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Présidentielle, situation économique et sociale, Ghaza

«Nous avons trouvé un président à l'écoute»

Louisa Hanoune est une femme en colère. La situation qui prévaut à Ghaza la révolte. Elle est également un responsable politique déterminé, qui défend des principes et le fait savoir. Dans l'entretien qu'elle nous a accordé, elle a évoqué avec passion le drame palestinien et montré une réelle aspiration à ce que la prochaine présidentielle fasse faire au pays un grand pas en avant, à tout point de vue...

 

L‘Expression: Quel processus prendra le Parti des travailleurs pour une participation ou pas à la prochaine élection présidentielle?
Louisa Hanoune: Si vous permettez, dans la vie politique, il y a toujours des priorités. Pour nous, en ce moment, la question centrale est le génocide à Ghaza. Nous appartenons à l'humanité, nous sommes comme tous les peuples de la terre horrifiés par tous les carnages en cours. Le dernier a été perpétré à l'hôpital al-Chifa qui a été complètement détruit. C'était le plus grand hôpital de Ghaza. Pas moins de 450 personnes sont tombées en martyrs, des centaines et des centaines de blessés, un grand nombre de Ghazaouis a été arrêté, dont des femmes et des membres du personnel médical. À l'échelle planétaire, on n'a jamais vu une telle horreur. En direct, des hordes de sauvages qui se prétendent être une armée, tuent, détruisent, violent les femmes et les assassinent pour qu'elles ne témoignent pas. Ils assassinent des bébés dans les couveuses, massacrent des enfants. Le nombre de martyrs avoisine les 40 000. Et ce bilan n'est pas définitif, puisqu'il y a encore des corps ensevelis sous les décombres. Plus de 20 000 orphelins des deux parents sont comptabilisés, ainsi que 75 000 blessés qu'on ne pourra pas soigner, parce que les hôpitaux sont détruits, il n'y a pas d'équipements médicaux, ni de médicaments. On n'a jamais vécu une situation pareille.
En Palestine, on assassine en usant de plusieurs moyens, par les bombardements massifs par terre, air et mer. En même temps, on affame la population, on la prive d'eau et de l'accès aux soins. On la déshumanise. On déplace des populations sur instruction de l'occupant sioniste. Celles-ci sont ensuite bombardées. La complicité des régimes autour de la Palestine qui ont normalisé avec l'entité sioniste est manifeste, notamment le régime égyptien qui refuse d'ouvrir sa frontière avec Ghaza car compromis avec l'entité sioniste dans le cadre des pseudos accords de paix. L'aide humanitaire passe au compte-gouttes. C'est une situation horrible.

