L'oxygène manque toujours

C'est du moins le cas à l'hôpital Ibn Sina de Annaba où, la journée d'avant-hier samedi, a été marquée par un manque criard d'oxygène dans le service des urgences, apprend-on de source médicale. Tenant compte des informations qui ont filtré, nous avons, comme le veut la déontologie de la profession, fait le déplacement audit établissement, pour constater, par nous-mêmes, la véracité de l'information. Sur place, nous avons été choqués par une altercation entre deux personnes, toutes deux membres des familles de deux malades. Le frère d'une patiente, placée sous oxygène, était surpris de trouver sa soeur au bord de l'asphyxie, parce que le parent d'un autre malade, au même service des urgences à Ibn Sina, a déplacé le masque vers son frère. À noter que la bouteille d'oxygène a été achetée par les moyens de la malade, souffrant d'une insuffisance rénale. Autre cas, même constat pour cette patiente, dont le manque d'oxygène a contraint sa famille de se faire prêter une bouteille d'oxygène à moitié vide. Selon un parent de la malade, cette quantité ne peut suffire que deux jours, après «Dieu est Miséricorde». Quant à la situation sanitaire de la patiente, nous n'avons pas été autorisés à en parler... Et le black-out est synonyme de la gravité de la situation. Un état de fait qui en dit long sur la situation dans le service des urgences, où le manque d'oxygène et le désarroi du personnel médical et paramédical, se font de plus en plus sentir. Et pourtant, si l'on se rappelle bien, la question de l'oxygène a été presque résolue, avec le ravitaillement régulier et quotidien des six hôpitaux de la wilaya d'Annaba en oxygène, par le complexe Sider El Hadjar. Selon un communiqué émanant de la cellule de communication de Sider El Hadjar, «Le complexe sidérurgique Sider El Hadjar d'Annaba fournira quotidiennement 5000 litres d'oxygène liquide aux structures de santé en charge des malades infectés par la Covid-19 dans le cadre du soutien des efforts de lutte contre la pandémie». Selon la même source, «depuis le lancement de l'opération, le 19 juillet, Sider El Hadjar a distribué 85000 litres d'oxygène dont 70000 par Linde Gaz et 15000 par Sidal Gaz». Aux termes du même communiqué «l'oxygène est produit par la centrale à oxygène de Sider El Hadjar, dont la capacité dépasse les 14000 m3/heure...». Par ailleurs, «le complexe Sider El Hadjar s'engage, dans le cadre des efforts de lutte contre la pandémie de Covid-19 et de protection de la santé des patients, à renforcer le stock des infrastructures sanitaires, en oxygène...» a précisé la même source. Dans le même contexte, le complexe industriel Attia (Eurl Lamino), sis Sidi Amar, a rallié le file de la solidarité, en assurant de grandes quantités d'oxygène aux différents hôpitaux à Annaba et à l'est du pays, avec une production de 100 bouteilles/j d'oxygène médical, offertes, à titre gracieux, à chaque hôpital qui en exprime la demande. Au-delà, il faut souligner que la wilaya d'Annaba fait partie des 15 wilayas de l'est du pays, censées être ravitaillées en oxygène médical, depuis la wilaya de Jijel, retenue par les autorités de l'État, comme étant le pôle régional de la production de l'oxygène. Une production assurée par le complexe Algerian Qatari Steel de Bellara. Rappelons que depuis la prise de cette décision, le complexe a produit et fourni plus de 1,5 million de litres d'oxygène aux établissements de santé de la région est, dont Annaba, a hauteur d'une moyenne de 50000 l/j. Or, malgré toutes ces quantités de ce produit vital pour les malades, les conditions restent insoutenables dans la wilaya d'Annaba, où l'oxygène manque toujours. Situation suscitant moult interrogations, notamment après le dernier communiqué émanant du cabinet du wali. La réaction fait suite à la vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, sur la persistante pénurie d'oxygène médical dans les hôpitaux de la wilaya. Aussitôt, Djamel Eddine Berrimi a émis un communiqué dans lequel il a instruit le propriétaire de l'unité Attia, Laminoir, de ne plus distribuer d'oxygène aux privés. Au titre du même communiqué, le chef de l'exécutif informe que la wilaya d'Annaba est approvisionnée en faibles quantités d'oxygène, de manière perturbée, estimées à 1000 et 2000 l/j, distribuées pour les hôpitaux Ibn Rochd, Ibn Sina, Sainte-Thérèse et Dorban, ainsi que les hôpitaux d'El Bouni, El Hadjar, Chétaïbi et Aïn El Berda, indique la même source. Ce dernier précise que le wali n'a jamais ordonné la vente de l'oxygène aux privés. C'est lors de sa visite d'inspection à l'unité Attia, qu'il a remarqué des voitures touristiques et des camions portant des immatriculations de différentes wilayas, explique ledit communiqué. Ce dernier souligne que les malades se trouvant dans les hôpitaux de la wilaya d'Annaba, sont pris en charge avec la disponibilité d'oxygène produite par l'unité du complexe El Hadjar.