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L'Afghanistan aux mains des talibans

Chaos total à l'aéroport de Kaboul

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient des scènes de chaos absolu, des milliers de personnes attendant sur le tarmac même, et des grappes de jeunes hommes, surtout, s'agrippant aux passerelles ou aux escaliers pour tenter de monter dans un avion.

L'Afghanistan se trouvait,hier, aux mains des talibans après l'effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l'étranger du président Ashraf Ghani, et des milliers de personnes tentaient désespérément, dans un chaos total, de fuir le pays à l'aéroport de Kaboul. Le fulgurant triomphe des insurgés, qu'ils ont célébré, dimanche soir, en investissant le palais présidentiel à Kaboul, a déclenché des scènes de panique monstre à l'aéroport de la capitale. Une marée humaine s'est précipitée vers ce qui est la seule porte de sortie du pays, pour tenter de fuir le nouveau régime que le mouvement islamiste radical, de retour au pouvoir après 20 ans de guerre, promet de mettre en place. Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient des scènes de chaos absolu, des milliers de personnes attendant sur le tarmac même, et des grappes de jeunes hommes, surtout, s'agrippant aux passerelles ou aux escaliers pour tenter de monter dans un avion. Les forces américaines ont même tiré en l'air pour tenter de contrôler cette foule, pas convaincue par les promesses des talibans que personne n'avait rien à craindre d'eux, a indiqué un témoin, qui a avoué avoir «très peur». En raison de la situation à l'aéroport, l'autorité aéroportuaire de la capitale a annoncé que les vols commerciaux en partance étaient annulés. Les rues de la capitale étaient en revanche plutôt calmes, largement patrouillées par des talibans en armes, notamment dans la «Green zone», auparavant ultra-fortifiée qui abrite les ambassades et les organisations internationales. Les talibans ont informé leurs combattants que «personne n'est autorisé à entrer dans la maison d'autrui sans permission», a affirmé l'un de leurs porte-parole, Suhail Shaheen. «Il ne peut être attenté à la vie, la propriété, l'honneur de personne», a-t-il affirmé. Le désormais ex-président Ghani a reconnu, dimanche soir, que les talibans avaient «gagné», après avoir fui le pays. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le mollah Abdul Ghani Baradar, cofondateur des talibans, a salué la victoire du mouvement islamiste. «A présent, c'est le moment d'évaluer et de prouver, à présent nous devons montrer que nous pouvons servir notre nation et assurer la sécurité et le confort dans la vie», a-t-il affirmé. La débâcle est totale pour les forces de sécurité afghanes, financées pendant 20 ans à coups de centaines de milliards de dollars par les Etats-Unis. En dix jours, le mouvement islamiste radical, qui avait déclenché une offensive en mai à la faveur du début du retrait des troupes étrangères, notamment américaines, a pris le contrôle de quasiment tout l'Afghanistan. Et ce vingt ans après en avoir été chassé par une coalition menée par les Etats-Unis en raison de son refus de livrer le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. Le drapeau américain a été retiré tôt, hier, de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul et «mis en sécurité avec le personnel de l'ambassade» regroupé à l'aéroport dans l'attente d'une évacuation, ont annoncé depuis Washington le département d'Etat et le Pentagone. Les Américains ont envoyé 6.000 militaires pour sécuriser l'aéroport et évacuer quelque 30.000 diplomates américains et civils afghans ayant coopéré avec les Etats-Unis qui craignent les représailles des talibans. De nombreux autres diplomates et ressortissants étrangers ont également été évacués à la hâte de Kaboul, dimanche. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni, hier, à 14h00 GMT pour débattre de la situation en Afghanistan. Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir l'Afghanistan «doivent être autorisés à le faire», ont plaidé les Etats-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun, avertissant les talibans qu'ils devaient faire preuve de «responsabilité» en la matière. L'administration du président américain, Joe Biden, a défendu sa décision de mettre fin à 20 ans de guerre, la plus longue qu'ait connue l'Amérique. «Ceci n'est pas Saïgon», a assuré dimanche le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken sur CNN, évoquant la chute de la capitale vietnamienne, en 1975, un souvenir encore douloureux pour les Etats-Unis. Mais la pilule est amère pour Washington dont l'image en ressort profondément écornée et qui déplore 2.500 personnes tuées, ainsi qu'une facture de plus de 2.000 milliards de dollars. «Je suis le quatrième président à gouverner avec une présence militaire américaine en Afghanistan (...) Je ne veux pas, et je ne vais pas, transmettre cette guerre à un cinquième», avait auparavant justifié le président Biden. Son prédécesseur Donald Trump - qui avait conclu avec les talibans en février 2020 l'accord de retrait des forces américaines - a fustigé «une des plus grandes défaites dans l'histoire américaine» et l'a appelé à démissionner.
La peur régnait aussi parmi les dizaines de milliers de personnes réfugiées à Kaboul ces dernières semaines pour fuir les violences dans leur région. Lorsqu'ils dirigeaient ce pays, entre 1996 et 2001, les talibans avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique. Ils ont maintes fois promis que s'ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les «valeurs islamiques». Mais dans les zones nouvellement conquises, ils ont déjà été accusés de nombreuses atrocités: meurtres de civils, décapitations, enlèvements d'adolescentes pour les marier de force, entre autres. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, «particulièrement préoccupé par l'avenir des femmes et des filles, dont les droits durement acquis doivent être protégés», a appelé toutes les parties au conflit à «la plus grande retenue».

