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Kacem Ait Yalla, Président de la CACI en France, à L'Expression

«La France doit s'ouvrir aux Africains»

Président de la Chambre de commerce et d'industrie algérienne en France, Kacem Ait Yalla assure qu'il y a 500 entreprises françaises qui se sont implantées en Algérie et génèrent plus de 140000 emplois directs et indirects. S'agissant du durcissement des conditions de l'octroi des visas décidé par le gouvernement français à l'égard des Algériens, mais aussi des autres Maghrébins, Kacem Ait Yalla soutient:
«Nos partenaires du Nord se doivent d'apporter des éléments correctifs à cet état de fait.».

L'Expression: Le durcissement des conditions de l'octroi des visas décidé par le gouvernement français à l'égard des Algériens, mais aussi des autres Maghrébins, a entraîné des conséquences fâcheuses. De nombreux opérateurs économiques, pour ne citer que cette frange, ont crié leur colère...Quelle est votre étude à ce sujet?
Kacem Ait Yalla: C'est étrange! On dépense des millions pour la promotion des espaces du vouloir «vivre-ensemble» (La Méditerranée des 2 Rives, Europe - Afrique, France - Afrique, les accords d'association UE - Afrique du Nord...) et de l'autre côté, on obstrue la circulation des personnes. Cette logique ne passe plus dans la tête des entrepreneurs et de la jeunesse en Afrique. Il y a anguille sous roche. Nos partenaires du Nord se doivent d'apporter des éléments correctifs à cet état de fait. La liberté de circulation des personnes et des biens entre les pays ou même les continents est non négociable. Elle se doit d'être au centre des discussions d'entente et de partenariat. La France partenaire historique de l'Afrique doit défendre et d'une manière ferme, l'ouverture de la France aux Africains et vice-versa. Nous serons plus de 600 millions de francophones en Afrique à l'horizon 2050. Nous possédons 90% des réserves mondiales de matières premières... L'Afrique représente le futur de l'humanité. Les perspectives de la relance économique post-crise sanitaire pointent du nez et sont accompagnées par l'entrée de l'humanité dans un Nouveau Monde. Un monde des trente audacieuses où, le savoir et les sciences seront sans limites; la société civile portée par l'intelligence collective sera au centre du dispositif de gouvernance et de relance économique. Nous entrons dans un monde où la gestion optimale et intelligente des risques sera primordiale: un monde à deux vitesses. Nous voulons nous ouvrir au monde et ensemble, nous le reconstruirons sur une nouvelle base.

Il y a quelques jours, s'est tenu le Forum des mondes méditerranéens durant lequel le président Macron a salué le rôle des diasporas et a annoncé la création d'un fonds de 100 millions d'euros pour soutenir et accompagner les projets entrepreneuriaux de France tournés vers l'Afrique du Nord. Que pensez-vous de cette initiative?
La diaspora africaine! Qui sommes- nous? Des professionnels - médecins, cadres, ingénieurs, chefs d'entreprise - qui ambitionnent de contribuer significativement au développement de leur terre d'origine. C'est avec cette nouvelle génération, dynamique, décomplexée et surtout multiculturelle, que nous construirons la Nouvelle Afrique.
L'Afrique est une et indivisible! Nous sommes plus de 36 millions à l'étranger dont 11 millions de personnes d'origine algérienne et transférons vers nos pays d'origine plus de 70 milliards d'euros par an dont près de 10 milliards en provenance de la France. En convertissant ces transferts en fonds d'investissements, nous pouvons multiplier l'impact de ce chiffre par 10. L'Afrique a chiffré ses besoins. Ils sont de 100 milliards d'euros pour la mise à niveau post crise sanitaire, de 360 milliards d'euros pour l'investissement dans les infrastructures. La troisième phase va être de lancer un fonds d'investissement structurant (Plan Marshall africain) de plusieurs trillions d'euros. L'Afrique a besoin de partenaires pour l'accompagner dans sa croissance. Les IDE en provenance de l'Asie et de l'Occident se doivent de s'inscrire dans des partenariats gagnants-gagnants et encourager la transformation et la valorisation de nos ressources chez nous. Le numérique 3.0 et l'industrie 4.0 modifieront notre façon de vivre et de travailler, ils accroîtront nos capacités d'adaptation au changement, de mobilisation et de reconfiguration rapide. Nous sommes dans une société de transparence, la protection de nos données est plus que stratégique. L'enjeu est de taille! Face à l'ubérisation progressive de tous les secteurs de l'économie, l'évolution des processus pour les entreprises est à repenser. Avec le Smart Big Data, les hiérarchies intermédiaires vont disparaître, le travail à distance va se développer et le patron sera celui qui détient la propriété du logiciel et des brevets.
Tous les métiers, tous les produits sont appelés à se transformer grâce au numérique. Le but est d'inventer de nouvelles sources de création de valeur ajoutée autour de l'intelligence artificielle (IA), le génie génétique, la robotique, l'interfaçage homme-machine (IHM), la réalité étendue (XR), la fabrication additive et l'impression 3D.

