Le nez dans les affaires
La première fois qu´on avait parlé de la commission de contrôle de l´Assemblée populaire nationale, c´était au lendemain des déclarations de l´ancien Premier ministre Abdelhamid Brahimi, dit Abdelhamid la Science, sur le détournement par de hauts commis de l´Etat, de 26 milliards de dollars. Une coquette somme qui, à l´époque, était équivalente à la dette extérieure du pays. Depuis lors, l´Algérie est passée sous les fourches caudines du FMI et a connu une décennie de violences à l´issue de laquelle elle a été mise à genoux. Beaucoup d´eau a coulé sous les ponts, beaucoup de sang d´Algériens aussi, d´autres commissions furent mises sur pied, sous la pression des événements et pour faire taire les inquiétudes de l´opinion publique. Aucune, hélas, au grand jamais aucune, n´a publié son rapport.
Des rapports ont-ils été envoyés à une quelconque autorité du pays? Ont-ils été mis sous le coude, enterrés, déchirés, incinérés, déchiquetés? Ont-ils circulé sous le manteau?
A l´ère de l´Internet, des sites Web et des blogs tous azimuts, l´Assemblée populaire nationale continue de fonctionner comme au bel âge des cavernes. Surtout depuis que la télévision a décidé de ne plus retransmettre les débats en plénière. On voit des députés lever la main pour voter des textes de lois sans les débattre devant l´opinion publique. Cela donne des élus de la nation une image de beni oui-oui fort regrettable. Une image écornée et déformée. Mais eux-mêmes ne font rien pour remédier à une telle situation.
Cela veut dire quoi, sinon que les députés, tous partis confondus, renoncent à une partie de leur pouvoir, et dans l´opinion on se dit qu´ils ont monnayé un tel comportement. Il n´y a pas d´autres explications. La représentation nationale a besoin de hausser le ton pour se faire entendre. Si elle ne le fait pas, c´est qu´il y a quelque qui cloche. Et qui ne tourne pas rond dans le fonctionnement de nos institutions. La séparation des pouvoirs n´a de sens que si les élus, qui font les lois, se donnent les moyens, comme les lois les y autorisent à non seulement interpeller le gouvernement, mais aussi à demander des comptes. Bien avant la Cour suprême et la cour des comptes, ils ont des prérogatives, de par la loi fondamentale du pays, de mettre leur nez dans ce qui ne va pas dans la gestion des deniers publics. Si le gouvernement est tenu de présenter son programme devant le Parlement, en revanche, les élus ont le pouvoir de ne pas voter ce programme, et donc de défaire l´Exécutif. On ne leur demande pas d´aller jusqu´à provoquer une crise politique dans le pays, mais au moins de lutter contre la corruption et les malversations. Ils ont été élus pour ça.