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Crèches à Bouira

Les prix flambent

Ayoub est âgé de trois ans et demi, son père l’a inscrit dans une crèche au tarif de 6000 DA mois.

La probable année scolaire sans le cycle préscolaire, en raison de la crise sanitaire, sème la panique parmi les parents. Même si l'information n'est, à ce jour, pas officielle, le refus des directeurs des établissements du primaire de recevoir les dossiers des enfants nés avant avril 2016 conforte cette appréhension. Comme un malheur ne vient jamais seul et dès l'annonce de cette «rumeur», les écoles privées et les crèches ont revu à la hausse leurs tarifs. Parlant de ces crèches, il faut préciser que certaines ne répondent à aucune norme de sécurité et sont simplement des garages loués où on entasse des enfants de 8 heures à 16 heures moyennant des tarifs qui varient entre 9000 et 12.000 DA le mois pour chaque bambin. Après le phénomène des cours payants, la société algérienne dans son développement a vu arriver dans sa cellule familiale le fait nouveau que sont les crèches. Parce que la maman travaille pour soutenir son mari dont la mensualité quelquefois ne permet pas de joindre les fins de mois, les enfants subissent et vont à la «garderie» dès leur jeune âge. Il s'agit plus de «garderie» que de crèche au vrai sens du terme. Désormais, il en existe dans chaque quartier.
Les appellations sont attirantes: les Schtroumfs, Les Anges, Touyour el djena, Ennour... pour ne citer que ces dénominations qui inspirent l'innocence, la joie enfantine. Le lieu est souvent une villa louée, un garage aménagé où sont entassés, du matin au soir, une trentaine d'enfants encadrés par des jeunes filles diplômées, mais sans aucune notion de psychopédagogie. Elles savent changer les couches, crier pour rétablir le calme, menacer l'enfant pour l'obliger à dormir... la responsable ou le responsable savent compter les sous. Quand vous vous présentez pour être informé, on vous accueille avec le sourire et on vous étale une large liste de prestations comme l'apprentissage des langues, les activités manuelles, les programmes préscolaires. On vous invitera à faire un tour dans la cuisine, on se gardera de vous faire voir les quelques peluches éparpillées dans la salle, le tout pour vous convaincre que l'avenir de votre être le plus cher est là et non ailleurs. Ayoub a trois ans et demi, son père l'a inscrit dans une crèche contre 6 000 DA par mois. Au bout de 3 jours il refuse de s'y rendre. En réponse à la question quant à son refus, il dit à sa maman: «Toujours des macaronis et l'enseignante est méchante.» Depuis, il n'a plus remis les pieds dans cette structure.
Ce témoignage innocent laisse sous-entendre beaucoup quant à ce qui se passe dans ces établissements qu'aucune administration ne contrôle. Comme l'activité est rentable, le nombre d'établissements augmente chaque année. Pour ne pas mettre tout le monde dans le même sac, précisons que certaines écoles prennent en charge convenablement les enfants en leur dispensant un programme conforme à celui du secteur public avec en plus des activités, des cours de langue. C'est précisément le cas des écoles «Nadjah» dont la réputation a dépassé les frontières de la wilaya. L'encadrement, les moyens sont à la hauteur quand dans d'autres établissements, l'unique souci demeure celui de l'argent. Cette école privée fait du 100% aux examens nationaux pour les trois paliers. S'agissant des petits enfants, ils sont répartis en plusieurs sections, petites, moyennes et grandes sections quand sous d'autres toits des enfants d'âges différents sont confiés à des éducatrices souvent mal formées et nécessitant des cours en psychopédagogie. La suppression du préscolaire, s'il venait à être confirmé, sera une charge financière supplémentaire pour les parents qui travaillent à deux et qui n'ont d'autre alternative que ces crèches ou ces garderies où l'enfant est confiné dans un espace muré et cloiîtré toute la journée. La très grande majorité des crèches ne dispose d'aucun espace extérieur pour jouer. Le recours à la réduction du nombre d'élèves par classe, édicté par la crise sanitaire qui est la raison essentielle dans l'annulation du préscolaire, ne semble pas concerner ces établissements privés qui inscrivent le maximum d'enfants. Ils sont quelquefois plus de 60 à se bousculer dans une salle ne pouvant contenir que la moitié. Même constat pour le réfectoire et la salle de la sieste.
L'Etat, qui a la responsabilité quant à la santé de ces concitoyens, devra réagir et opérer des contrôles dans ces établissements qui poussent comme des champignons. Ces structures doivent faire l'objet d'un contrôle permanent sur les plans de la sécurité, de la pédagogie, de l'hygiène. Pour ne pas noircir totalement le tableau il faut aussi préciser que certaines crèches jouent le jeu à fond en assurant pas exemple le transport des enfants depuis la maison jusqu'à l'école pour les scolarisés et à la crèche pour les plus petits. Elles assurent des repas surveillés par des nutritionnistes, les encadreurs suivent des formations auprès des psychologues. Parce qu'il s'agit d'enfants en bas âge, il est du devoir des pouvoirs publics de réglementer rigoureusement cette activité lucrative. Les directions de l'éducation, de la santé, du commerce, de l'action sociale, de la protection civile... doivent avoir un droit de regard, voire un devoir de surveillance.

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