Il y a un système de corruption qui a cours au niveau de cette frontière...
C'est le cas dans toutes les situations de guerre. Mais ça s'est aggravé dès lors qu'il s'agit des pratiques d'un État. Figurez-vous que les blessés graves, qui essayent de sortir de l'enclave pour se faire soigner à l'extérieur, sont sommés de payer une sorte de rançon qui a atteint 14 000 dollars. Imaginez quelqu'un qui a tout perdu, sa maison, sa famille, qui vit sous une tente de fortune et qui doit en plus payer pour se faire soigner et rester en vie. C'est immoral! La complicité va au-delà de certains pays arabes. Celle de l'administration US parrain et protecteur de l'entité sioniste et de ses supplétifs européens est pleinement engagée. Les armes notamment US qu'ils fournissent à l'entité sioniste sont utilisées pour tuer des civils. 70% des victimes sont des femmes, des enfants, des personnes âgées des malades et des blessés. L'entité sioniste pratique à Ghaza un génocide assumé avec la complicité directe des États-Unis et ses valets. Le président Biden assume, lui aussi, ce génocide. Il l'a encore une fois démontré à travers son plan d'évacuation de Rafah. Cela nous renvoie aux intérêts économiques des USA. On en veut pour preuve un accord signé avec le Premier ministre indien, Modi, qui prévoit la réalisation d'une route qui part de l'Inde jusqu'à Ghaza. Les impacts de ce projet seront terribles sur toute la région, dont le canal de Suez. Forte de ce soutien, l'entité sioniste agresse la Syrie, jusqu'à Damas, elle bombarde le Liban depuis le 7 octobre. Elle veut déclencher une guerre généralisée dans la région. Elle vient d'assassiner des diplomates iraniens à Damas ce qui peut embraser toute la région et au-delà.
L'entité sioniste veut liquider l'Unrwa. Cette agence de l'ONU permet aux réfugiés Palestiniens de Ghaza, mais aussi de Cisjordanie et du Liban de survivre. Cette agence fournit la nourriture, la santé, l'éducation, l'emploi et les services. Sa liquidation signifie un effondrement de tout le peuple palestinien. Il y a là une intention génocidaire pleinement assumée. La volonté d'en finir avec la question des réfugiés pour effacer toute velléité de retour relève également du génocide. Cela sans oublier son refus d'appliquer la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui l'oblige à un cessez-le-feu immédiat et à l'accès sans condition de l'aide humanitaire. Son comportement relève de l'Holocauste. Il y a des juifs aux États-Unis, en Europe et à l'intérieur même de l'entité sioniste, dans les frontières de 1948, qui condamnent ces pratiques nazies.
Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, qui ne reconnaît aucune instance internationale, ni le Conseil de sécurité, ni la CIJ, ni la CPI, ni les centaines de millions d'êtres humains qui manifestent tous les jours sur tous les continents depuis six mois pour que cesse le massacre, ni les gouvernements, en nombre croissant en Occident, qui exigent le cessez-le-feu et l'ouverture des passages pour l'acheminement de l'aide alimentaire en quantité suffisante. Tout le monde a constaté que le largage de ces aides par air et l'acheminement par mer ne répondent non seulement pas à l'immense demande qui s'exprime à Ghaza, mais c'est aussi une opportunité criminelle pour l'entité sioniste de tuer des Palestiniens affamés venus récupérer l'aide.
Ce génocide à ciel ouvert a provoqué une crise existentielle dans le système capitaliste mis en place après la Seconde Guerre mondiale. L'administration américaine et les gouvernements européens qui soutiennent l'entité sioniste contre vents et marées sont en crise majeure. Les peuples sont révoltés partout. La mobilisation en Jordanie est sans précédent. Les manifestants encerclent quotidiennement l'ambassade de l'entité sioniste et réclament son départ. Le peuple égyptien se met en mouvement. Au Maroc, le peuple, que nous saluons avec force, n'a pas arrêté, depuis le début de l'agression sioniste contre Ghaza, de braver la répression, comme en Jordanie pour exiger la rupture des relations avec l'entité sioniste et l'arrêt de l'agression terroriste.

