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Abou El Fadl Baâdji, secretaire general du FLN, à L’Expression

«Le nouvel Exécutif surprendra»

Affable, sans langue de bois, le secrétaire général du FLN s'ouvre aux colonnes de L'Expression et confie que la victoire de son parti aux dernières législatives est loin d'être une surprise. «C'est une évidence même, car à mon arrivée à la tête du FLN en mai 2020, j'ai diagnostiqué le mal du parti et j'avais le remède qu'il fallait», explique-t-il, victorieux, mais sans crier au triomphe. Contrairement à ce qui est répandu à tort, corrige-t-il, les citoyens ne détestent pas le FLN, mais rejettent certaines de ses figures. Sans tamis, sans restriction, il s'exprime sur tous les sujets: le futur gouvernement, sa rencontre avec le président, l'alliance avec les autres partis et les options que défendra le FLN à l'APN.

L'Expression: Votre parti a été vainqueur des dernières législatives avec 98 sièges, quelle lecture faites-vous de ces résultats?
Abou El Fadl Baâdji: Pour nous, ces résultats ne sont pas une surprise. Puisqu'on n'a jamais douté de la suprématie de notre parti. Je le disais, lors des réunions et meetings du parti, que nous allons préserver cette position de leader. Quand je suis arrivé à la tête du FLN, le 30 mai 2020, j'ai ramené avec moi une feuille de route axée sur plusieurs aspects, dont l'aspect structurel du parti avec la redynamisation des kasmas et des mouhafadhas, laissées à l'abandon, par l'injection d'un nouveau sang à travers des cadres jeunes et compétents, la réintégration des vrais militants qui ont été marginalisés par les anciennes directions, la lutte contre l'argent sale et les auteurs de cet argent. Enfin on a ouvert grandes les portes des structures du parti aux jeunes. Si bien, qu'à la tête des kasmas et des mouhafadhas, on a mis des médecins, des ingénieurs et des docteurs d'état... en somme des compétences universitaires dans tous les domaines. On est arrivé à renouveler la moitié des structures et l'opération se poursuit toujours.

Les observateurs les plus avisés soutenaient que le FLN serait le grand perdant de ces législatives. À la surprise générale, il s'en sort vainqueur. Est-ce l'abstention qui vous a bien servis ou y a-t-il un secret derrière cette victoire ?
Il n' y a pas de miracle autre que celui de donner la chance aux militants crédibles et compétents. Le résultat suivra nécessairement et c'est ce qui s'est passé lors des dernières élections législatives. Lors de la proposition des candidatures, j'ai veillé personnellement à ce que, seules les personnes jouissant de probité, de compétences et de popularité et qui n'ont aucune relation avec l'argent sale, soient éligibles à la candidature. Quand on a ficelé les listes, elles ont été perçues et reçues avec respect, c'est dire que la vision des citoyens a changé, même les autres partis étaient étonnés de la qualité des candidats du FLN. En réalité, les citoyens ne détestent pas le FLN en tant que parti, ils détestent certaines figures qui ont fait du mal au FLN et au pays. On a mené notre campagne dans le respect du protocole sanitaire défini par l'Anie et le résultat a suivi et, au risque de me répéter, nous n'étions nullement étonnés et on n'a jamais douté. D'une manière générale, j'ai diagnostiqué le mal dont souffrait le FLN et j'ai ramené son remède. Ce n'est pas une exagération que de dire que le FLN est un parti géant, qui a son histoire, son passé et une implantation dans les moindres recoins du pays. Nous avons 1668 kasma et 1548 communes sur tout le territoire national. Aucun parti en Algérie ne peut prétendre à une pareille présence. Ensuite, on a instauré la discipline au sein du parti et on a été juste dans nos décisions: pas de règlements de comptes. A présent, je lutte contre une certaine culture qui a sévi au parti et qui est celle du militantisme rentier. Je conçois qu'un militant doit avoir de l'ambition, qu'il doit être intéressé, mais il doit obéir à des règles éthiques, morales et à la stricte discipline du parti. Avec un discours franc, j'ai redonné de l'espoir aux militants. Il y a eu un grand changement dans le discours.
La meilleure preuve que notre démarche a réussi, est qu'il n'y a pas eu de défilés de militants au siège du parti pour contester les listes de candidatures, contrairement aux élections précédentes, celles de 2012 et de 2017. Aucun militant n'est venu contester les listes une fois ficelées et c'est une première. Le parti se renouvelle, s'agrandit et ne se dissipe pas. Il faut analyser la situation sans émotion, froidement. Qu'on aime ou qu'on déteste le FLN, les faits sont là et l'urne a tranché et on voit bien qui doit aller au musée comme certaines parties le revendiquaient. On a intentionnellement jeté aux orties le FLN, sous prétexte qu'il a géré et soutenu l'ex-président de la République. Mais de grâce, quel parti, quel institution n'a pas subi les torts de l'ex-président? Tout le monde a été écrasé par le clan présidentiel et en premier le FLN. Des partis nous reprochent et nous accusent d'avoir été la cause de cette mal-gestion, il se trouve que ce sont ces mêmes partis qui composaient l'alliance présidentielle à une période ou l'argent public était dilapidé, plus exactement dans les secteurs qu'ils géraient eux-mêmes! On a vu les dossiers de l'autoroute Est-Ouest, l'affaire du thon et j'en passe...

