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Pourquoi le film Rabbi Jacob n'a pas été diffusé en Algérie?

«La révolution est comme une bicyclette: quand elle n'avance plus, elle tombe. Eddy Merckx! Non, Che Guevara.» Répliques de Mohamed Larbi Slimane Les aventures de Rabbi Jacob

A l'occasion du 30e anniversaire de la disparition de Louis de Funès, un comique très célèbre et très apprécié en Algérie puisque après «Al Rissala», ses deux films «La grande vadrouille» et «Le Corniaud» sont les films les plus rediffusés à la télévision. Et pourtant il y a un film très connu de Louis de Funès qui n'a jamais été diffusé ni au cinéma ni à la télévision algérienne: Rabbi Jacob, et cela pour deux raisons bien précises: le titre mettant en vedette un rabbin, ce qui était mal vu sur le plan religieux. L'Algérie était sensiblement attachée à mettre en évidence la religion musulmane et éviter le plus possible de mettre en exergue les autres religions monothéistes. Cela n'empêche pas la télévision algérienne de montrer des communions juives et le shabbat comme on le voit dans le film de Sergio Leone «Il était une fois l'Amérique». Cela dit, deux films vantant la religion juive ne sont pas diffusés sur l'Entv, même ils sont très comiques: «Rabbi Jacob» et surtout «La vérité si je mens», qui met en vedette un certain Enrico Macias. Mais pour le film «Rabbi Jacob», le problème n'est pas seulement religieux, il est également politique. En effet, le film qui est sorti deux semaines avant la guerre du Kippour qui opposait les pays arabes et Israël, le 6 octobre 1973, évoque le règlement de comptes entre les membres d'une police d'État d'un pays arabe (sans le nommer, mais il est clair que cela concerne l'Egypte qui était en guerre contre Israël) et un dissident politique, Mohammed Larbi Slimane. Mais dans le film, Slimane se déguise en assistant du Rabbin Jacob (soigneusement joué par Louis de Funès) pour échapper à ses poursuivants. Ces derniers sont entraînés, malgré eux, dans une cérémonie juive rue des Rosiers, dans le Pletzl à Paris. Ce que les gens ne savent pas c'est que le jour de la sortie du film, le 18 octobre 1973, Danielle Cravenne, la femme de Georges Cravenne, (le publicitaire du film et surtout créateur des Césars du cinéma français), détourne le vol Air France Paris-Nice. Elle a menacé de détruire le Boeing 727 si le long métrage, dont elle juge la sortie intolérable au vu de la situation internationale et qu'elle considère «anti-palestinien» n'est pas interdit. Armée d'une carabine 22 long rifle et d'un faux pistolet, la jeune femme accepte que l'avion se pose à Marignane pour ravitaillement avant de repartir vers Le Caire. Sur place, au cours d'un échange de coups de feu, Danielle Cravenne est atteinte à la tête et à la poitrine. Le film est aussi une manigance de Gérard Oury qui est connu pour son imposture cinématographique. Pour l'enlèvement de Slimane dans un café parisien (Les Deux Magots) il s'est inspiré de l'enlèvement de l'homme politique marocain Mehdi Ben Barka devant la brasserie Lipp en 1965. L'un des protagonistes de l'affaire s'appelait «Benslimane». D'ailleurs, l'un des comédiens du film le surnommait «the thief of bad gags» (le voleur de mauvaises plaisanteries), jeu de mots sur le titre du film «the Thief of Baghdad» (le Voleur de Bagdad), et ce sobriquet est déjà utilisé à plusieurs reprises aux États-Unis pour désigner des comiques ayant volé quelques répliques à leurs confrères. Ce film qui est le plus montré par les télévisions françaises est en réalité un film de propagande anti-arabe en plein guerre du Kippour. L'Algérie qui distribuait de nombreux films français à l'époque n'avait jamais accepté de diffuser ni dans les salles, ni à la cinémathèque et en encore moins à la télévision, l'un des films le plus controversé de Louis de Funès et surtout de Gérard Oury.

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