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Hacène Menouar, à propos de la gestion et de la réduction des inondations, à L’Expression

«Nous sommes tous concernés»

Dans l'entretien qu'il nous a accordé, au lendemain des inondations ayant réveillé chez les Algériens la peur du catastrophique déluge de Bab El Oued de 2001, Hacène Menouar, président de l'Association de protection du consommateur El Aman, fait appel à sa qualité d'architecte pour souligner qu'«un renouvellement urbain s'impose comme solution pérenne, nécessaire et inévitable».

L'Expression: En tant qu'architecte de formation, quel constat faites-vous à propos des facteurs qui aggravent le risque d'inondation?
Hacène Menouar: Ce qui s'est passé à Alger, et dans d'autres villes du pays, n'est rien qu'une alerte. Le bilan de la catastrophe déplore la mort d'un enfant emporté par les eaux en crue d'un oued à Mila, et des dizaines de personnes sauvées in extremis par les agents de la Protection civile que je salue au passage. D'importants dégâts matériels ont été également constatés. Si la pluie avait continué de tomber ce bilan aurait pu être plus lourd, car le réseau d'assainissement est sous-dimensionné. Ajoutons à ceci l'insuffisance de l'entretien de ce dernier. De surcroît, nous assistons à la poursuite des opérations d'urbanisation importantes au niveau des zones qui sont signalées inondables. L'architecture du tissu urbain de la capitale, par exemple, n'est pas adaptée aux risques d'inondation. Elle est érigée sur une pente. Nous avons «comme par miracle» frôlé la catastrophe de justesse.

Comment juguler ces risques? Que faire de cette urbanisation héritée?
Il faut revenir aux méthodes de nos ancêtres. Les villages s'implantaient en hauteur des montagnes pour ne pas être inondés. Cette question doit être, justement, posée dans un cadre exemplaire, par les autorités concernées. Cela vu que les politiques d'aménagement du territoire ont un impact direct sur les dégâts causés par les inondations. Ce dossier doit être pris très au sérieux, car, comme le soulignent les scientifiques l'Algérie est appelée à faire face à une multiplication des épisodes météorologiques violents, qui sont dus au réchauffement climatique. En d'autres termes, un renouvellement urbain s'impose comme solution pérenne, nécessaire et inévitable.
Ce n'est pas demain la veille, certes, puisqu'il faut d'abord mesurer le coût de cette opération, avoir les moyens et rassembler les solutions possibles pour le faire, à long terme. En attendant, je note que d'autres méthodes et mesures sont à prendre et à employer en urgence pour lutter contre le phénomène des inondations. Le débouchage et le curage des avaloirs afin de nettoyer les canalisations en profondeur et assurer un écoulement continu des eaux, est une mission qui doit être accomplie par les collectivités locales. L'été demeure le moment propice pour le curage des avaloirs. Cette méthode est pourtant connue, mais, hélas et comme chaque année on attend toujours de voir les piscines à ciel ouvert se former pour faire «bouger les choses!».


Existe-t-il d'autres solutions à mettre en place en urgence pour lutter contre les inondations?
Une coopération concrète et une responsabilité bien partagée sont indispensables pour lutter contre ce phénomène. Il faut revenir à la réglementation en vigueur. Les textes de loi existent, mais ils restent lettre morte. Ces derniers sont vraiment utiles, car ils sont vraiment très détaillés, comme par exemple la loi exigeant le conditionnement et le transport des matériaux de construction comme le sable, gravier, granulat, béton, mortier, etc. L'application de cette dernière nous évitera de voir des déchets en moins à l'intérieur des avaloirs. Cependant, elle est bafouée comme c'est le cas du reste des règles d'urbanisme.
En parlant de textes de loi, je profite de cette occasion pour estimer qu'il est nécessaire de réfléchir à créer une nouvelle loi pour sanctionner l'indiscipline et l'incivisme des citoyens.

Quels secteurs peut-on impliquer dans la lutte contre les inondations?
Tout le monde dans le pays peut faire quelque chose. La lutte contre les inondations passe par le regroupement des services et le partage des responsabilités. L'Algérie possède un moyen très sophistiqué qui, n'est malheureusement pas exploité. Il s'agit du satellite Alcoomsat 1. Les données de cet outil technologique qui peut mieux protéger les populations, doivent être exploitées pour l'élaboration d'une réelle politique de gestion de prévention des risques. Je pense également que, même les historiens ont un rôle à jouer, car les entreprises chargées de la réalisation des chantiers de construction ont tendance à oublier les dangers, puisqu'il n'y a pas eu de crues catastrophiques pendant de longues années dans telle ou telle région. Le secteur de la santé doit également être inclus dans cette lutte, puisque les inondations peuvent accroître les risques de maladies sur la santé des sinistrés. Cela nous impose de souligner, logiquement, la nécessité de mettre en place une vraie politique de gestion des déchets, notamment industriels.

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