Réactions

Création prochaine de «l'Emirat islamique d'Afghanistan»
Le porte-parole du bureau politique des talibans à Doha, Muhammad Naeem, a souligné qu'il «n'y a aucun danger pour les ambassades, les missions diplomatiques et les ressortissants étrangers à Kaboul», et a promis la sécurité dans tout le pays. Les talibans ont pris le contrôle du palais présidentiel et ils proclameraient la création de «l'Emirat islamique d'Afghanistan», selon les médias.

L'ambassadeur russe à Kaboul rencontre les talibans, aujourd'hui,
L'ambassadeur de Russie à Kaboul rencontre les talibans, aujourd'hui, a annoncé l'émissaire du Kremlin pour l'Afghanistan, Zamir Kaboulov, précisant que Moscou allait décider de reconnaître ou non le nouveau pouvoir afghan en fonction de ses «agissements». «L'ambassadeur russe (Dmitri Jirnov) va rencontrer leur coordinateur pour la sécurité», a indiqué Kaboulov à la radio Echo de Moscou.

Première évacuation de Français de Kaboul, hier soir
La première rotation aérienne d'évacuation de Kaboul organisée par l'armée française vers sa base aux Emirats est prévue d'ici «la fin de lundi», selon la ministre française des Armées, Florence Parly.»Nous planifions de faire la première rotation ce lundi», a déclaré la ministre, précisant qu'il y avait «plusieurs dizaines» de Français à évacuer, ainsi que des «personnes qui sont sous notre protection».

Le fils du commandant Massoud appelle à la résistance
Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud, assassiné en 2001 par Al-Qaïda, a appelé, hier, ses compatriotes à résister aux talibans. Dans une tribune de La Règle du jeu, revue de BHL, il affirme: «Mes compagnons et moi allons donner notre sang, avec tous les Afghans libres qui refusent la servitude et que j'appelle à me rejoindre, dans notre bastion du Panjshir, dernière région libre de notre pays à l'agonie.»

Merkel évoque une décision «amère» de «politique intérieure» américaine
Angela Merkel a, hier, qualifié d'«amère» la situation et jugé que la décision du retrait des troupes occidentales avait été prise par les Etats-Unis «pour des raisons de politique intérieure». «Il y a eu un effet domino, après le retrait des troupes», a déclaré la chancelière devant les cadres de l'Union démocrate-chrétienne allemande (CDU).

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