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Gebran Tarazi entre à l'Esba

Des livres d'art offerts à l'Algérie

Célèbre artiste libanais, dont le fils fait don d'un important lot de livres de son père, Gebran Tarazi, à la bibliothèque de l'Ecole supérieure des beaux6 arts.

Un geste généreux qui scelle l'échange et permet d'enrichir les liens entre les deux pays, nonobstant, le fait que cela soit aussi une belle documentation qui est fournie généreusement à des étudiants. Un geste fait par le fils de l'artiste, qui a choisi de rendre hommage à son père en faisant rayonner son art et son savoir critique en matière d'art contemporain et sa vision des choses sur le monde et la peinture....Il est bon de noternen effet, que Gebran Tarazi est un artiste libanais de premier plan, bien qu'encore largement méconnu, dont les recherches sur l'abstraction géométrique. Ses peintures aux formes labyrinthiques s'inspirent du motif traditionnel du Qayem-Nayem. Tarazi est également auteur du roman « Le Pressoir à olives» qui fait écho aux recherches menées par le Nouveau Roman. Exposé principalement à Beyrouth, l'artiste a fait l'objet d'une grande rétrospective de ses oeuvres à la villa Audi en 2012. Né à Damas en 1944 dans une famille d'antiquaires depuis quatre générations, Gebran Tarazi a passé la majeure partie de sa vie entre le Maroc et le Liban. Il entreprend des études juridiques avant de diriger à Beyrouth un atelier de boiseries peintes damascènes, puis de s'engager, en pleine guerre du Liban, dans les voies complémentaires de l'écriture et de la peinture. Deux thèmes nourrissent sa réflexion: de quel sens est porteur l' «Orient» quand on vit sur les rives Sud et Est de la Méditerranée? Comment revitaliser les cultures en perdition d'un monde assailli par la planétarisation? Gebran Tarazi avait passé son enfance au Maroc dans une ambiance très vieille France et catholique et à la fois très multiculturelle et plurireligieuse. Il prendra le surnom de Sidi Gaby en famille un surnom que lui donna un ouvrier marocain de la famille à Rabat. Gebran Tarazi a aussi une licence en droit de l'université Saint-Joseph de Beyrouth sous le nom de Gabriel Tarazi. Pendant la guerre civile libanaise atroce, son grand-père Alfred refusa de quitter Beyrouth. Ce fut une période très douloureuse car les dangers le hantaient et le travail du bois traditionnel arabe qui lui était imposé l'empêchait de poursuivre sa carrière d'écrivain et romancier.

La philosophie géométrique de l'artiste
À la fin de la guerre civile, il quitte Beyrouth et s'installe à Ballouneh avec de nombreux traumatismes dûs à la guerre. Sa dernière aventure dans l'artisanat se transforme rapidement en une nouvelle expérience dans l'art contemporain; cette énergie créatrice le libère de ses douleurs. Un petit module rectangulaire joliment dessiné par Gebran Tarazi avec à l'intérieur une arcade est moulu en métal et cuivre pour construire des miroirs et coffres orientaux en bois en utilisant ce module verticalement à répétition. Très vite la possibilité d'utiliser ce même module dans un mouvement tournant à l'intérieur d'un carré c'est-à-dire deux modules horizontaux et deux verticaux sous le nom de Qayem-Nayem lui donne des possibilités infinies. Ce motif universel est rapidement développé en philosophie géométrique par Gebran Tarazi. La frontière demeure floue entre l'artisanat initial et l'art contemporain, cette dialectique est à la fois la richesse infinie de Gebran Tarazi et un problème difficile à gérer et communiquer car il se revendique de l'art contemporain et de l'orientalité et certaines fois de l'arabité plutôt que de la tradition familiale ancestrale qu'il ne peut pas néanmoins occulter. Quant à la convergence avec l'art islamique ou certains aspects de l'art islamique, Gebran Tarazi affirme qu'il est un arabo-chrétien et préfère se rallier aux grands de l'art moderne. Cependant pour certains critiques d'art, bien que Gebran Tarazi est un artiste chrétien, l'appellation art islamique donnée par les chercheurs occidentaux à cet art pour une période historique et politique et non pas nécessairement théologique est une piste à exploiter pour l'étude d'une version contemporaine de l'art islamique. De plus, l'art traditionnel pratiqué par sa famille chrétienne s'inscrit dans cette catégorisation historique et contextuelle du monde arabe pouvant inclure à la fois des objets très chrétiens ou très islamiques dans une harmonie et communion parfaite sur le plan esthétique.

Architecture et arabesque
Il a publié un livre en 2007 français/arabe sous le titre de «Variations Géométriques» qui contient son manifeste qui explique sa vision et philosophie artistique. En 2017 la famille a publié un second livre plus détaillé à Paris français/anglais nommé «Douze Saisons» en référence aux 12 séries chronologiques de l'artiste où l'influence de l'art traditionnel (couleurs sombres) se dissipe dans les dernières séries qui deviennent très colorées. Gebran Tarazi s'éteint en 2010 à l'âge de 66 ans, 2 ans après avoir arrêté de peindre pour se consacrer à l'écriture. Une belle vie sans doute tumultueuse vouée à la pratique de l'art et la recherche assumée d'une certaine philosophie de la vie et de l'art qui se dégage à travers son oeuvre qui rappelle par ses formes l'architecture et l'arabesque détournée. «J'ai longtemps considéré que pour chanter l'Orient il fallait retourner aux sources: l'icône melkite, l'arabesque, la calligraphie arabe et chinoise, la miniature persane et l'estampe japonaise. Aujourd'hui, les sources sont taries et le concept Orient me parait plus insaisissable que jamais. Sur les chemins de la quête du sens j'aperçois des artistes, héros de l'indicible, tels que Mark Rothko et Nicolas de Staël. Je sens que si je continue de me rendre à l'atelier, je ne ferai que me répéter, il est temps de songer à d'autres aventures» écrit dans un beau livre qui lui est dédié, non sans affirmer plus haut qu'il réalisa entre 1989 à 2003 deux cent cinquante tableaux..C'est dire l'hardiesse boulimique de cet artiste qui a passé sa vie à créer tout en s'interrogeant sur lui -même. Ainsi ses oeuvres mêlent -elles conceptualisme à un brun d'existentialisme intellectuel qui fonde l'art abstrait de cet artiste pas comme les autres et dont l'ESba est plus que ravie d'acquérir ses livres. Un cadeau précieux que le fils a fait à cette école, pour commémorer à sa façon son père et honorer sa mémoire. Et que de mieux que la partager et lui rendant hommage avec d'autres artistes?

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