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La consommation de drogues connaît des pics durant le mois sacré

La face «cachée» du Ramadhan

Jeûner le jour et planer la nuit. Kif, psychotropes ou cocaïne tout est bon en ce mois pour rigoler un bon coup et ne pas sentir le temps passer...

La consommation des substances narcotiques à Annaba enregistre une augmentation fulgurante durant le mois de jeûne. Chaque année, le phénomène de la consommation de kif et de psychotropes augmente pendant le mois sacré. La consommation de drogues affiche, selon des observateurs, une augmentation allant de 15 à 20%, notamment pour les psychotropes. Cette évidente hausse de la consommation de drogues pendant le Ramadhan est constatée à partir de la rupture du jeûne. À peine la prière de l'iftar achevée, que les jeunes vaquent à leurs soirées ramadhanesques. Des veillées donnant lieu à toutes sortes d' actes libres.
De la consommation à la surconsommation de drogue plus intense que d'habitude. En dépit de la lutte implacable menée par les services de sécurité, la consommation de drogues continue d'emprunter une courbe haussière à Annaba.
Drogues et psychotropes
Contrairement aux idées reçues, durant le mois de Ramadhan certains interdits ne sont pas bannis des habitudes des consommateurs, où les jeunes sont de plus en plus nombreux à s'adonner à la consommation de substances narcotiques pourtant illicites. C'est pour dire que le phénomène de la drogue gagne davantage de terrain durant le mois sacré, notamment chez les jeunes âgés de 16 à 30 ans. Ce mois sacré où le kif et les psychotropes sont écoulés en grandes quantités, et ce en dépit des fatwas interdisant catégoriquement la consommation de stupéfiants. Or, malgré la lutte intense, le phénomène fait de la résistance, et il est repéré partout à travers la ville d'Annaba. Une ville où des centaines, voire de nombreux jeunes s'offrent d'interminables veillées ramadhanesques. Une surconsommation favorisée par le changement de l'emploi du temps des consommateurs, en majorité des jeunes toutes catégories confondues. Ces derniers qui voient leurs veillées prolongées jusqu'à l'aube sous l'effet d'une ambiance dans les «mahchachates», les salons de thé, dans les coins de rues et ruelles et dans les quartiers et autres lieux de rencontres nocturnes à travers le territoire de la wilaya.
À chaque consommateur sa ou ses motivations, dont entre autres les problèmes sociaux et familiaux et aussi la faiblesse morale. À ceux-là s'ajoutent l'oisiveté et l'influence entre amis à prendre la drogue ainsi que l'influence de la mode. Ces facteurs aussi différents les uns que les autres sont à l'origine de l'augmentation de la consommation de stupéfiants, dont les dommages collatéraux sont nombreux, exposent les jeunes et toute la société à d'énormes dangers. On citera l'augmentation des vols, l'utilisation de la violence sous toutes ses formes, l'augmentation des accidents de la circulation, l'agression et la criminalité, et enfin l'agression sexuelle. Mais ces jeunes consommateurs, en sont-ils conscients? Certains d'entre ceux qu'on a rencontrés ont relativement manifesté cette conscience.
Parmi ces jeunes, les uns consomment du kif et les autres des psychotropes. Entre les uns et les autres, il y a ceux qui consomment de la cocaïne. Plusieurs d'entre ceux qu'on a rencontrés ont accepté d'apporter leur témoignage sous couvert d'anonymat. Mais chacun de nos interlocuteurs s'est aménagé une batterie d'arguments, bien à sa convenance, et une «auto-fetwa» afin de se donner bonne conscience. Mais à l'unanimité, c'est le plaisir qui prime!
Ce kif qui fait «seta wa setine» kif
Pour notre interlocuteur, un jeune de 29 ans, le kif appelé communément «zetla» ne se démode jamais et sa consommation est plus ou moins discrète, mais surtout elle n'est pas aussi nocive que les psychotropes. «Pour moi, mon premier joint est juste après l'iftar. Une fois sorti de la maison, que la Sahra commence», nous dit-il. Une longue veillée ramadhanesque à l'odeur du haschich dans un coin dans la cité ou avec des copains jusqu'au moment du shour. «Bien sûr ma consommation double durant le Ramadhan», nous répond le jeune en soulignant «durant le mois de Ramadhan je peux aller jusqu'à quatre cigarettes de kif. Alors qu'en temps normal, je ne dépasse pas les deux joints». L'essentiel c'est le plaisir que le kif lui procure.
Un autre jeune, celui-là, étudiant de son état, recherche l'évasion. Cet étudiant en troisième année génie civil passe ses soirées ramadhanesques avec des copains.
Les uns consommateurs et d'autres sont plutôt narguilés «la chira, c'est un refuge pour moi. Elle m'assure la tranquillité, le calme et même la sagesse», a lancé notre interlocuteur avec ironie. Nos interlocuteurs ne sont qu'un exemple de beaucoup de jeunes à Annaba, qui puisent la spiritualité du Ramadhan dans les joints...
