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Aabib-Allah Mansouri, ecrivain trilingue, à l'expression

«J'ai appris la langue amazighe à 24 ans»

Habib-Allah Mansouri est un écrivain trilingue (tamazight, arabe, français). Il vient de recevoir le Premier Prix du Haut Conseil à la langue arabe dans la catégorie «traduction en langue arabe». Il est l'auteur de plusieurs livres et traductions dont celle du «Petit Prince» d'Antoine de Saint-Exupéry en langue amazighe.

L'Expression: Vous venez de recevoir le Premier Prix de la traduction par le Haut Conseil de la langue arabe, pouvez vous nous parler du livre primé et le résumer? comment est née l'idée de le traduire?
Habib-Allah Mansouri: En effet, le 15 octobre dernier, j'ai obtenu du HCLA le Premier Prix dans la catégorie de «traduction en langue arabe». J'ai été retenu parmi cinq candidatures. Le livre en question est celui du défunt écrivain et professeur à l'université «Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, Mohand Akli Haddadou, «Introduction à la littérature berbère». L'ouvrage se subdivise en deux parties: la première porte sur la définition de la littérature berbère et son évolution à travers l'histoire; la seconde traite des notions comme «le conte», «le proverbe»... Pour ce qui est de l'idée de le traduire en arabe, c'est dû à l'absence de ce genre d'ouvrages en langue arabe. Nos amis arabisants ne cessent de nous interpeller sur le manque de livres en langue arabe, sur la littérature amazighe et tamazight d'une façon générale. D'ailleurs, c'est la seconde traduction en arabe d'un texte traitant de tamazight; le premier ouvrage est celui de Salem Chaker, «Berbères aujourd'hui».

Vous venez également de mettre un point final à la traduction du premier roman de Lynda Chouiten, parlez-nous de cette expérience, comment est née l'idée, l'avez-vous traduit tout seul ou en collaboration avec l'auteure et pourquoi ce roman plus exactement?
L'écrivaine de talent, Lynda Chouiten, est une amie de longue date. Après la publication de son roman «Roman de Pôv'Cheveux», elle me demanda de le traduire en tamazight. Durant cette période, j'étais occupé par un autre travail portant sur la terminologie de l'histoire en tamazight, j'ai donc traduit la première partie du roman, la suite est venue une année après. Etant donné que Lynda Chouiten maîtrise tamazight, je lui ai soumis le texte pour lecture et correction et je ne vous cache pas que ses remarques étaient très pertinentes. Je suis honoré de travailler avec elle et pourquoi pas traduire également son deuxième roman «Une »!

Vous êtes l'auteur de la traduction du roman «Pluie d'or» de Mohamed Sari du français vers tamazight, parlez nous de cette expérience?
Mohammed Sari, voilà une autre plume de talent! Sari était mon enseignant au département de langue et culture amazighes, à l'université Mouloud Mammeri, il m'a enseigné la théorie de la littérature. C'est le deuxième roman que je lui ai traduit; le premier est en arabe «Al-Qlaâ al muta'akila» (Les citadelles érodées), paru sous le titre de «Tighermin yemmeccen». Le second roman
«Pluies d'or» est publié sous le titre de «Igefran n wuregh». Les deux romans ont été traduits dans le cadre des ateliers de traduction qu'a organisés le Haut Commissariat à l'amazighité. Une initiative louable de la part de son secrétaire général M. Assad.

Et qu'en est-il de la traduction vers tamazight du «Petit Prince»?
«Le petit prince» est le premier texte que j'ai traduit en tamazight et qui a vu le jour grâce au Haut Commissariat à l'amazighité. Sa traduction répondait à une urgence: celle de l'absence de textes supports pour l'enseignement de tamazight. À l'époque, l'enseignant de tamazight n'avait aucun document pédagogique préparé par le MEN entre les mains. Il était contraint de tout confectionner, c'est pour pallier cette lacune que j'ai cru utile de traduire un si beau texte qui pourrait servir d'outil pédagogique pour l'enseignement de tamazight. Mais avec le recul, je constate qu'il faut revoir la traduction. J'aimerai bien qu'une autre personne le fasse.

