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Face à la propagande mensongère occidentale

Ghaza Éclaire le monde

En 1948, la nuit coloniale tombe sur la Palestine. Ses lueurs effrayantes ne vont pas au-delà en raison des dynamiques émancipatrices à l’œuvre au même moment dans le reste du monde colonisé.

En effet, l'attention de l'opinion mondiale s'est très peu focalisée sur l'entreprise colonialiste qui s'amorce alors en terre palestinienne en vertu d'une doctrine improbable de sa légitimation apparue dans l'Europe de la fin du XIXe siècle: le sionisme. Au moment où la présente contribution est écrite, trois quarts de siècle sont passés sur ce fait stupéfiant de l'histoire contemporaine. Pendant cette période, la quasi-totalité des gens ordinaires de tous les pays a été conditionnée et plongée dans un épais brouillard par une propagande mensongère visant un quadruple objectif: 1- utiliser les crimes horribles perpétrés par les nazis à l'encontre des juifs d'Europe pour valider le principe de la concrétisation de la Déclaration Balfour de 1917; 2- attacher solidement la pensée et la conscience universelles au fait que l'occupation de la Palestine n'a rien d'un phénomène colonial parce que ce dernier était désormais englouti dans le processus des indépendances lancé après la Seconde Guerre mondiale; 3- entretenir dans les esprits la confusion trompeuse entre l'idéologie conquérante que représente le sionisme et la religion biblique que représente le judaïsme; 4- justifier en conséquence la terreur par laquelle les promoteurs sionistes de l'entité israélienne étaient résolus à briser les volontés indisciplinées des Palestiniens qui n'ont jamais consenti à s'incliner malgré une variété impressionnante d'exactions commises contre eux. Le drame ahurissant qui se joue à Ghaza, devenue depuis 2007 une prison à ciel ouvert, résume à lui seul la trajectoire pathétique d'un peuple qui n'a jamais changé de but. Ecartant pour toujours l'idée d'un crépuscule de l'espérance, il s'est tourné vers la transcendance, c'est-à-dire la foi en la justice divine, et vers le droit international, c'est-à-dire la confiance dans la justice des hommes.
Un peuple face à la sauvagerie
Celui-ci a fait naître, en tant qu'arbitre, des obligations pour les États du monde entier envers une cause juste et des victimes palestiniennes de plus en plus nombreuses. En effet, chaque jour qui passe apporte en Palestine occupée son lot de situations mettant à l'épreuve la pertinence pratique des grands principes fondateurs de la doctrine universelle des droits humains proclamés successivement en Amérique (1776 et 1787), en France (1789) et au niveau de l'ONU (1948). Reste à savoir qui peut en garantir une application effective.
C'est à l'évidence le Conseil de sécurité des Nations-unies. Mais il ne fait plus aucun doute que ce dernier s'est affranchi du respect des résolutions qu'il a lui-même édictées en la matière durant des décennies. Autant dire qu'il ne reste plus au malheureux peuple de Palestine face à la sauvagerie de ses bourreaux que deux alternatives complémentaires: 1- le recours à d'autres systèmes normatifs, notamment la morale et l'opinion publique; 2- la résistance.
S'agissant de l'influence de la conscience morale, elle a bel et bien atteint ses limites parce que, dans ce berceau de prestigieuses forces spirituelles qu'est la Palestine, les ressources de la moralité sont laissées en jachère depuis que les extrémistes israéliens, repliés dans leur indignité, malmènent sans vergogne les droits légitimes des Palestiniens. De plus, ladite conscience morale tend fatalement à s'effriter en raison des calculs politico-stratégiques et des gros intérêts en jeu dans la région du Moyen-Orient.
C'est dire que la morale n'est plus d'un grand secours. Aussi, la haine poursuit-elle son enracinement tandis que se désagrège pas à pas la conscience démocratique elle-même au sein de la société israélienne où une disposition d'esprit ségrégationniste a tendance à s'installer.
Une mentalité de colonisateurs
Cet état de fait est d'autant plus insoutenable que la mentalité juridique des sionistes israéliens s'adosse en l'occurrence au droit occidental qui, accordant à la personnalité individuelle une place centrale, «instaure une distinction radicale entre les humains (qui) peuvent faire valoir leurs droits et les non-humains (qui) demeurent soumis au même régime juridique que les choses inanimées» (A. Lockmann et M. Arégui, 2023). On a vu depuis le 7 novembre 2023 qu'une telle idée inspire bel et bien les gouvernants israéliens qui assimilent ouvertement les Palestiniens à des animaux qu'il faudrait traiter en tant que tels. En cela, ils ne font d'ailleurs que renouer avec la mentalité des anciens colonisateurs européens qui traitaient de terroriste le colonisé se battant pour sa dignité et qui refusaient obstinément de lui reconnaître le noble mérite du combattant de la liberté. Les Palestiniens le savent par référence à l'expérience algérienne, notamment. L'une des leçons qu'ils en ont sans doute tirée est que dans la solitude et la détresse, il leur incombe de poursuivre la résistance tout en s'en remettant à l'opinion publique, c'est-à-dire au nombre pour une fonction qui n'est pourtant pas directement la sienne.
