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Avant-première de Larbi Ben M’hidi à l’Opéra d’Alger

Chronique d’un triomphe annoncé

«Voilà ma réponse à ceux qui affirment que mon film diffame l’histoire. Vous l’avez constaté par vous-mêmes, de vos propres yeux, qu’il n’y avait rien de grave !», dira tout de go le réalisateur sur scène.

«J'espère que ce film sera soutenu et distribué dans le monde entier. On sait qu'en ce moment c'est très difficile. Le monde a changé eu égard avec ce qui s'est passé à Ghaza, en Palestine. Maintenant on se méfie des films qui abordent l'anticolonialisme. Au public de le voir maintenant...» a indiqué, sur la scène de l'opéra d'Alger, lundi soir, à l'issue de la projection en avant-première, le cinéaste Bachir Derraïs devant une salle archicomble, tout en saluant la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, qui a été pour beaucoup, selon lui, dans le déblocage de la situation de «censure» qui pesait sur le film durant près de cinq ans. «C'est elle qui a tout porté sur son épaule, sans elle, le film n'aurait pas vu le jour». a-t-il estimé. Cette projection, organisée dans la hâte, faut- il le noter, a voulu coïncider, précise t-on, avec la date du 4 mars, en commémoration du 67ème anniversaire de l'assassinat du chahid Mohammed Larbi Ben M'hidi. À cette occasion, l'opéra d'Alger était sous haute surveillance, en présence des hautes autorités du pays afin d'accueillir comme il se doit cette projection, tant attendue après plusieurs années de blocage...Sur scène, Bachir Derraïs, ému, qui tiendra à remercier tout ceux qui l'on aidé à faire ce film, saluera aussi Drifa la soeur de Ben M'hidi, même si, avoue t-il, «elle n'était pas contente...». Et de faire monter sur scène les acteurs principaux du film. À notre question, à la fin de la projection, à Laid Rebigua, ministre des Moudjahidine, à savoir pourquoi le film a tardé à sortir?
«Une personnalité exemplaire»
Ce dernier nous répondra: «Je considère qu'une production sur une personnalité telle que Mohamed Larbi ben M'hidi, si elle met un, deux ou plus ça les vaut, car c'est une personnalité historique véritablement exemplaire. J'estime que même ce film historique ne couvre qu'une facette des multiples aspects, avec ses différentes approches. Donc si cela prend du temps, cela ne fait rien, cela mérite d'être à la hauteur de cette personnalité historique». Pour Khaled Benaïssa, la «première qualité de Larbi Ben M'hidi était sa modestie, il mettait l'Algérie avant tout. Il jouait sur la fédération. C'est pour cela qu'il a été l'homme qu'il était. (...) la première fois qu'on m'a dit que je tiendrai le rôle de Larbi ben M'hidi, j'ai eu peur, j'ai craint de ne pas assumer pleinement cette responsabilité. Mais avec le travail, la peur est partie(..) Si cela s'est retardé ce n'est pas grave, chaque chose en son temps!», dira le héros du film, Khaled Benaïssa. À propos des raisons de ce retard justement, Bachir Derraïs dira qu'elles sont multiples, arguant «le départ des deux anciens ministres de la Culture. Ce film a été retardé en 2018. Il y avait un autre ministre de la Culture, un autre des Moudjahidine et un autre président de la République. Après, il y eut le Hirak...La première commission de lecture est également partie. Celle qui est arrivée est plus souple. (...) On n'a pas enlevé grand-chose. Même pas deux minutes. On a jugé une scène, avec Ben Bella, un peu violente, on l'a raccourcie.»
Et de confier: «Le cinéma c'est avant tout l'émotion. J'estime avoir fait le maximum pour satisfaire le public. J'ai été très honnête. Je ne pense pas avoir triché. J'ai mis tout les moyens nécessaires pour la réussite du film. On a construit des studios. On a été là où il y avait des studios. On a importé de vraies tenues et les accessoires de l'époque. J'ai été très exigeant. Cela nous a coûté cher, ce qui n'a pas plu à certains, mais un film c'est de l'argent. Quand il s'agit d'un film d'époque, il faut beaucoup de moyens. Ce film a coûté environ trois millions de dollars. C'est le budget moyen d'un film en Europe. Hors la loi et Ce que le jour doit à la nuit ont coûté six fois plus.