L'Algérie a toujours été au rendez-vous et honoré ses engagements financiers auprès de l'Autorité palestinienne...
L'État et le peuple algériens ont une position claire: soutien inconditionnel au peuple palestinien. Nous pensons que nos frères en Palestine attendent plus de l'Algérie, comme peuple et comme État. C'est-à-dire plus de soutien, que la voix officielle soit entendue encore et davantage, que la voix populaire soit également entendue. Il y a eu, certes, beaucoup d'initiatives qui ont été prises, dans les universités et les lycées ainsi que parmi le corps médical. Il y a des associations qui travaillent pour faire acheminer l'aide humanitaire, mais elles ne sont pas visibles. Le gouvernement a accueilli des dizaines de blessés pour les soigner chez nous. Mais je constate que ces efforts ne sont pas très visibles. Le peuple palestinien doit savoir que les Algériens le soutiennent, sont solidaires. Les Palestiniens ont besoin de voir les Algériens se rassembler et manifester leur soutien. Nous condamnons la politique du régime égyptien, nous savons aussi que l'entité sioniste éprouve de la haine à notre égard, mais il existe certainement des moyens pour faire parvenir notre voix et notre solidarité jusqu'aux Palestiniens.
L'État algérien n'a, effectivement, jamais cessé d'apporter son aide financière à l'Autorité palestinienne. Or, il y a une accélération de développements graves en Cisjordanie. Au moment où l'agression sioniste connaît une expansion en Cisjordanie et à El Qods, arrêtant par milliers les militants des différentes factions palestiniennes et assassinant des Palestiniens par centaines, les services de sécurité de cette Autorité arrêtent des combattants de la résistance palestinienne pour les livrer à l'entité sioniste dans le cadre de la coordination sécuritaire honteuse. Nous pensons qu'il est temps de réfléchir à réorienter cette aide pour qu'elle profite exclusivement au peuple palestinien notamment à Ghaza et y compris en Cisjordanie et non à une administration qui, au motif des sinistres accords d'Oslo, collabore avec l'entité sioniste. Nous alertons les autorités algériennes sur cet aspect des choses, qui, de surcroît entrave l'unité du peuple palestinien dans son combat pour le droit à la vie, la liberté et la dignité.
Vous savez, jusqu'à l'an 2000, les policiers palestiniens soutenaient leurs frères lors de l'Intifadha. Maintenant, ce n'est plus le cas. Il y a une rupture entre le peule et ce corps de sécurité. Les dizaines de milliers de policiers de l'Autorité palestinienne servent l'occupant sioniste au lieu de soutenir la résistance. Une Autorité qui reste indifférente alors que son peuple se fait massacrer, excusez-moi, mais je n'éprouve aucune sympathie. Aussi, nous disons que l'aide algérienne doit aller à l'Unrwa. Beaucoup de pays ont doublé leurs apports financiers à cette agence onusienne, le nôtre doit faire de même. Le soutien de l'Algérie doit être effectif. Pour cela, j'ai demandé au Président d'inviter encore les factions de la résistance palestinienne à Alger.
C'est donc dans ce contexte de crise majeure au Moyen-Orient que l'annonce de la présidentielle anticipée a été faite...
Lorsque je dis que notre priorité est Ghaza et la Palestine, ça ne veut en aucun cas dire que nous négligeons la question de l'élection présidentielle. Pour tous les peuples et pour toutes les nations, un rendez-vous électoral, surtout pour la présidentielle est très important.
Il concerne le sort du pays. Nous ne pouvons pas être indifférents, d'autant plus que depuis plus d'une décennie, à l'approche de chaque élection présidentielle nous voyons l'impérialisme US et ses supplétifs interférer dans nos affaires, parce que l'Algérie dérange en raison de ses positions sur des questions internationales, sa souveraineté. Ses richesses sont convoitées. Elle occupe une place centrale sur les plans géopolitique et géostratégique. Il s'agit, pour nous, d'abord de défendre la nation. Aussi nous nous posons la question de savoir, est-ce que notre participation va aider la nation, aider la majorité du peuple à exprimer ses aspirations, aider le parti à se renforcer. En fonction des réponses qui se dégagent de la discussion, nous formulerons notre position vis-à-vis de la prochaine échéance électorale.
Vous savez qu'il nous est arrivé de ne pas participer, notamment à la dernière présidentielle, du 12 décembre 2019. À cette date, j'étais en prison. Le peuple était encore par millions dans la rue. La situation était des plus anormales. Les législatives qui ont suivi, vous savez dans quelles conditions elles ont été tenues. Pour les locales, on a laissé le choix aux responsables locaux du parti. Certaines wilayas ont participé, d'autres pas. Là où le parti a présenté des candidats, nous avons constaté que la popularité du parti va crescendo. Nous n'avons pas pris part à la présidentielle de 1995 car pour nous la priorité était à la restauration de la paix, ensuite nous avons participé aux législatives de 1997, mais nous nous sommes retirés des locales la même année à cause de la censure pratiquée par le ministre de l'Intérieur de l'époque sur notre programme électoral et le rejet massif de nos listes. En 2002, nous avons présenté des listes aux APW, mais pas aux APC, car nous avions considéré que nous n'étions pas prêts du point de vue de la structuration du parti. En fait, la question des élections est en général tactique, pas stratégique.
Cela dit, une élection présidentielle ou des législatives peuvent prendre une importance stratégique en rapport avec le contexte mondial et les enjeux qu'elle sous-tend. Le génocide qui se commet à Ghaza, les Emirats arabes unis qui tentent de déstabiliser toute la région du Sahel et se comportent en sous- traitant direct de l'entité sioniste, constituent des facteurs qui nous interpellent. Cette entité du Golfe arabique que je viens d'évoquer essaye de déstabiliser notre pays de l'intérieur et de l'extérieur, notamment dans le Sahel et elle tente de provoquer l'irréparable entre notre pays et le Maroc frère en mettant en oeuvre des plans sionistes. Le Parti des travailleurs ne doit pas être en retrait, au vu de ce contexte. Nous répondrons toujours présents à l'appel de la nation.

