«L’Algérie peut devenir un véritable hub»

Mohamed Nibouche, expert en affaires pharmaceutiques, a mis en lumière l'importance cruciale du développement de l'industrie du vaccin pour l'Algérie et l'Afrique dans son ensemble. L'expert intervenait, hier, dans l'émission L'Invité de la rédaction, de la Chaîne 3 de la Radio nationale.
Mohamed Nibouche s'est exprimé au lendemain de la déclarations du ministre de la Santé, Abdelhak Saihi concernant la signature imminente d'un partenariat entre l'Institut Pasteur et le groupe Saidal. Objectif: produire localement des vaccins essentiels. Le ministre intervenait lors d'une visite d'inspection qu'il a effectuée à l'Institut Pasteur à Dély-Ibrahim. «Cet accord» a-t-il poursuivi «permettra la fabrication du vaccin anti-grippal dans un premier temps avant d'élargir le champ de partenariat aux vaccins pour enfants».
L'hôte de la radio a appelé au renforcement du secteur pharmaceutique en Algérie. Professeur Nibouche souligne, par ailleurs; que le secteur pharmaceutique est non seulement vital pour répondre aux besoins de santé nationaux, mais qu'il offre également une stabilité économique rarement observée dans d'autres industries. En effet, alors que de nombreux secteurs peuvent être affectés par les fluctuations économiques et les crises mondiales, l'industrie pharmaceutique continue de prospérer. Cette stabilité est renforcée par la croissance constante du secteur, avec une prévision de croissance de 6,1% de 2023 à 2027, selon les projections de l'expert.
Cependant, malgré cette croissance impressionnante, une grande partie de la production pharmaceutique est concentrée dans quelques régions du monde. «Aujourd'hui, 40% des produits sont fabriqués aux États-Unis et les 60% restants sont répartis entre l'Europe, la Chine et ensuite l'Inde», note l'expert. L'intervenant souligne également «l'absence des pays africains» dans ce secteur crucial, alors même que le continent possède les atouts nécessaires pour jouer un rôle significatif. Poursuivant, Nibouche adopte un ton optimiste et affirme que «notre pays a les moyens de devenir un hub pharmaceutique». Selon l'expert, le continent africain, et particulièrement l'Algérie, qui jouit d'une position stratégique et dispose d'infrastructures et d'expérience en matière de production de médicaments, peut devenir un hub. «Nous avons une position stratégique extrêmement bénéfique. Donc, si nous lions l'outil de production dont nous disposons à la recherche scientifique, nous pourrions faire de l'Algérie un véritable hub pharmaceutique qui produira pour lui-même et exportera pour les autres» a-t-il souligné.
Il y a lieu de relever que la convention qui lie Saïdal à institut Pasteur d'Alger intervient en application des instructions du président de la République, à l'effet de promouvoir l'économie nationale» a indiqué le ministre de la Santé. Cela avant d'ajouter «l'objectif est d'assurer la sécurité sanitaire et de s'affranchir de l'importation des médicaments». Selon le président- directeur général (P-DG) de Saïdal, le premier vaccin produit en vertu de cet accord sera prêt en mois de juillet prochain. La fabrication du vaccin représente une étape cruciale dans les efforts du pays pour renforcer sa souveraineté sanitaire, et il ne s'agit pas de la dernière. «Le ministère de s'attèle en vertu dudit accord à la production de pas moins de 50% des besoins en matière de vaccins au niveau local», a précisé le ministre. Dans ce sillage, notons que la firme publique Saidal va réaliser une usine de production de cristaux d'insuline, matière première utilisée dans la production de l'insuline.
L'usine sera implantée à Batna et il s'agit d'une infrastructure «unique en Afrique», selon le ministre du secteur Ali Aoun. De retour à la déclaration du ministre de la Santé, celui-ci a souligné «l'impératif d'ériger l'institut Pasteur en noyau de production et de développement des vaccins». Saïhi a également mis l'accent sur l'importance de la numérisation au niveau de l'institut Pasteur pour ériger ce dernier «en pôle contribuant au développement de la recherche scientifique et la création de la richesse». Cela avant d'appeler à «la création de filiales à travers tout le territoire national, notamment dans le Sud». Notons par ailleurs que l'industrie epharmaceutique émerge dans ce monde marqué par l'incertitude économique et les défis sanitaires, comme un secteur essentiel, offrant stabilité et opportunités de croissance.