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L’Algérien et le trouble de l’identité vestimentaire

Notre code vestimentaire n'est pas sans sens. Tout ce que nous portons comme vêtement est un code sociétal. L'habit a sa mémoire. Il parle et nous parle, comme un être vivant. Il est un discours social, politique et religieux. Tout vêtement dégage une idéologie. Rien n'est innocent.
La nation, n'importe quelle nation,avec fierté, porte une partie de son histoire, bien écrite, parfaitement sauvegardée dans les détails du code vestimentaire de ses femmes et de ses hommes.
En répondant à une question concernant les frontières du pays des Amazighs, Ibn Khaldoun a dit: «Le pays des Amazighs commence là où on mange le couscous et se termine là où on porte le burnous.» Dans ce propos ibn Khaldou nnous éclaire sur le rapport solide qui existe entre l'identité et l'art culinaire d'une part et l'art vestimentaire d'autre e part.
L'habit fait le moine!
Par les temps qui courent, on constate, dans nos grandes villes, dans nos villages ou dans nos campagnes, que l'Algérienne et l'Algérien ont perdu leur référence identitaire vestimentaire. Notre code vestimentaire est profané.
On ne peut pas distinguer un Algérien par son habillement. Les Algériens se sont métamorphosés. Depuis les années 80, ils ont commencé à adopter d'autres identités vestimentaires.
Le chaos dans le code vestimentaire algérien reflète un trouble d'identité.
L'Algérien s'habille comme l'Afghan, à Oran, à Béjaïa comme à Béchar...Sans gêne il porte une abaya doublée d'une veste en cuir, au travail, à l'école, à l'université, dans un laboratoire agroalimentaire ou de médicaments!
L'Algérien, le jour de l'Aïd ou pendant les fêtes religieuses, s'habille comme le Saoudien. Il pense que porter ce vêtement étranger le rend musulman de première catégorie, plus proche d'Allah que vêtu de ses habits locaux.
Les femmes algériennes ont été turquisées! Elles s'habillent toutes ou presque en mode vestimentaire islamique turque.
La robe kabyle qui est le symbole d'une civilisation ancestrale de notre pays a été travestie. Elle a été idéologisée, islamisée. On dirait que nos grand-mères qu,i jadis, la portaient dans son originalité, n'étaient pas musulmanes. Que la vraie religion, la nouvelle, a débarqué chez nous avec l'idéologisation de cette belle robe fleurie.
La majestueuse abaya féminine targuie, elle aussi, a été déformée. On lui a inculqué une nouvelle idéologie importée qui l'a déviée de son histoire et de sa mémoire millénaire.
C'est triste et révoltant
Il suffit de revisiter quelques photos qui circulent sur les réseaux sociaux pour voir le fond de l'abîme vestimentaire, la transformation vertigineuse de l'habit du citoyen algérien. Une simple comparaison entre le costume de nos maîtres et de nos maîtresses d'école des années 70 et celui d'aujourd'hui nous donne une idée sur l'étrange transformation idéologique et civilisationnelle qui a secoué la gent scolaire. En analysant ces pellicules, nous nous rendons compte que nous sommes devant deux phénomènes appartenant à deux époques éloignées.
Que nous sommes face à des personnes vivantes dans deux galaxies.
Souvent, au nom de l'idéologie extrémiste importée, on chasse la beauté se trouvant dans les habits pour femme ou pour homme. Et au nom de cette même idéologie on impose la laideur comme signe d'une pseudo-pudeur, pseudo-chasteté.
Et au nom de la civilisation occidentale, les jeunes portent des pantalons qui leurs tombent sur les fesses!
C'est abject et révoltant
Et dans cette guerre idéologique féroce menée contre la beauté vestimentaire, contre le code vestimentaire national, la femme est la première victime. Si on veut dénaturer une société, il faut commencer par la transformation du code vestimentaire féminin.
Dieu est beau et aime la beauté
Et au nom de cette même idéologie mortifère, et afin de sauvegarder la piété de l'homme dans la rue on a interdit le parfum aux femmes!Une femme parfumée qui traverse la rue, pour aller à son travail, pour aller faire les courses, est l'incarnation du Satan. Elle perturbe la foi limpide de cet homme adossé à un mur aveugle! Dans le parfum habite Satan! Et la femme parfumée provoque une excitation chez l'homme!
On voile la femme au détriment de son identité vestimentaire correcte et décente, parce que son corps est capable d'embrouiller la piété de ce pauvre homme dont la foi est fragile!
Les grands Hommes, avec un H majuscule, ceux qui ont fait la grande guerre de libération à la colonisation française sauvage, ceux qui ont arraché par leur sang noble l'indépendance, ceux qui ont construit l'État-nation, avaient toujours à leur côté des femmes habillées normalement, à l'image de Hassiba Ben Bouali, Malika Gaïd, Saliha-Zoubida Ould Kablia, Djamila Bouhired, Zahra Drif, Djamila Boupacha, Assia Djebar, Zehour Ounissi... Et ces Hommes, avec un H majuscule, étaient des musulmans pratiquants sans démagogie et sans wahhabisme.
La nation, qu'elle soit du sud ou du nord, peu importe, dont les enfants ne défendent pas l'identité vestimentaire, est une nation en perte de son histoire, de sa culture. La nation dont le citoyen ne respecte pas le code vestimentaire est une nation menacée dans ses repères symboliques.
De plus en plus, l'Algérien s'éloigne de lui-même pour devenir un autre, un étranger.Il se déteste pour aimer un autre en lui!
Sans toucher à la vie privée du citoyen, sans entraver sa liberté individuelle, comment peut-on arrêter cette violation dangereuse que subit notre identité à travers la négligence et l'indifférence envers notre code vestimentaire varié et riche?
Il faut un grand musée destiné à l'art vestimentaire algérien afin que les nouvelles générations prennent conscience de leur patrimoine riche et varié. Un appel au ministère du Tourisme; il faut la création des prix pour encourager les artisans de la robe locale kabyle, targuie, oranaise, l'mlaya constantinoise, le burnous, la djellaba d'Ouled Naïl.
Il faut, que le ministère de l'Éducation impose un règlement intérieur pour le respect du code vestimentaire national, chez les enseignants en créant, par exemple, un«chèque-vêtement» afin d'aider à changer l'image de l'instit aux yeux de ses élèves.
Et l'habit fait le moine.

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