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Après le coup d’Etat au Soudan

L’opposition dans la rue mais aussi au cœur de l’Etat

La ministre des Affaires étrangères, Mariam al-Sadeq al-Mahdi, l’une des rares ministres qui n’a pas été placée en détention, a salué chaque défection des ambassadeurs soudanais comme «une victoire pour la révolution».

Au Soudan, depuis son coup d'Etat lundi, le général Abdel Fattah al-Burhane fait face à la colère de la rue. Mais il est aussi contesté par des institutions et des fonctionnaires qui proclament leur allégeance aux autorités «légitimes». Lundi au petit matin, l'armée raflait le Premier ministre Abdallah Hamdok, la plupart de ses ministres et des civils au sein des autorités de transition.
Mais avant même que le général Burhane n'apparaisse à la télévision d'Etat pour annoncer la dissolution de toutes les institutions, certaines étaient déjà entrées en résistance. La page Facebook du ministère de la Culture et de l'Information a été le premier canal des opposants au coup d'Etat, annonçant au fur et à mesure les derniers développements suivis du mot-clé «Pas de retour en arrière possible», slogan-phare des partisans du transfert du pouvoir aux civils au Soudan.
A ce moment-là, les médias d'Etat étaient aux abonnés absents. La télévision d'Etat, prise d'assaut par des soldats avant la diffusion de l'allocution du général Burhane, diffusait des chansons patriotiques. Son directeur, Loqman Ahmed, défenseur de longue date d'un pouvoir civil, a été limogé. Et l'agence officielle Suna n'est toujours pas sortie de son long silence entamé dimanche à minuit. Ses journalistes, eux, ont été sortis de leurs postes manu militari mercredi, a rapporté l'un d'eux.
Mercredi, c'est le gouvernorat de Khartoum qui annonçait «condamner le coup d'Etat militaire du général Burhane» et «refuser catégoriquement le retour en arrière» dans un pays sorti de la dictature d'Omar el-Béchir en 2019 après avoir passé ses 65 ans d'indépendance quasiment toutes sous la férule de l'armée.
En l'absence du gouverneur, arrêté pendant le putsch, ses «directeurs généraux» ordonnaient même de «fournir les biens essentiels comme la farine ou le gaz et les services d'urgence médicaux» aux manifestants pour soutenir «la désobéissance civile» -déjà rejointe par less employés du secteur pétrolier. La fronde a aussi gagné la diplomatie soudanaise. Jusqu'ici, 68 diplomates selon l'un d'eux, dont les ambassadeurs les plus en vue, comme Noureddine Sati -premier chef de chancellerie soudanais nommé à Washington depuis 1993- ont annoncé refuseer les nouvelles autorités promises pour bientôt par le général Burhane.
Certains ambassadeurs se sont déclarés en faveur de la «révolution» et «contre le coup d'Etat» lors de rassemblements avec des membres de la diaspora devant leurs ambassades, d'autres ont signé des communiqués. En rétorsion, le général Burhane a limogé six d'entre eux, dont ceux en Chine, auprès de l'Union européenne, en France, en Suisse ou aux Etats-Unis. Mais rien n'y a fait, l'ambassadeur à Genève, Ali Ibn Abi Taleb Abderrahmane al-Gendi, a répondu sur les réseaux sociaux à celui qu'il appelle «le chef des autorités putschistes». «Je refuse ce limogeage illégitime et anticonstitutionnel», affirme-t-il dans une vidéo qu'il a mise en ligne et où il se filme dans son ambassade. Il y accuse encore les forces de sécurité de mener «la pire répression possible» contre les manifestants «parce qu'ils refusent le coup d'Etat». Et tous ces diplomates peuvent se targuer d'un soutien de poids. Leur cheffe, la ministre des Affaires étrangères Mariam al-Sadeq al-Mahdi, l'une des rares ministres qui n'a pas été placée en détention, a salué chaque défection comme «une victoire pour la révolution».
Mme Mahdi a vu jeune son propre père, Sadeq al-Mahdi, Premier ministre démocratiquement élu, être renversé en 1989 par un général, Omar el-Béchir, resté au pouvoir 30 ans avant d'être lui aussi renversé par l'armée et la rue. Et c'est contre l'ancien chef de l'armée de terre de Béchir, le général Burhane, qu'elle s'élève aujourd'hui, tentant de rassembler les soutiens de ses homologues autour du globe contre «le coup d'Etat militaire».
Avant même le putsch, lors de manifestations monstres des partisans d'un transfert du pouvoir aux civils, le ministre de l'Industrie Ibrahim al-Cheikh, prisonnier politique sous el-Béchir, avait scandé avec les Soudanais dans la rue «non au pouvoir militaire».
Aujourd'hui, il fait partie des ministres retenus par l'armée. Ses collègues du bloc civil des Forces de la liberté et du changement (FLC), fer de lance de la révolte anti-Béchir, encore en liberté, eux, ont redit haut et fort jeudi que ces défilés «pacifiques» devaient se poursuivre, tout comme la «désobéissance civile». Et ce, assurent ces ministres dans un communiqué diffusé par la page Facebook du ministère de l'Information, «jusqu'à la chute du putsch et le retour à la légitimité constitutionnelle».

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