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Noureddine Djoudi, ancien diplomate et représentant de la révolution à Londres, à L’Expression

«Les Palestiniens gagneront la guerre»

Moudjahid de la première heure, Noureddine Djoudi revient dans cet entretien sur les origines du 1er Novembre et affirme voir dans l'actualité palestinienne du moment des similitudes avec la révolution algérienne.

L'Expression: À 69 ans de distance, le peuple palestinien vit des circonstances aussi terribles et fait montre d'héroïsme. Que vous inspire l'actualité palestinienne du moment? Vous rappelle-t-elle la guerre de Libération nationale?
Noureddine Djoudi: J'ai eu l'occasion de parler, pas plus tard qu'hier avec un groupe de Palestiniens. Nous avons discuté de leur révolution et de la nôtre. La proximité de ce qui se passe à Ghaza avec le 69e anniversaire du 1er Novembre 1954 n'a échappé à personne. Il faut savoir que la révolution algérienne est basé sur des principes universels. De fait, l'idée est d'être aux côtés de tous les peuples sous domination coloniale. Aujourd'hui, les Palestiniens qui ont compris le message de la révolution algérienne, sont en train de suivre la même voie. Le déclenchement de l'action armée contre l'État sioniste est la démonstration d'un peuple qui se révolte et est capable de gagner la bataille quelle que soit la puissance de l'armée coloniale. Je pense que c'est cet esprit qui anime la résistance palestinienne. Et lorsque le président Tebboune a réuni les factions de cette résistance, c'était pour consacrer l'unité des rangs. Laquelle est nécessaire aux Palestiniens pour arracher leur indépendance. L'initiative du chef de l'État a inquiété les Israéliens. D'autant qu'il a affirmé que «les Palestiniens ne sont pas des terroristes, ce sont des combattants et des résistants». C'est une réponse à la tentative de l'État sioniste qui concentre son tir sur Hamas et Ghaza.

Concernant le 1er Novembre 1954, pensez-vous que les circonstances politiques locales et la donne internationale à la veille du déclenchement de la révolution algérienne ont été déterminantes?
À l'époque, selon la propagande française, l'Algérie n'avait pas d'existence. Il considérait qu'au Maghreb, il y avait deux États, le Sultanat du Maroc et l'État de Tunisie, tous deux sous protectorat. Il fallait tenir compte de cette propagande avant de déclencher la révolution et la combattre au plan international. Il était important de faire connaître notre pays, dont le passé est riche et plusieurs fois millénaire. Il faut dire aussi que les tentatives françaises d'abattre la résistance en éloignant le leader politique a paradoxalement contribué à leur formation politique et à leur prise de conscience du fait que de nombreux peuples vivaient le même joug colonial. Les déportations ont eu ceci d'intéressant est qu'ils ont fait converger les luttes. Messali El Hadj a été exilé à Brazzaville et bien d'autres responsables ont été déportés ailleurs en Afrique et en Asie. J'ai moi-même eu à visiter le cimetière des héros algériens dans la deuxième ville de Madagascar. Et puis, il y a eu le début de l'effondrement de l'empire colonial avec la défaite de Diên Biên Phu. Tous ces facteurs ont, à des degrés divers planté le décor. D'un autre côté, lorsqu'on se situe à quelques années avant le déclenchement de la révolution, au plan interne, l'action politique ne semblait pas produire ses fruits. Les partis algériens qui agissaient dans le cadre du système politique colonial étaient disqualifiés par la féroce répression des manifestations du 8 mai 1945. Il ne restait que l'option de la lutte armée pour libérer la patrie.

La maturité du Mouvement national est cité par les historiens comme un facteur essentiel dans le passage à l'action armée? Certains parlent de génération exceptionnelle. Quelle est votre appréciation?
Cette appréciation est assez proche de la vérité, sachant que les hommes qui ont pris la décision de déclencher la révolution armée, ont procédé à une analyse profonde de la situation de l'Algérie depuis 1830. Le résultat a été que les résistances qui ont émaillé l'invasion française ont échoué en raison de leur caractère régional. À commencer par le fondateur de l'État moderne algérien, l'Émir Abdelkader qui a fédéré les Algériens de l'Ouest et du Centre. Le même constat est à faire pour l'ensemble des autres révoltes anti-coloniales. Aussi, la nécessité de déclencher un mouvement national qui n'écarte aucun territoire s'était imposé aux dirigeants de la révolution. L'appel était adressé à tout le peuple. Le FLN et l'ALN se devaient d'être l'incarnation de la volonté d'indépendance de tous les Algériens. Cette approche a constitué l'une des clés du succès de la révolution de novembre 1954.

Le peuple algérien a été un véritable héros dans la guerre de Libération nationale...
Il est clair, et c'est aussi là le génie des dirigeants de la révolution, que le peuple est l'acteur central et incontournable. Sa volonté d'indépendance est au centre du combat libérateur. Cette conviction, tient aussi à des aspects pratiques, à savoir que compte tenu de la nature de la colonisation française et le niveau de son armement, l'ALN n'avait aucune chance dans une guerre classique. Il n'était pas possible en Algérie d'obtenir un scénario comparable à celui de Diên Biên Phu. La principale arme des Algériens était leur fort désir de liberté.
À côté de cette résolution qui consiste à se battre avec les armes du peuple, il a été préconisé la mise en place d'une diplomatie de guerre, conduite par un groupe de jeunes, dont la mission essentielle était d'éclairer l'opinion internationale. Ces jeunes-là s'appuyaient sur la détermination du peuple algérien.

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