Quel est le nombre approximatif des investisseurs français en Algérie? Quels sont les champs d'action pour les uns comme les autres?
À ce jour, 500 entreprises françaises se sont implantées en Algérie et génèrent plus de 140000 emplois directs et indirects. Elles sont dans plusieurs domaines.
Ces flux font aujourd'hui de la France le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie. Les investissements français couvrent ainsi la quasi-totalité des secteurs d'activité algériens et concourent directement à la diversification de l'économie du pays. Ils concernent en particulier le secteur financier, l'industrie automobile, les transports, les industries alimentaires, l'industrie pharmaceutique, la construction, le secteur de l'extraction minière et de la formation. Avec la crise!
Le monde va mal et la France aussi. Le monde est dans la même situation qu'à la fin du XIXe siècle: endettement, chômage, travail à la tâche, précarité sociale et couverture très limitée face aux risques. La solution pour la France, réside incontestablement dans la relance de la conquête des marchés à l'export. En Allemagne, plus de 300000 entreprises sont exportatrices. En Italie, elles sont plus de 200000, tandis qu'en France, elles ne sont que 100000. L'entreprise France doit s'exporter. L'Algérie en particulier et l'Afrique du Nord en général sont la cible privilégiée pour le redéploiement géostratégique français vers l'export, en l'occurrence le marché africain.

L'Algérie est à l'intérieur d'un espace économique de plus de deux milliards de consommateurs (Afrique, Europe et Moyen -Orient) et offre des opportunités inestimables. Qu'en pensez-vous?
Il ne faut pas comparer notre système d'investissement étranger (IDE) en Algérie avec celui de nos voisins. Chez nous, les investisseurs étrangers sont apporteurs de savoir-faire et de technologies dans des entreprises de droit algérien. L'apport au capital est insignifiant en volume par rapport aux financements dans les investissements et dans la trésorerie de fonctionnement qui sont des ressources de droit algérien. Nous allons progressivement vers l'ouverture de notre économie au marché financier international et permettre ainsi d'accueillir des IDE capitalistiques potentielles. Dans cette transition, il y a une véritable opportunité pour les capitaux issus de notre diaspora, il faut juste aller les chercher!
Il faut signaler que l'instruction de la Banque d'Algérie no 06-21 du 29 juin 2021 qui vient en application des articles 23 et 67 du règlement no 07 01 du 3 février 2007 modifié et complété, a pour objet de fixer les modalités d'ouverture et de fonctionnement du compte devise commerçant et du compte devise professionnel non commerçant et la répartition des recettes d'exportation, de biens et de services hors hydrocarbures et produits miniers, relatif aux transactions courantes avec l'étranger et aux comptes devises. C'est une grande avancée dans la facilitation et l'excursion d'opérations en devises pour nos entreprises.