Ce livre en tamazight n'est plus disponible, pourquoi ne pas le rééditer?
Il faut rééditer ce texte, parce qu'il y a une forte demande pour son acquisition pas uniquement en Algérie où beaucoup de personnes me le demandent, mais même à l'étranger. En effet, après sa publication, j'ai eu des demandes pour son acquisition des quatre coins du monde. Ses demandes émanaient des collectionneurs du livre «Le Petit Prince». J'espère qu'un éditeur prendra en charge sa réédition.

Parlez-nous de vos autres livres, sur quoi portent-ils?
Le gros de mes travaux porte sur la traduction en tamazight, je citerai à titre d'exemple: «La ferme des animaux» de George Orwell, «Le Banquet» de Mammeri, et dernièrement je viens de finaliser la traduction de l'ouvrage d'histoire du professeur Mohammed Chafik:«33 siècles de l'histoire des Imazighen». En plus de ces traductions qui sont maintenant au nombre de 10, j'ai publié également un ouvrage portant le titre de «La Kabylie dans les écrits français du XIXe siècle. Entre connaissances scientifiques et représentations idéologiques», ouvrage qui était initialement rédigé pour l'obtention d'un magister en langue et culture amazighes (option civilisation). Je travaille également sur le lexique amazigh, à cet effet j'ai publié chez «Tira» éditions un petit livre sur l'enseignement du lexique amazigh dans le cycle moyen (adlisfus amezyan i uselmed n tmawalt deg uswir alemmas). J'ai également un autre travail portant le titre de «Inventaire des néologismes amazighs» qui attend toujours d'être publié.

Vous êtes l'un des rares écrivains algériens à écrire dans les trois langues: tamazight, arabe et français, est-il facile de passer d'une langue à une autre, surtout quand il s'agit de travaux littéraires de haute facture?
La traduction est toujours un défi à relever. Garder le sens du texte source et essayer de «dire presque la même chose» pour reprendre Umberto Eco, n'est pas une chose aisée, peu importe le texte. Mais quand nous avons affaire à des textes littéraires d'une haute facture comme vous le dites, la tâche se corse plus. Il est vrai qu'il n'est pas aisé de passer d'une langue à une autre, mais ce n'est pas insurmontable non plus. Mes traductions sont là pour le démontrer.

Avec votre travail sur la terminologie d'histoire en tamazight et votre traduction de l'arabe de l'ouvrage de Mohammed Chafik «33 siècles de l'histoire des Imazighen», nous constatons que vous commencez à vous éloigner de la traduction des textes littéraires. Est-ce vrai ou c'est une simple impression?
Ce n'est pas une impression. L'histoire et tamazight sont mes deux amours! C'est grâce à l'histoire que j'ai pris conscience de mon amazighité. D'ailleurs, il y a un détail qu'il ne faut pas omettre, c'est que ma formation de base est une formation en histoire. J'ai une licence en histoire que j'ai obtenue en 1992 de l'université d'Oran. Travailler sur le domaine de l'histoire et traduire des ouvrages d'histoire en tamazight est une conséquence logique de ma trajectoire intellectuelle. Comme vous le savez déjà, ce genre de livres fait défaut en tamazight, c'est pourquoi qu'il faut traduire dans un premier temps.

Y-a-t-il des projets en ce sens?
Oui,«L'Histoire des Berbères» de Ibn Khaldoun.

Est-ce vrai que ce n'est qu'à l'âge de vingt ans que vous avez commencé à apprendre la langue amazighe, parlez- nous un peu de votre parcours exceptionnel?

Je ne vois rien d'exceptionnel dans mon parcours. J'ai eu uniquement la chance de trouver des gens qui m'ont aidé à réaliser ce que j'ai fait. Je pense ici à mes amis du Haut Commissariat à l'amazighité. Pour cette histoire d'apprentissage de la langue amazighe à un âge relativement tardif (24 ans), vous n'êtes pas le premier à s'en étonner. Je ne suis pas le premier à apprendre cette langue, à titre d'exemple je citerai le cas de Jean-Marie Dallet qui nous a légué un dictionnaire extraordinaire en kabyle; ce dernier n'a appris le kabyle qu'à l'âge de 33 ans!

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