Le film Ben M'hidi est un film d'époque, donc il ne vieillit pas. Maintenant, on va s'attaquer au cycle traditionnel, c'est-à-dire sa distribution, notamment dans les festivals» a conclu Bachir Derraïs, satisfait. Il soulignera, par ailleurs, que son film est «une histoire humaniste avant tout, ce qui permet au spectateur de s'attacher au long-métrage. L'histoire seule ne peut vous faire un film. On n'a pas le droit, certes, de falsifier l'histoire, de mentir, mais de l'embellir, si. C'est aussi cela le propos, le rôle même du cinéma.» Et d'ajouter: «Cent pour cent des décors ont été construits ou reconstitués, à part la Casbah, le reste, 90%, a été reconstitué dans des studios.». Au sujet, des témoignages vivants recueillis, Bachir Derraïs soulignera: «J'ai eu la chance, à l'époque, de rencontrer des amis de Larbi Ben M'hidi, notamment Brahim Chergui, qui était toujours en vie, Hachemi Troudi, Zohra Drif, etc.
«Le cinéma, c'est l'émotion d'abord»
Rappelons que le long- métrage Ben M'hidi, dédié à la vie et au parcours de ce grand martyr de la Guerre de Libération nationale, a reçu en 2022, l'approbation de la commission mixte, mise en place par le ministère de la Culture et des Arts et celui des Moudjahidine et des Ayants-droit, après la levée de toutes les réserves émises sur ce film. Annonce après annonce de sa «libération», l'on finissait par ne plus par y croire! Adapté au cinéma par Abdelkrim Bahloul, il est bon de rappeler enfin que ce film a été réalisé d'après un scénario écrit par Mourad Bourboune et basé sur de nombreux témoignages de compagnons de Larbi Ben M'hidi et de sa famille. En Algérie, le long-métrage a été tourné à Alger, Lakhdaria, Biskra, Béchar, Béjaïa et Tlemcen. 30% du tournage restant ont été en outre effectués dans les studios Cartago Films, du célèbre producteur Tarek Ben Ameur, en Tunisie, où l`équipe du film a reconstitué les décors des années 1940. Avec un budget de près de 520 millions DA, débloqué à parts égales par les ministères de la Culture et des Moudjahidine, ce projet a également bénéficié de financements accordés par des opérateurs économiques algériens «publics et privés». Côté casting, on retrouve Khaled Benaïssa dans le rôle phare de Larbi Ben M'hidi, aux côtés d'autres acteurs tels Samir El Hakim, Mourad Oudjit, Nidhal El Melouhi, Fethi Nouri, Souha Oulha, Mohamed Frimehdi, Youcef Sehaïri, Idir Benaybouche, etc. Le film retrace la vie de Larbi Ben M'hidi depuis son enfance, jusqu'à son arrestation où il est pondu après avoir été torturé.
Le film à l'allure d'un drame policier, suit la trajectoire du FLN et les frictions qui pouvaient exister entre les différents mou-
djahidine, tels notament
Abane Ramdane, Benyoucef Ben Khedda, Krim Belkacem, Didouche Mourad, Mohamed Boudiaf... du déclenchement de la révolution le 1er Novembre au congrès de la Soumam, etc prouvant leurs forts caractères.
Un seul héros: le peuple, le public
Le film, relève aussi les divergences d'opinions qui pouvaient exister entre eux, comme n'importe quelle personne, y compris entre une bande d'amis et c'est ce qui rend ce film enfin «vrai» et authentique, qui diffère, ainsi, des autres films historiques souvent «lisses», trop plats et au final, invraisemblables. Voulant montrer tout le contraire, Bachir Derraïs a choisi de dévoiler des personnalités qui ont des idées politiques bien assumées, qui doutent parfois mais qui savent les imposer quand il est nécessaire et ce, pour arriver coûte à coûte à l'indépendance, le seul idéal de ce point de non-retour du FLN, quitte à faire parfois le mauvais choix...
Ainsi, nous faisons aussi connaissance avec Larbi Ben M'hidi, de son enfance et sa hardiesse à monter à cheval et à jouer au théâtre quelques années après, à rencontrer une belle jeune femme à qui il promet le mariage...
En résumé,, un jeune homme ordinaire mais mu par un désir extraordinaire à libérer son pays, ce qui n'est pas incompatible. Et c'est cela que Bachir Derraïs à tenté de démontrer, en donnant à voir des hommes avec des ressentis et surtout des motivations sans failles, et pourvus, pour la plupart du désir de vaincre le colonialisme et de voir leur pays un jour libre et indépendant. Une projection qui a été, note-t-on, marquée par de nombreux youyous et de plusieurs salves d'applaudissements dans la salle, durant même sa projection.
Là, on peut dire, enfin, que Ben M'hidi.....est enfin libre de circuler!

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