l'arabo-andalou, mais également friand d'ouvertures musicales, on citera notamment vos collaborations avec Nguyen Lee, Dhafer Youssef, Bojan Z, Jon Hassell...Comment vous en êtes arrivé là?
Je profite de votre question pour rendre hommage à la chanteuse marocaine Amina Alaoui avec qui ma carrière internationale a débuté en 1997, on a collaboré ensemble pendant 13 années dans plusieurs festivals en Europe, au Moyen-Orient et au Japon avant de rejoindre ensemble le projet du pianiste norvégien Jon Balke « Siwan» en 2007 où j'ai rencontré le légendaire trompettiste américain Jon Hassell qui m'avait invité à son tour à le rejoindre sur son projet «Maârifa Street». Jai tourné dans ses deux projets pendant une longue période pendant laquelle j'ai participé aux enregistrements des deux albums de ses deux projets édités chez le légendaire label «ECM». J'ai ensuite rencontré Dhafer Youcef à Los Angeles quand j'étais en tournée avec Jon Hassell aux USA et on a gardé le contact, il m'avait invité sur un projet en Allemagne où je n'ai pas pu me rendre à l'époque pour des problèmes de visa, mais on a fini pas se revoir dans un concert au festival de Dimajazz avec Nguyen Lee, c'était un superconcert. Ma rencontre avec Bojan Z. s'est faite à Alger lors de la célébration de la Journée du jazz où on a joué ensemble et le courant est passé très vite. On s'est revu à Marseille en France quelques années plut tard où on a joué avec Paolo Fresu à l'ouverture du festival des cinq continents. Paolo m'avait invité par la suite à son festival «Time in Jazz» en Sardaigne en Italie, où on a joué en duo, avec un deuxième concert en duo aussi avec le pianiste français Andy Emler. J'ai été également invité à rejoindre le projet «Star Echo» de mon ami le batteur français Franck Vaillant. Plusieurs fois invité comme guest avec beaucoup d'artistes de talent, je cite: Jean Alain Roussel, les Chemirani et Sylvain Luc, Aziz Sahmaoui, Kepera Trio, Jean-Marie-Ecay. Je ne peux pas passer à côté de ma rencontre avec le violoniste indien, le docteur Subramaniam qui m'avait invité à sa tournée en Inde «violoin for peace» où j'ai représenté le violon arabe, une très belle expérience. Je crois beaucoup au destin et au dur labeur.

Parlez-nous de vos débuts et votre vision de l'art en général...
Mon père (RIP) était un musicien et un mélomane de la musique arabo-andalouse, professeur a l'association d'El Djazairia El Moussilia, ensuite El Fekhardjia, il a découvert dés mon très jeune âge que j'étais très attiré par cette musique, mais ne voulait vraiment pas que cela perturbe mes études, donc je n'ai commencé à apprendre réellement la musique qu'en 1983 alors que j'avais 11 ans.
Il m'avait inscrit au conservatoire d'Alger et en parallèle a El Fekhardjia. J'ai vraiment été à la bonne école, j'ai eu la chance d'avoir de très bons professeurs auxquels je rends hommage, je cite: Abdelkrim Mhamsadji, Rezki Harbit, Kamel Belkhoudja et Mamad Ben Chaouéche. Chacun d'eux à participer à sa façon à mon apprentissage, je ne les remercierai jamais assez. J'ai compris très vite que l'Algérie avait une richesse culturelle intarissable, qu'il fallait que je découvre à travers le temps.
Je suis passé de l'arabo- andalou au chaâbi, hawzi, raï, chaoui, kabyle, diwane, chaâbi marocain, tergui et j'ai réalisé que ce langage, le langage musical multiculturel n'avait pas de frontières et était sans limite, ma curiosité personnelle m'a poussé à aller au-delà des frontières, puis les continents. Souvent quand je jouais ailleurs, je ne comprenais pas la langue locale, mais je me servais d'un autre langage universel, la musique.

Enfin, avez-vous d'autres projets en perspective?
Pour le moment ma principale préoccupation c'est le retour à la normale de notre vie quotidienne et j'espère vraiment qu'on sortira de ce cauchemar rapidement. Concernant le côté artistique, cette pandémie a bloqué toutes les activités au niveau mondial et nos projets artistique par la même occasion, on ne peut pas faire de scènes en ce moment ni s'exporter a cause de la situation sanitaire mondiale mais je reste optimiste, les jours a venir seront sûrement meilleurs et j'espère vraiment jouer notre projet <<Bahdja>> à el Bahdja (Alger), ma ville natale.

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