Ces cigarettes, «mderhines», ne sont plus le monopole des hommes. Car la consommation de kif tend à se propager dans le milieu féminin. Aujourd'hui, des adolescentes et des jeunes filles ne trouvent pas d'inconvénient à se donner ce plaisir malsain. Il suffit de faire une virée au quartier des Lauriers roses, La Colonne ou la place d'Armes, pour ne citer que ces lieux de vente de substances narcotiques, pour constater l'ampleur du phénomène de la consommation de kif et de psychotropes chez la gente féminine. Chaïma, une jeune de 25 ans, est un exemple de consommatrice qui ne peut se passer de son joint. Après une amourette ratée, elle a trouvé refuge dans la consommation du «haschich», qui, nous dit-elle «cela m'a aidé à oublier et depuis je suis devenue zen». Un argument comme un autre qui a donné à la consommation du kif davantage d'élan pour gagner du terrain et s'accroître durant le mois de Ramadhan, période où la drogue est écoulée en grandes quantités, dans le milieu des jeunes qui «kifent» le Ramadhan.
La Prégabaline, l'incontournable drogue du Ramadhan
Cette substance narcotique, très en vogue depuis plusieurs années déjà, a trouvé son ascension durant le mois sacré. Jeunes et moins jeunes, filles et garçons sont les adeptes de ce médicament qui fait des ravages au sein des jeunes. La Prégabaline, ces comprimés hallucinogènes à 300 mg, à l'instar des marchés de produits alimentaires, la règle de l'offre et la demande régit le marché des stupéfiants, qui souvent connaît également des perturbations en matière d'approvisionnement durant le mois de Ramadhan, conduisant ainsi à la pénurie et donc à l'augmentation de leurs prix. Ils peuvent afficher des prix sensiblement plus élevés durant le mois sacré. Mais cela n'empêche pas les accros à «s'alimenter» quel que soit le prix.
Ce qui a fait que le commerce des psychotropes fleurit à Annaba durant le mois de Ramadhan. Un mois béni pour les vendeurs qui apprécient particulièrement le Ramadhan, vu le profit qu'ils en tirent, de par la surconsommation, notamment parmi les jeunes de 16 à 25 ans. Cette frange de consommateurs est composée en grande partie de délinquants et de repris de justice surtout. La vente de psychotropes est localisée notamment dans les quartiers «chauds», au niveau des tables de brochettes «chouwayas», et les bas fonds des quartiers défavorisés. Ce type de substances narcotiques attirent également une belle frange de jeunes, notamment les adolescents.
Pour les filles, l'approvisionnement se fait avant la rupture du jeûne.
Les vendeurs menus de sacoches en bandoulière écoulent cette marchandise prohibée à des jeunes filles de 16 à 20 ans, sans s'en inquiéter outre mesure. Inès, élève en terminale, est l'une d'entre ces consommatrices que nous avons rencontrée, s'est arguée de dire «une pilule me fait planer et me fait oublier l'engrenage familial de la maison». En temps normal, je ne prends qu'une pilule, au mois de Ramadhan, j'en prends deux. Une après l'iftar et l'autre avant le shour». Pour cette adolescente, oublier le monde c'est planer dans le virtuel que les marchands de rêves lui vendent.
Ce rêve que prolonge la cocaïne
Cette drogue dure bien qu'elle ne soit pas accessible à tout le monde vu son prix hors portée, elle a tout de même sa frange de consommateurs.
La consommation de cette drogue des riches comme on l'appelle à Annaba est devenue croissante, ces dernières années, avec un élan de plus durant le mois de Ramadhan, et elle trouve comme lieux de bienveillance et loin des regards, les appartements, les salons de thé et autres coins de luxe, notamment ceux fréquentés par les fils et les filles de familles riches et aisées. Ces derniers qui déboursent sans modération, juste pour un gramme d' «El Bayda», devenu depuis ces dernières années très en vogue à Annaba. Pour sniffer un gramme, il faut mettre le paquet. Pour prolonger le plaisir, il faut compter entre 5.000 et 10.000 DA. Un jeu d'enfant pour ceux qui en ont les moyens. Surtout que cette drogue dure n'a pas les caractéristiques du kif et des psychotropes.
Néanmoins, la cocaïne n'est pas en reste des autres substances narcotiques. Ses consommateurs sont de plus en plus nombreux, et, avec le jeûne qui interrompe la prise de doses, les veillées ramadhanesques sont dédiées à une surconsommation pour se requinquer jusqu'au lendemain. Une histoire de prolonger le plaisir le temps d'une soirée. Des soirées qui pourraient être fatales tant pour les consommateurs de psychotropes que pour ceux de la cocaïne.
Les dangers de la surconsommation sont omniprésents. Jusque là, aucun chiffre n'a été révélé sur des cas d'overdose. Et pourtant, ô combien de jeunes ont perdu la vie à cause d'un excès de consommation de cocaïne ou de comprimés hallucinogènes!

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