Le domaine des énergies occupe le haut du tableau en matière des échanges commerciaux entre l'Algérie et la France. Pour les autres secteurs, les milieux d'affaires parlent plutôt de régression. Comment analysez-vous cette situation?
La consommation énergétique en France est de 1500 TWH en 2020 (40% nucléaire, 28,1% pétrole, 15,8% gaz naturel et 12,9% ENR). Il faut savoir que 99% du gaz en France est importé. Le premier fournisseur de gaz pour la France est la Norvège, qui pèse plus du tiers des importations. La Russie arrive en 3e position en sources d'approvisionnement, à hauteur de 17% et l'Algérie et les Pays-Bas 8% en 4e position (Iris).
Pour le pétrole, les exportations algériennes vers la France ont été de 3,4 millions de tonnes en 2020 sur un total de 33,2 millions de tonnes importé par la France (Insee).
Mon analyse à propos de la situation énergétique repose sur des faits. L'énergie est la grandeur fondamentale de la croissance du PIB. Le réchauffement climatique a imposé au monde une transition vers une énergie plus propre (dé carbonée). L'Europe a décidé de s'orienter vers l'hydrogène vert, le nucléaire et le gaz naturel et cela, quel qu'en soit le prix. L'Algérie est en pole position. L'Algérie doit rester un grand pays énergétique, ses ressources ne sont pas une malédiction.
Nous avons un capital de savoir-faire inestimable, toute la question est de le faire savoir et l'adapter aux changements. Le changement c'est le mix énergétique sans aucun tabou. Dans le contexte de transformation numérique accéléré, l'énergie est la principale source de coût et de préoccupation des industriels. Nous disposons d'un potentiel d'environ
14 Terawatts-heure d'énergie solaire photovoltaïque, soit près de 4 fois la consommation électrique moyenne de l'Union européenne. Le temps d'insolation du territoire algérien excédant plus de 2 500 heures par an et peut atteindre jusqu'à 3 900 heures par an. L'hydrogène vert (soleil + eau) est de fait notre nouveau challenge énergétique à destination de nos partenaires européens. À propos des autres secteurs! La concorde nationale et la stabilité sont implantées durablement chez nous. Nous affrontons la crise, nous ne la subissons pas. Nous avons les fondamentaux qui nous permettront d'y faire face et même de la vaincre. L'investissement productif va s'accélérer. La création de la valeur ajoutée et de l'emploi doivent être les axes directeurs de notre vision. Ceci n'empêche pas les réformes (retraites, charges de fonctionnement etc.). Pour les transferts sociaux qui sont à des niveaux très élevés, le gouvernement compte, à l'avenir, consacré ces subventions aux nécessiteux à travers un nouveau système de répartition. La politique de subventions serait maintenue pour tous jusqu'au parachèvement de ce système.
Comme toute entreprise, l'entreprise Algérie optimise ses dépenses en fonction de ses recettes. L'effondrement des prix des hydrocarbures, a repensé notre modèle de croissance et la dernière tripartite et tracé un nouveau modèle économique plus diversifié et basé sur la création de richesse par l'entreprise.
Ceci va développer nos capacités productives, réaliser un niveau suffisant d'intégration et de diversification de notre économie, construire une industrie nationale forte, compétitive, intégrée à l'économie mondiale et orientée aussi vers l'exportation.

Les investisseurs français se plaignent des conditions et de la réglementation algérienne. Les Algériens se plaignent également de leur côté quant à leur chance d'investir en France. N'est-ce pas que c'est une situation paradoxale?
Tous les entrepreneurs et investisseurs dans le monde entier se plaignent en cette période de crises. La stagnation économique induite de cette situation va ouvrir de belles opportunités entrepreneuriales post-crise sanitaire. Le numérique 3.0 et l'industrie 4.0 modifieront notre façon de vivre et de travailler, ils accroîtront nos capacités d'adaptation au changement, de mobilisation et de reconfiguration rapide. Nous sommes dans une société de transparence, la protection de nos données est plus que stratégique.
L'enjeu est de taille! Face à l'ubérisation progressive de tous les secteurs de l'économie, l'évolution des processus pour les entreprises est à repenser. Avec le Smart Big Data, les hiérarchies intermédiaires vont disparaître, le travail à distance va se développer et le patron sera celui qui détient la propriété du logiciel et des brevets. Tous les métiers, tous les produits sont appelés à se transformer grâce au numérique. Le but est d'inventer de nouvelles sources de création de valeur ajoutée.
À propos des conditions d'entreprendre, c'est un fait, une simplification administrative et réglementaire relatifs à l'investissement et de l'environnement de l'entreprise en Algérie se doit de se réformer, de se simplifier et de ne pas subir constamment, des décisions administratives et politiques aléatoires. Il faut protéger le chef d'entreprise en dépénalisant l'acte de gestion, donner une deuxième chance à celui qui a échoué sans fauter, créer des tribunaux de commerce gérés par les entrepreneurs, encourager l'acte d'entreprendre et soutenir le chef d'entreprise dans sa solitude quand il est en difficulté. Entreprendre est un acte citoyen!

Des voix de la diaspora algérienne s'élèvent régulièrement pour demander aux autorités de leur pays la création d'une banque algérienne en France leur permettant de les accompagner dans leurs projets. Cette banque verra-t-elle le jour ou à défaut, y aura-t-il des solutions alternatives?
En Europe, les banques physiques ferment chaque jour (dernièrement ING). Les banques en Algérie traitent toutes des opérations en devises. Créer une banque numérique en connexion avec une banque algérienne pour notre diaspora serait une bonne chose. Pour l'accompagnement des investisseurs issus de la diaspora, il existe plusieurs outils et instances d'accompagnement (Andi, Cnrc, Diplomatie économique, Caci, organisations patronales...) 

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