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Salem Amrane, auteur, à L'Expression

«Écrire en tamazight est un devoir»

Salem Amrane est un romancier, nouvelliste, poète et dramaturge plusieurs fois primé dans différents festivals. Il écrit en tamazight, en français et en anglais. Il vient de publier un roman en langue amazighe dont il nous parle dans cet entretien.

L'Expression: Vous venez de publier votre tout nouveau livre, pourquoi avoir opté pour la langue amazighe cette fois-ci?
Salem Amrane: Il y a des sentiments qu'on ne peut exprimer que dans notre langue maternelle. À l'instar du fait d'exprimer le marasme, le dégoût, l'angoisse et j'en passe. Les expressions «au secours ou j'en ai ras le bol» ne suffisent pas. Il n'y a que ce terme Abbuh, qui est à la hauteur d'exprimer ses émotions les plus profondes. Ceci d'un côté et de l'autre, le devoir de tout auteur est de laisser des traces dans sa propre langue, de l'enrichir et de contribuer à sa promotion pour que ce combat pour cette langue et culture ne soit pas que de vains mots et des slogans creux. Il était temps, et depuis longtemps d'ailleurs, de passer à l'action par l'écrit et l'encouragement de ce qui est écrit dans cette langue. Il n'y a que les écrits qui restent et qui vont parler d'elle et de nous.

Pouvez-vous nous parler du choix du titre de votre livre, que symbolise-t-il?
C'est une expression qui vient de nos entrailles pour répondre à une situation ou à un sentiment qui n'est pas enchanteur. Un cri d'angoisse. Un cri de détresse émanant de certains personnages du roman. J'ai toujours donné une importance capitale pour mes titres. Ils doivent refléter le contenu sans toutefois donner des réponses qui risquent de tuer la trame de l'histoire du livre, mais par contre, le titre doit poser certains questionnements pour mieux donner un avant-goût au lecteur.

Est-ce que c'est une histoire vraie ou inspirée de la réalité ou bien s'agit-il d'une fiction à 100%?
Je pense que tout roman s'inspire du vécu de l'auteur lui-même, ou d'autres personnes autour de lui. Seul le contenu de cette inspiration diffère. Concernant mon roman, c'est évident qu'il y ait un peu de vécu, un peu d'autobiographie, mais le reste c'est de l'imagination. Je ne peux déroger à la règle. L'imagination, si elle fait défaut pour un auteur, il n'en sera pas un.
La fiction et la réalité ou le vécu font toujours bon ménage dans la littérature, quelle que soit son origine.

Pourquoi avoir choisi le thème de l'émigration et tout ce qui lui est inhérent?
C'est un sujet très brûlant qui a touché plusieurs générations et créé des fissures irréparables dans la société kabyle en particulier. Et il continue de la gangréner de manière de plus en plus catastrophique.
Il est à noter également d'autres thèmes et sous-thèmes tels que l'amour, la condition de la femme, la relation entre l'homme et l'environnement, et autres.

Avez-vous des échos de quelques lecteurs après la sortie du livre?
Pas beaucoup pour le moment,mais le peu que j'ai reçu est très favorables et c'est encourageant évidemment. Il reste cependant, un dilemme concernant la littérature kabyle. Certains achètent par militantisme. C'est une bonne chose certes, mais on ne peut pas attendre l'avis de cette catégorie sur un roman ou un quelconque livre en kabyle s'ils ne l'ont pas lu. Beaucoup se cachent encore derrière le prétexte qu'ils n'ont jamais étudié cette langue à l'école, donc ils ne peuvent la lire ou l'écrire. Ceci dit, la plupart ne font pas d'effort dans ce sens.

Vous maîtrisez trois langues, peut-on savoir s'il vous arrive d'hésiter longuement avant de choisir dans quelle langue écrire?
Ceci n'a jamais été un problème pour moi. Quand je décide d'écrire en kabyle, le fil est vite trouvé en kabyle, et il en est ainsi en français et en anglais. Et parfois, c'est l'inspiration qui décide de venir toute seule dans l'une de ces trois langues. Pour ce qui est de la langue d'Ernest Hemingway, je n'ai écrit qu'un seul recueil de poésie qui va sortir bientôt. Donc la concurrence pourrait se trouver entre le kabyle et le français d'une manière quelque peu serrée, mais je n'en souffre pas pour le moment.

Vous êtes poète, romancier et dramaturge, pourquoi touchez-vous à tous ces genres d'écriture littéraire?
Il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer ceci, en ce qui me concerne. Primo, l'influence de la lecture. Quand on s'intéresse à la lecture d'un genre, on peut s'en inspirer. Secundo, il y a un défi de s'essayer à un autre genre autre que le précédent auquel on s'est attaché. Et quand ce nouveau genre nous réussit, on récidive, le genre où je m'y plais, j'y reste. Tertio, dans la plupart du temps, je ne décide pas du genre dans lequel je suis en train d'écrire au moment de le faire. Je réponds spontanément à l‘inspiration et je développe les idées graduellement. Et c'est plus tard que le genre se dessine de lui-même, du moins pour les genres qui se ressemblent, tels que le roman, la nouvelle et le théâtre. Pour ce qui est de la poésie, ça se voit dès les premières lueurs. Vous aurez sans doute remarqué que j'ai rajouté moi-même la nouvelle alors qu'elle n'est pas citée dans la question. Ceci dit, j'ai aussi un recueil de nouvelles qui paraîtra aussi prochainement.

Tout au long de votre parcours de poète, vous avez reçu beaucoup de prix, pouvez-vous nous en parler?
En effet, j'en ai beaucoup reçus, particulièrement dans la poésie. La plupart de ces prix aux poésiades de Béjaïa (Association Soummam). Ainsi, en 1990, j'ai reçu le Prix d'encouragement puis en 1994, le Premier Prix, et d'autres encore. J'ai ainsi obtenu le prix Tahar Djaout au même festival. En 1999, j'ai reçu le prix Mouloud Mammeri, organisé par Agraw Adelsan Amazigh pour mon recueil de poésie «Tafat yedre?len» ainsi que pour «Tagelda n ixuccan». J'ai obtenu le 2e Prix au Festival national de la poésie amazighe de Ghardaïa en 2000. Concernant le théâtre, j'ai reçu le prix Mohia d'argent pour la pièce «Emmet ihi» ainsi que le Prix du meilleur texte et celui de la meilleure mise en scène au Festival national du théâtre amazigh de Batna en 2017.

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