Et comment donc allez-vous procéder pour vous positionner vis-à-vis de la prochaine élection présidentielle?
Nous procéderons comme à l'accoutumée. Le bureau politique a déjà abordé cette question, avant le Ramadhan. Juste après l'Aïd, le Comité central se réunira pour étudier tout le contexte politique et géopolitique qui préside à cette échéance électorale. Pareil rendez-vous est très important parce qu'il permet une mobilisation populaire, un dialogue avec les citoyens. Mais nous formulons quelques craintes concernant la campagne électorale qui se déroulera en plein mois d'août, une période de grande chaleur et de vacances. Pour le reste, nous prenons acte du fait que l'élection a été avancée de trois mois. Cela fait partie des prérogatives constitutionnelles du président de la République. Nous refusons d'être entraînés dans toute spéculation pour assombrir le climat, semer le doute et des craintes parmi nos concitoyens. Cela dit, on s'attendait plutôt à ce qu'il retarde le rendez-vous d'un ou deux mois, au motif que selon ses propres déclarations, son mandat a été perturbé par le Covid sans oublier sa maladie, mais je reste convaincue, d'ailleurs je le lui ai dit, que le retard peut être rattrapé par des décisions audacieuses sur les plans politique, économique et social. Il s'agit de réunir les conditions nécessaires à la sérénité et au débat démocratique.