Vous êtes le premier parti à être reçu par le président de la République, dans le cadre des consultations politiques élargies, pour la formation du nouveau gouvernement. Comment s'est déroulé ce premier contact avec le président que votre parti n'a pas soutenu lors de la présidentielle de 2019?
Le contact a été très cordial avec le président, chez lequel on s'est présenté avec une délégation composée d'un parfait équilibre régional puisqu'elle était composée de représentants de l'Est du pays, de l'Ouest, de Kabylie et du Sud. On a abordé plusieurs questions, dont la situation politique et économique du pays et notre participation au gouvernement. Le président s'est entretenu avec les membres de la délégation, une manière pour lui de prendre le pouls de chaque région...

Vous réclamez la majorité dans le prochain gouvernement. Pouvez-vous nous dire quels sont les portefeuilles ministériels que vous convoitez?
Il est évident que la composition de l'équipe gouvernementale va refléter la dimension réelle de chaque parti ayant participé aux législatives. On est toujours en consultation pour les portefeuilles ministériels. Le FLN a une expérience dans la gestion gouvernementale, mais le dernier mot revient au président de la République, nous, on ne fait que proposer.

Peut-on connaître le nombre de CV pour des postes ministériels que vous avez proposés?
Je ne peux rien avancer pour le moment et rien n'a été tranché ni sur le nombre ni sur les postes. Le président nous a reçus, mais il a reçu d'autres partis qui ont certainement, fait leurs propositions. Mais bien évidemment, nous souhaitons des postes ministériels à la mesure de nos résultats. Le parti fourmille de cadres jeunes dans tous les secteurs.
Il y aura des cadres de valeur, et de nouveaux visages dans le futur gouvernement, ce qui reflétera le vrai changement.

Avez-vous pris attache avec d'autres partis pour la formation du gouvernement?
C'est une prérogative du président de la République et nous respectons sa décision. La Constitution ne stipule pas que c'est le premier parti qui doit conduire les consultations. La certitude est que nous ferons partie de cette majorité présidentielle, surtout que notre programme est proche de celui du président.

Selon vous, quel devrait être le profil du prochain Premier ministre? Avez-vous fait des propositions de personnalités au président de la République?
On n'a pas abordé cette question précise avec le président qui a cette prérogative de désigner le Premier ministre, mais en ce qui me concerne, je vois qu'en ce moment précis et vu les conditions économiques très difficiles et complexes que traverse le pays, le futur Premier ministre doit être une personnalité jouissant d'une grande expertise dans le domaine économique, en d'autres termes, une personnalité économique. La crise sanitaire a engendré, comme partout dans le monde, de terribles effets socio-économiques. La fermeture des entreprises, le manque d'investissements et le chômage ont eu des effets drastiques, ce qui, à mon avis, nécessite que le futur Premier ministre maîtrise parfaitement les questions économiques, pour venir à bout de ces fléaux engendrés par la crise sanitaire. C'est pour dire que l'un des premiers défis du prochain gouvernement sera de trouver des solutions pour faire redémarrer une machine économique totalement à l'arrêt. J'insiste que c'est mon avis personnel, pour le reste, le président est mieux placé pour choisir la personnalité qu'il faut.

Le prochain Premier ministre sera donc technocrate?
Non. À mon sens, il doit être politique car il doit refléter le poids de chaque parti à l'APN. Par ailleurs, le gouvernement doit avoir une identité politique et une responsabilité dans ses actions. Ainsi, le peuple verra qui a travaillé et qui a failli, pour savoir à qui donner ses voix lors des prochains scrutins. La certitude est que le déclic aura lieu au prochain gouvernement. Le citoyen doit impérativement sentir le changement.

Elue avec un faible taux de participation, vous conviendrez que l'actuelle APN souffre d'un sérieux handicap de légitimité?
Entendons-nous bien: il est faux de dire que les 77% des électeurs qui n'ont pas participé aux élections, ont boycotté ou répondu aux appels de ceux qui ont appelé au boycotte. De par le monde, il y a un net recul dans les taux de participation aux élections. Voyez les derniers résultats des régionales en France, qui ont accusé un taux d'abstention historique de près de 70%. À cette tendance mondiale, s'ajoute le contexte pandémique. La crise sanitaire s'est répercutée sur les conditions de vie du citoyen. Ensuite, il faut dire que le gouvernement Djerad a échoué dans son action. Ce sont autant d'éléments qui justifient, en partie, ce taux d'abstention.

Une fois installé à l'APN, votre parti continuera-t-il à défendre les acquis sociaux ou alors, se soumettra-t-il aux exigences économiques conjoncturelles, comme accepter le recours à l'endettement extérieur, la suppression des subventions et d'autres mesures antisociales?
Le FLN appuiera les réformes sans toucher à la justice sociale. Vous évoquez les questions des subventions, c'est un sérieux problème. Actuellement, l'Etat subventionne les pauvres et les riches. Nous plaidons pour que cet argent aille vers les personnes qui en ont besoin. Pour cela, il faut un profond travail de concertation, qui doit être élaboré par les parties concernées (les ministères des Finances, de la Solidarité, de l'Intérieur...). Il faut une étude affinée et un courage politique pour prendre cette décision afin d'éviter toute exploitation populiste. 

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