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Le couteau, l'interdit et l'inter-dit!

La liberté de l'imagination fait peur, dérange les bourreaux de la culture et des arts.

L'inquisition, la censure, l'autodafé, l'anathème, le bûcher, ces mots monstrueux qui, depuis des siècles, ont habité tous les dictionnaires du monde, ont envenimé la vie des intellectuels, sentent le sang, la prison, l'exil, le feu, la fumée, les larmes, les brûlures, la géhenne.
Mais ces mêmes mots maudits nous rappellent l'histoire du dur combat mené par la bonne littérature, le prix de la liberté d'expression, la valeur de l'imagination et la magie de la belle parole.
Dès que l'un de ces mots maudits nous vient à l'esprit, nous saute au visage, on pense, et automatiquement, au sort d'Ibn Rochd, le père de la raison, à ses ouvrages brûlés sur la place publique par les extrémistes islamistes.
On repense l'histoire de la souffrance de Spinoza, un autre rationaliste frappé par un anathème de la communauté
fanatique juive portugaise d'Amsterdam.
Ces mots horribles sont toujours présents et continuent de peser sur la liberté de l'imagination créative et sur les éveilleurs de conscience collective.
Ce que l'écrivain Salman Rushdie a subi, depuis la fatwa de Khomeini en 1989 jusqu'à l'agression survenue le 12 août 2022 où il a été poignardé par un jeune fanatique aux États-Unis, tout cela n'est ni isolé ni surprenant et appartient à la culture du sang qui encercle la liberté des littérateurs et des lettres à travers le monde.
La liberté de l'imagination fait peur, dérange les bourreaux de la culture et des arts. Le rôle majeur de l'imagination comme matrice féconde de la littérature libre, c'est la démolition des murs qui assiègent le lecteur et le groupe social. Abattre les clôtures d'enfermement qui enchaînent la liberté du créateur.
La résistance menée par les maîtres de la culture libre, les symboles de la création, qui perdure depuis quatorze siècles, dans la littérature, par le soufisme, et même par la calligraphie, nous montre la force inégalée de l'imagination créative.
Les Abou Nouas, Bachchar Ibn Bourd, El-Maârri, Al-Rawoundi, Al-Halladj, Al-Bastamy, Ibn Al-Moukaffaâe, Attawhidi... par leurs destins tragiques, par leurs écrits immortels, sont, et resteront, les témoins de la force et de la valeur inestimable du mot.
Les censeurs et les inquisiteurs sont toujours là, l'oeil censeur ne dort pas, toujours braqué sur la création. Mais les écrivains libérateurs, éveilleurs de conscience, les enfants de la raison, eux aussi, n'ont pas déserté le champ de bataille.
Bien qu'il y ait eu à travers les temps des centaines, voire des milliers, de victimes, poètes, philosophes, penseurs, traducteurs, calligraphes... la voix porteuse de la liberté de l'expression ne s'est jamais éteinte. Comme Salman Rushdie, Naguib Mahfouz prix Nobel de littérature en 1988, a été victime d'une agression commise par un ignorant fou d'Allah.
Si Salman Rushdie a perdu un oeil, Naguib Mahfouz a perdu le contrôle d'une main et le célèbre calligraphe Ibn Mokla a perdu les mains, les pieds et la langue! Et Tahar Djaout, Abdelkader Alloula, Faradj Fouda, Hocine M'roua, Mahdi Amel, Azzedine Medjoubi et d'autres... ont perdu la vie.bL'Algérie par ses apôtres de la création libre, avec Kateb Yacine, boule de feu en poésie; Mouloud Mammeri, intellectuel déterminé et clairvoyant; Jean Amrouche, sage et efficace; un Mohammed Dib, soufi et visionnaire; Abdelkader Alloula, éternellement debout sur une scène comme un dieu grec; Tahar Djaout, audacieux et résolu; Jean Sénac, comme sortant d'un temps d'une révolution qui ne se termine jamais; Rachid Boudjedra, casseur des tabous; Moufdi Zakariya, voix de tonnerre venant des hauts des Aurès... avec ces voix et d'autres, l'Algérie ne sera, et ne pourra être, qu'une terre de libre expression, une terre pour la diversité et la pluralité.
Il n'y a pas de vie humaine équilibrée sans la présence des lettres et des arts. Dieu est beau et aime la beauté. Et la beauté se trouve dans le mot, dans la couleur et dans la forme, se trouve dans les doigts des créateurs.

De Quoi j'me Mêle

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