S'agissant de l'opinion qui constitue une «force supérieure à celle des gouvernants» (Pascal, 1623-1662, cité par J. Julliard-2009), elle est déterminante, principalement dans les grands pays de démocratie libérale où se joue véritablement le sort de la Palestine. D'où l'exigence d'une action d'éclaircissement et de sensibilisation dans cette direction. Une telle action relève de prime abord de la médiation journalistique.
Or, celle-ci est mal assurée par les médias les plus influents dont le plus grand nombre ne met pas en conformité, sur le dossier palestinien, son attitude avec les principes du métier qu'il pratique.
¨À ce propos, il est bien établi que la tendance sur ce dossier n'est plus à l'information mais à la déformation. Par parti pris flagrant, tout est arrangé pour dissimuler à l'opinion publique la réalité du problème de la Palestine. En effet, aux règles juridiques et morales régissant l'art d'informer, se substituent celles de la manipulation mentale des masses qu'E. Bernays (1891-1995) qualifie de «fabrique du consentent». A vrai dire, une telle attitude n'est pas surprenante de la part de médias qui font passer sur ce sujet les préjugés avant l'information.
La manipulation mentale des masses
Elle n'est pas surprenante non plus de la part de médias édités dans des pays où l'esprit marchand prédomine et où le souci d'amasser de l'argent conditionne l'orientation des lignes éditoriales.
Autant de faits qui rendent utopique leur implication dans la mobilisation de l'opinion en faveur de la cause palestinienne, même si la liberté de dire et de montrer la Palestine leur est juridiquement garantie. Que reste-t-il alors au peuple palestinien pour emporter la sympathie, voire le soutien actif de l'opinion publique? Il lui reste une ultime solution: faire usage de sa bravoure comme l'a fait le peuple algérien par exemple un certain mois de novembre de l'année 1954. C'est effectivement ce qu'il a décidé de faire le 7 novembre 2023 à Ghaza. Simple coïncidence de calendrier ou signe du destin, cela n'a en tout cas pas échappé à l'intelligence des peuples du monde global auxquels le spectacle bouleversant des crimes commis par les gouvernants sionistes a pleinement ouvert les yeux.
Ces peuples comprennent désormais que la démence de ces gouvernants n'a plus de limites et que, pour eux, seuls comptent les gains financiers, les possessions territoriales et les positions de pouvoir, quelles que soient les exactions perpétrées envers les Palestiniens. Voilà pourquoi la rue s'est éveillée partout, y compris en Occident où elle s'est mise à douter des versions médiatiques sur les évènements de Ghaza. Se forgeant sa propre idée de la problématique coloniale du Moyen-Orient, elle exprime à présent ouvertement sa solidarité avec les habitants de cette ville martyre. Renvoyant dos à dos les politiciens pusillanimes soumis à la pression des lobbies sionistes et les médias alignés en ordre de marche derrière leurs sponsors pro israéliens, les citoyens ordinaires sortent ainsi de leur froideur et envahissent la rue aux quatre coins du monde en brandissant le drapeau palestinien. Même des journalistes d'organes prestigieux de la presse occidentale, ainsi que des hommes politiques, tous scandalisés par ce qui se passe, apparaissent en pleine lumière hors de l'atmosphère brumeuse des salles de rédaction des journaux et des sièges d'état majeur des partis pour crier leur indignation et pour faire bouger les lignes en pointant le doigt sur la mentalité sioniste, cette infection morbide qui détériore le vivre ensemble au Moyen-Orient. C'est là en tout cas un phénomène inédit qui a pris une dimension mondiale grâce à la dissipation de l'obscurité qui enveloppait la question palestinienne depuis près d'un siècle.
Désormais, on peut penser que, sauf retournement inattendu, rien ne sera plus comme avant dans le regard de l'opinion internationale. Car Ghaza l'aura éclairée de sa lumière émouvante, rougie par le sang des victimes innocentes tombées sous des tonnes de bombes larguées sans répit pendant des jours qui auront été parmi les plus longs de l'histoire humaine.

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