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MOYEN-ORIENT

La démocratie au secours de la paix

L´Occident, dans sa composante européenne aussi bien que nord-américaine, a été surpris par les récents développements en Tunisie. Il le fut aussi par la rapidité de leur extension à l´Egypte. Cette extension a aussitôt déclenché le signal d´alarme concernant l´avenir de la sécurité d´Israël. C´est que le pays du Nil est considéré comme la pierre angulaire de «l´équilibre» au Moyen-Orient depuis la signature des accords de Camp David en septembre 1978 entre Anouar El-Sadate et Menahem Begin, lesquels furent suivis en 1979 par le premier traité de paix jamais conclu entre un pays arabe et Israël. Le second et dernier à ce jour, le fut en octobre 1994 entre le premier ministre israélien Yitzhak Rabin et Abdelsalam Al Majali, son homoloque jordanien, en présence du président Ezer Weizman et du roi Hussein qui échangèrent une poignée de main largement médiatisée.
Le traité de 1979 permit à Israël de neutraliser une pièce maîtresse du dispositif militaire arabe, se libérant du coup de toute contrainte pour mener sa politique agressive contre le peuple palestinien avec tous les excès connus comme ceux commis à Ghaza, lesquels sont qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l´humanité.
«L´équilibre» sur lequel veille l´Occident et qui n´existe que dans l´esprit des inconditionnels d´Israël, est en réalité le garant de l´impunité dont jouit ce pays malgré ses violations incessantes des règles les plus élémentaires du droit international.
Cet «équilibre» a été construit sur du sable car il le fut avec la complicité de dictateurs, contre la volonté de leurs peuples. Cet «équilibre», s´est fait au détriment de la justice qui est le seul fondement durable de la paix.
Depuis quelques semaines, les déclarations d´hommes politiques comme les écrits et les débats des «experts» occidentaux ont pour dénominateur commun les conséquences que pourrait avoir pour Israël la fin des dictatures dans les pays arabes. Cette obsession de l´Occident n´est pas celle des jeunes manifestants de l´avenue Bourguiba à Tunis ou de la place Tahrir au Caire. Comme l´a dit Moulay Hisham El-Alaoui, sur le plateau de la télévision «France2», le 8 février 2011, suscitant une gêne visible du secrétaire d´Etat français au Commerce, Pierre Lellouche, et du philosophe Alain Finkielkraut, «nous ne dormons pas avec Israël et nous ne nous réveillons pas avec Israël». Ces paroles sont pleines de sens. Aucun slogan anti-israélien n´a été clamé par les manifestants en Tunisie et en Egypte. Aucun drapeau israélien ou américain n´a été brûlé.
Les télévisions du monde entier, présentes en force à Tunis et dans d´autres villes tunisiennes, au Caire et dans d´autres villes égyptiennes, auraient passé en boucle de telles images, au grand bonheur de ceux qui soutiennent, contre tout bon sens, que l´aspiration à la dignité et à la démocratie des peuples arabes est inspirée exclusivement par le rejet d´Israël. Ce dernier n´a pas besoin d´être rejeté, il s´est volontairement mis au banc des pays de la région en ignorant l´offre d´une «paix juste et globale» formulée dans l´initiative de l´actuel roi Abdullah d´Arabie Saoudite et entérinée par le Sommet de la Ligue des Etats arabes tenu à Beyrouth en mars 2003, un Sommet où siègent les partenaires de la paix avec Israël. L´offre est basée sur un principe simple, «la paix contre les territoires» occupés en 1967. Elle est sérieuse, généreuse et constitue un choix stratégique pour les pays arabes. Israël a refusé de la faire sienne. Ce pays n´a fait aucun pas en avant, sachant pourtant que les autres ont parcouru un long chemin pour aller à sa rencontre. Pire, il a reculé chaque fois que l´autre partie a avancé, se murant dans une intransigeance meurtrière et déstabilisant sans cesse, en recourant aux moyens extrêmes, toutes les situations potentiellement porteuses d´espoir pour la région.
En se démocratisant, les pays arabes renforceraient les chances de la paix au Moyen-Orient. Ils rompraient les rapports de vassalité que les dictateurs entretiennent avec l´Occident, sans tenir compte de la volonté et des sentiments de leurs peuples. De toute façon, ces rapports iniques étaient condamnés à prendre fin un jour pour laisser place à des relations d´Etat à Etat. Ceux qui, aujourd´hui, s´inquiètent des dangers que les développements en cours feraient courir aux pays arabes sont ceux-là même qui ont nourri l´intransigeance d´Israël et garanti son impunité. Ce sont eux qui recyclent tous les clichés réducteurs pour discréditer les aspirations légitimes des peuples arabes à la dignité, à la modernité et à la démocratie. Ils sont congénitalement incapables d´atteindre ces nobles idéaux soutiennent certains, visiblement de mauvaise foi, présentant encore le Monde arabe à travers la description exotique qu´en faisaient les orientalistes du XIXe siècle. N´en déplaise à ces culturalistes, pour ne pas dire à ces racistes, les soulèvements qui se déroulent ou se profilent au Maghreb et au Machrek sont d´inspiration sociale et politique et non religieuse. Les peuples arabes ont décidé de prendre en charge leur destin. Ils ne veulent plus qu´on viole leur conscience. Ils veulent s´approprier les instruments de la modernité et de la démocratie qui sont à leur portée.
Israël n´est pas une obsession, mais un Etat arabe démocratique, quel qu´il soit, ne ferait pas de cadeau à ce pays qui veut obtenir tout sans rien céder en échange, voulant même arracher toujours davantage en érigeant l´usage de la force comme unique langage. L´accord de paix signé par l´Egypte en 1979 fut un cadeau. Comme le fut aussi celui signé par la Jordanie en 1994. Il est dans l´intérêt de la paix dans la région et dans le monde de ne plus faire de cadeaux aux fauteurs de troubles et Israël a amplement démontré qu´il est un champion toutes catégories dans ce domaine.
L´instauration de la démocratie en Egypte ne se fera pas au détriment d´un «équilibre» qui n´est qu´une chimère pour les peuples arabes et principalement pour les Palestiniens qui en vivent quotidiennement les conséquences dramatiques depuis des décennies. Bien au contraire, un tel développement rétablirait un équilibre prometteur et forcerait Israël à faire enfin le choix de la paix, un choix inéluctable qui est dans l´intérêt de toute la région et du monde et que l´Occident n´a pas voulu lui imposer malgré les leviers dont il dispose. La paix conclue avec les dictateurs ou basée sur la force n´a pas d´avenir. Seule une paix qui a l´assentiment des peuples peut être frappée du sceau de la pérennité.

(*) Ancien diplomate

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