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IL NOUS A QUITTÉS EN AVRIL 2016

Qui se souvient de Chabane Ouahioune?

Quelques jours avant le décès de l'écrivain Chabane Ouahioune, nous lui avons rendu visite chez lui, dans sa modeste maison, au village Tassaft Ouguemoun, juste après Ath Yanni. Chabane Ouahioune était, certes, physiquement malade et amoindri.

Mais, en dépit de la mort qui s'approchait, il n'avait rien perdu du sens de la répartie, mais aussi et surtout de son humour parfois caustique, celui qu'on retrouve dans la majorité de ses romans et de ses récits. Quelques jours après cette visite qui avait été précédée par tant d'autres, la nouvelle est tombée telle un couperet. L'auteur de «Tiferzizouith ou le parfum de la mélisse» est mort. Au début, nous avions cru qu'il s'agissait d'une énième rumeur. Car Chabane Ouahioune avait été donné pour mort à plusieurs reprises. Y compris par un journal très connu à l'époque.

Une mémoire phénoménale
On se souvient qu'avec le même humour, propre à cet écrivain modeste, il a concocté une mise au point pour confirmer qu'il était encore en vie avec la promesse qu'il réservera le scoop de son décès au même journal en l'y informant lui-même. Ce sont toutes ces qualités ajoutées à sa mémoire phénoménale qui faisaient qu'il se souvenait parfaitement de tous les moindres détails de tant d'événements ayant émaillé sa vie dense, ayant fait en sorte que le temps passait très vite quand on était en compagnie de Chabane Ouahioune. Il nous quitta le 4 avril 2016. Une semaine auparavant, les citoyens de son village Tassaft Ouguemoun avaient eu l'ingénieux réflexe de lui organiser un hommage sur place afin d'honorer cet écrivain qui était nourri d'un amour indicible pour la terre et la nature. Quelques temps auparavant, c'est la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou qui avait dédié son Salon national annuel du livre à Chabane Ouahioune. Son état de santé l'avait empêché d'être présent à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri ce jour-là, mais plusieurs amis à lui ont apporté des témoignages poignants sur sa vie et son parcours. Celui qui a écrit des centaines de lettres de Kabylie (chroniques publiées pendant des années dans des journaux algériens) a eu, en outre, une chance inouïe. Celle d'avoir été le premier lecteur d'un des plus beaux romans écrits par un auteur algérien. Il s'agit de «La colline oubliée».
La rencontre avec Mouloud Mammeri
Chabane Ouahioune racontait cette belle aventure à chaque fois que l'occasion se présentait. En effet, quand Mouloud Mammeri écrivait son premier roman, le hasard avait fait que ce dernier et Chabane Ouahioune étaient logés dans le même hôtel à Alger. Ils firent connaissance. Puis, Mouloud Mammeri avait demandé naturellement à Chabane Ouahioune de le lire à chaque fois qu'il terminait un chapitre de «La colline oubliée». Et bien sûr, de lui donner ses impressions en toute objectivité.

Un écrivain prolifique
Chabane Ouahioune s'adonna à cet exercice avec bonheur surtout quand on sait qu'entre le village de Chabane Ouahioune (Tassaft) et celui de Mouloud Mammeri (Taourirt Mimoun), il n'y a qu'un jet de pierre. Chabane Ouahioune, qui s'est toujours ressourcé dans sa terre natale et dans ses paysages féériques blottis au pied de la «Main du juif» près du Djurdjura, n'a pas cessé d'écrire jusqu'à ce qu'il ait bouclé ses quatre vingt-dix ans. Son dernier roman «L'aigle du Rocher» a été édité chez l'Enag en 2012. Il raconte, encore une fois, mais différemment, cette terre algérienne nourrie du sang des martyrs. Chabane Ouahioune, tout au long de son parcours d'écrivain, a publié entre autres: «La maison au bout des champs», «Les conquérants au parc rouge», «Tiferzizouith ou le parfum de la mélisse», «Parmi les collines invaincues»...
Chabane Ouahioune est également l'auteur d'un récit sur la guerre de Libération nationale à travers le parcours d'un maquisard. Le livre est intitulé «Itinéraires brûlants». En outre, Chabane Ouahioune a publié un ouvrage dont le thème est le racisme. Ce livre porte pour titre: «Ce mal des siècles». Chabane Ouahioune fait partie d'une génération d'écrivains ayant eu la chance et le privilège d'avoir pu être publié sous l'égide des maisons d'éditions étatiques dont la mythique Sned (Société algérienne d'édition de livres).
D'ailleurs, Chabane Ouahioune avait même officié dans cette maison d'édition en tant que lecteur-correcteur. Durant les quatre dernières années de sa vie, Chabane Ouahioune avait préféré troquer sa plume contre cette terre nourricière. Il a ainsi renoué avec le travail de la terre et l'entretien des plantes et des arbres. Une activité qu'il aimait beaucoup plus que l'écriture, nous avait-il confessé à maintes reprises. Cette même terre l'a accueilli en ce mois d'avril 2016. Pour l'éternité.

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