Quelles devraient être, selon vous, les mesures à adopter pour garantir un climat serein pour cette présidentielle?
À mon sens, le débat doit concerner le corpus législatif issu de la Constitution du 1er novembre 2020, et je dirai, la Constitution elle-même, adoptée sans débat populaire en plein Covid de plus même si elle contient des choses positives, elle n'en compte pas moins des contradictions. L'arsenal de lois qui a suivi la Loi fondamentale doit aussi être revu. La loi électorale nécessite une réforme sérieuse si on veut garantir l'égalité des chances pour qu'il y ait un climat de détente et pour rétablir la place essentielle des partis politiques. Nous estimons aussi d'importance majeure que soit impulsé un apaisement sur le terrain politique. À ce propos, nous sommes soulagés, voire optimistes, que la Cour suprême ait renvoyé l'affaire de Kamira Nait Sid devant la cour d'Alger. C'est, nous l'espérons, une indication vers la détente, nous espérons sa libération et celle de tous les prisonniers politiques et d'opinion. J'ai personnellement interpellé le Président à ce sujet pour qu'il use de ses pouvoirs dont le pouvoir de grâce présidentielle. Je citerai entre autres dossiers à régler également avant l'échéance électorale, celui des victimes de l'application désastreuse de la loi contre la spéculation. Des milliers de familles sont en détresse. Les autorités ont frappé très fort pour, disent-elles, faire des exemples, mais cette loi d'une extrême violence nécessite une révision. Ces milliers de familles ont besoin d'être apaisées, ce qui ne signifie pas l'impunité pour tout spéculateur.
Il y a aussi le dossier des doctorants et de détenteurs de magistère censés être tous recrutés sur décision du chef de l'État. Nous estimons que l'opération doit être accélérée. Les mesures de détente doivent être mises en oeuvre maintenant et non pas à la veille du scrutin. Des familles de détenus politiques et ceux des victimes de la loi contre la spéculation espèrent une intervention du Président à l'occasion de l'Aïd. À côté de ces gestes, il faut aussi initier des mesures sociales plus hardies. L'État a toute la latitude d'agir. Le pays, n'étant pas endetté, n'a pas à rendre compte au FMI ni à quiconque des dépenses sociales qu'il engage. Lorsqu'on gère les finances publiques, on fait de la politique, pas de l'expertise. Quand le chef de l'État ordonne le recrutement des doctorants et des détenteurs de magistère, le ministre des Finances doit appliquer. Pareil pour l'intégration des contractuels dans tous les secteurs de la fonction publique. Le Président avait annoncé l'échéance de fin 2023 pour leur titularisation. Or, il existe encore des milliers de fonctionnaires qui n'en ont toujours pas bénéficié et pour certains ont été licenciés.
Ces contradictions démontrent l'importance de régler une bonne fois pour toute la question de la nature des institutions. Elle est majeure, et est au centre du débat, en tout cas pour nous, qui va avoir lieu, lors de la campagne électorale, dans le cas où le Parti y prendra part. Nous défendrons le principe de décriminalisation de l'action politique ou syndicale, du travail des journalistes, de l'indépendance des syndicats et associations, le droit de manifester,... etc. Bref, le rétablissement de toutes les libertés démocratiques.
Les contradictions apparaissent également dans la sphère économique. Cela dit je constate qu'en quatre ans, aucune entreprise publique n'a été privatisée. C'est une excellente chose. Il y a cependant l'ouverture du capital du CPA. Là aussi, je constate certes que cette action ne concerne que les nationaux. Donc pas d'étrangers dans le capital de nos banques publiques mais nos craintes ne sont pas dissipées, car cela participe d'une privatisation partielle à notre avis injustifiée. Et celui qui veut avoir une banque n'a qu'à en créer. La loi algérienne le permet. Le président de la République a d'ailleurs précisé que l'introduction en Bourse du CPA n'est pas irréversible. C'est une expérience qui peut se révéler positive ou négative, auquel cas, nous corrigerons si nécessaire. Mais quand j'entends des responsables dire que l'opération CPA est destinée à renflouer les caisses du pays, c'est très inquiétant. L'Algérie n'a pas de problèmes financiers. Pareil pour les entreprises publiques. L'État a le devoir de les aider. Les privés qui veulent investir n'ont qu'à créer leur propre business et ils le font déjà librement. Le secteur marchand de l'État ne doit pas être vendu à des investisseurs étrangers ni même locaux. Le Premier ministre a donné des instructions pour que les entreprises publiques soient aidées. Nous nous en félicitons.
Ces mêmes contradictions sont visibles dans le secteur agricole. La loi de finances 2024 encourage fortement les agriculteurs avec des mesures importantes. Mais lorsqu'on va sur le terrain, on s'aperçoit qu'il n'en est rien. Les professionnels étouffent. Les décisions ne descendent pas. Les blocages sont à différents niveaux. Beaucoup d'agriculteurs sont en détresse. On en arrive à ce que le prix des haricots produits à Adrar atteigne des niveaux indécents. Cela est dû à l'absence d'un système de péréquation. L'État doit soutenir davantage le prix du transport du sud au nord et vice-versa. Sinon l'impact est énorme sur les prix. Le haricot d'Adrar n'est qu'un exemple. Or, il s'agit de la sécurité alimentaire, indissociable de la sécurité nationale en ces temps de guerres multiples et de crises économiques à l'échelle planétaire. Cela m'amène à dire que les responsables doivent descendre sur le terrain et à l'improviste.
Il convient d'admettre qu'il y a l'amorce d'une détente depuis trois mois sur le terrain politique. Nous nous exprimons plus librement. Comme Parti, nous tenons nos réunions, organisons des meetings, des rassemblements sans entraves de la part de l'administration. Nous obtenons les autorisations plus facilement, sur les médias nous sommes beaucoup plus visibles, nos activités sont plus couvertes. Avant, il y avait L'Expression et un ou deux journaux qui rendaient compte de nos activités. Les autres ne le faisaient pas. C'est une autocensure qui a été intégrée produit de craintes et d'absence de protection et garanties. Pour autant, la question des libertés démocratiques est loin d'être résolue, car cela ne signifie pas que les intimidations et les entraves à l'expression des opinions ont cessé. Et nous continuons à militer et à réclamer l'ouverture franche des champs politique et médiatique et plus généralement l'abrogation de toutes lois liberticides et celles qui caporalisent la vie politique, syndicale, associative...
C'est pour cela que je martèle en direction des responsables à la présidence de la République qu'il est urgent d'ouvrir les médias publics au débat politique, pour que cette crainte se dissipe.

