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75e Festival de Cannes

Vincent Lindon: «Le cinéma, cette arme d'émotion massive»

Whitaker est aussi présent en tant que président d'une fondation d'aide aux enfants du Darfour, du Yémen, d'Afrique du Sud, du Mexique, entre autres.

Une belle soirée d'ouverture, qui restera longtemps dans la mémoire des festivaliers, sevrés depuis plus de deux ans de ces moments magiques d'émotion partagée en communion, dans les différentes salles obscures qui accueillent chaque année plus d'une centaine de films inédits.
Et cette année la coïncidence a été des plus heureuses, puisqu'elle aura fait se côtoyer deux remarquables figures du cinéma, le Français Vincent Lindon, président du Jury et l'Américain Forest Whitaker, Palme d'Honneur pour l'ensemble de sa carrière, toujours en cours, heureusement. Le massif acteur-réalisateur noir américain, tremblant presque d'émotion, a dit son bonheur d'être reconnu de si belle manière par le festival de Cannes qui l'avait déjà récompensé du Prix d'interprétation masculine dès sa première apparition sur la Croisette, en 1988, aux côtés de son réalisateur Clint Eastwood venu présenter «Birdy», un émouvant hommage au grand Charlie Parker. Aujourd'hui, Whitaker est aussi présent en tant que président d'une fondation d'aide aux enfants du Darfour, du Yémen, d'Afrique du Sud, du Mexique, entre autres.
À peine, le temps de contenir son émotion, que débarque tremblant comme une feuille d'olivier, Vincent Lindon, qui avoua avoir choisi d'écrire son texte pour pouvoir être sûr de le lire jusqu'au bout. «Il serait sans doute logique, ou en tout cas humain, de laisser éclater ma joie d'être devant vous ce soir pour présider la 75e édition d'un festival hors normes, le plus grand festival de cinéma du monde, de célébrer l'événement et de jouir, sans entraves, de l'honneur qui m'est fait. Mais en ai-je le droit?»
Lindon parle, déclame presque, comme une profession de foi, ses mots qui rappellent que cet acteur, aux poings serrés dans les poches, descend d'une lignée de gens engagés, dont le plus familier pour les Algériens, restera Jérôme Lindon et ses «Éditions de Minuit», qui virent saisis plus du quart des 23 livres consacrés au combat des Algériens et de leurs compagnons de route français, contre le colonialisme français. (...) «Ne devrait-on pas évoquer depuis cette tribune, qui concentre pour un temps tous les regards du monde, les tourments d'une planète qui saigne, qui souffre, qui étouffe et qui brûle dans l'indifférence des pouvoirs? Oui, sans doute. Mais que dire, sinon de neuf ou au moins d'utile? (...) Doit-on user de sa notoriété, aussi modeste soit-elle, pour porter haut et fort la parole des sans voix? Ou, au contraire, refuser d'exprimer publiquement notre position dans des domaines où nous n'avons ni légitimité et compétence particulière? Je n'ai pas la réponse.» Vincent Lindon finira par esquisser, quand même un début de réponse s'agissant de la culture: «La culture n'est pas une aimable excroissance ni un futile ornement de la société. Elle n'est pas en marge. Elle en est le centre et en sera le vestige» Et au comédien français de conclure par une sorte d'interrogation: «Pouvons-nous faire autre chose qu'utiliser le cinéma, cette arme d'émotion massive, pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences? Je ne l'imagine pas.».
Et c'est au film d'ouverture «Coupez!» de Michel Hazanivicius, d'en apporter, juste après cette cérémonie, un début de réponse avec un film kamikaze, aussi désopilant que déroutant. Partant d'une commande japonaise, un film de zombies, tourné en un seul plan séquence et retransmis en direct sur une plateforme nippone. Un mauvais film dans un film, un pari risqué, voire culotté, car le spectateur pouvait détaler au bout d'une demi-heure de très mauvais cinéma, qui se révèlera, en fait, être une sorte de making of d'un film bancal qu'il fallait mener à terme, selon les exigences du contrat signé avec une vieille productrice japonaise, sortie directement d'un manga.
Et comme l'auteur de «The Artist» (cinq Oscars en 2012) est en passe de devenir maître dans la technique dite du «recyclage», le reste fut presque un jeu d'enfant, ou, pour être plus explicite, un jeu pour (grand) enfant. Et presque en écho aux propos de Vincent Lindon, l'auteur de «Coupez!» réalisera qu'au final, du film de potache tiré d'un court film fauché, japonais, il en a tiré une réflexion sur le rapport à «l'intégrité et aux concessions». Et c'est l'enjeu de ce festival placé, plus que jamais, sous surveillance, par ceux qui voudraient faire plus de l'entrisme, comme les plates-formes américaines, par exemple...

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