Quel bilan faites-vous du mandat du président de la République?
Le bilan du mandat est encore prématuré. D'abord, parce que le Président n'a pas encore affiché ses intentions. Ensuite parce que le mandat n'est pas fini. Il lui reste encore cinq mois. Dans ce laps de temps on peut modifier complètement la situation, si on a la volonté politique. Il y a encore énormément de dossiers qui sont encore sur la table. On a parlé de la Constitution, l'arsenal de lois qui en a découlé. L'article 87 bis doit absolument être abrogé ou tout au moins reformulé. Certes, sur le plan social, il y a la loi de finances 2024, et la loi rectificative de septembre 2023 qui ont intégré des mesures sociales, les grands travaux publics, des projets dans le secteur minier etc. qui vont créer de l'emploi et de la richesse. Nous ne nions pas les efforts qui ont été fournis. Les avancées sur les plans social, politique et économique bien que limitées. Le fait qu'il n'y ait pas eu recours à la privatisation signifie une résistance y compris aux pressions étrangères. La politique de logement a été intensifiée. Quant au pouvoir d'achat, celui-ci a été impacté très violemment par les conséquences de la gestion du Covid. Des corrections ont été apportées à partir de 2022. Un effort a été fourni, des hausses de salaires ont amélioré partiellement la situation, notamment pour les fonctionnaires. Le président de la République a annoncé d'autres hausses pour cette catégorie jusqu'en 2027. Mais à ce jour, on n'a pas encore rattrapé les pertes subies à cause de l'inflation qui reste très élevée.
Les discussions autour des statuts particuliers dans la fonction publique sont en cours. Le Président a renvoyé les copies lorsqu'il les a trouvées non satisfaisantes. Cependant, les travailleurs qui ne sont pas dans la fonction publique c'est-à-dire ceux majoritaires dans la production et les services n'ont pas été touchés par des hausses significatives de salaires qui passent par une réévaluation conséquente du Snmg. Il y a encore des travailleurs dans le secteur public qui touchent à peine le Snmg dérisoire, soit 20 000 DA. Idem pour le secteur privé.
Par ailleurs, je dirai qu'il y a des mesures sociales et économiques très positives, mais sous forme d'une addition qui ne relève pas d'une vision globale. Il y a un manque d'anticipation et de prospective. Cela pose la nécessité de rétablir un ministère de la planification, et à notre avis d'élaborer un plan national d'investissement public incluant une refonte de la politique salariale basée sur l'indexation des salaires et pensions sur le coût de la vie.
Concernant l'indemnité chômage, nous avons lutté pour son institution. Elle évite à nos jeunes de devenir des parias ou des délinquants. En même temps, c'est aussi le moyen de leur trouver un emploi conforme à leurs diplômes et à leurs formations. Le système en place comporte néanmoins plusieurs aberrations. Son caractère exclusif et discriminatoire ainsi que parfois la dévaluation des diplômes par des offres d'emploi inadmissibles. Nous estimons que le système doit être amélioré.

Vous avez rencontré le président de la République, vous avez longuement discuté. Qu'avez-vous retenu?
J'ai rencontré le Président le premier novembre et une autre fois longuement lors d'un autre entretien. Nous avions abordé beaucoup de sujets. J'ai soumis librement nos préoccupations politiques, économiques et sociales et sur les questions internationales à commencer par Ghaza et le Sahel. Le chef de l'État n'a pas fui les problèmes. Il y a eu de l'écoute, des réponses par rapport à une série de problèmes. Depuis, je rencontre des Conseillers du président de la République et des hauts responsables à la Présidence pour leur soumettre des dossiers sur des problèmes socio-économiques, des propositions au sujet de Ghaza, des questions politiques.
Je peux dire qu'il y a de l'écoute, une certaine disponibilité chez ces responsables qui me semblent s'atteler à résoudre une foultitude de problèmes dont ils sont saisis.
Cela dit, je répète la même chose à chaque fois. Le meilleur des Présidents, avec toute la bonne volonté de régler les problèmes, d'améliorer le sort des citoyens, de placer le pays sur la voie du progrès, ne peut réussir que s'il a les institutions nécessaires pour cela. Des institutions qui sont l'émanation de la volonté populaire.
C'est-à-dire qu'elles soient démocratiques et agissent dans la transparence. Un Président ne peut réussir que si les citoyens peuvent s'exprimer et qu'ils trouvent l'écoute, le respect et la prise en charge de leurs 

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