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Les trois péchés de Bouteflika

Le coup de force constitutionnel de 2008, le 4ème mandat brigué après un AVC et la tentative dérisoire d’aller vers un 5eme mandat alors qu’il était impotent, sont les trois péchés majeurs qui ont poussé à la chute de l’ancien président.

Abdelaziz Bouteflika n'est plus. L'homme à qui on reprochait son obsession de vouloir mourir au pouvoir, s'est finalement éteint loin des lumières. Président de la République pendant une vingtaine d'années, il a été poussé à la démission en avril 2019 par un mouvement de contestation populaire inédit après une improbable tentative de briguer un cinquième mandat. Comment est-il arrivé à se faire huer par le peuple, lui le «sauveur» dans une Algérie déchirée par la guerre civile? Comment a-t-il été finalement sommé par l'armée de «jeter l'éponge», lui qui refusait d'être «un trois quarts de président»? Fin politicien, Bouteflika a toujours su, au commencement de son règne, s'imposer comme un puissant dirigeant. Mais les trois péchés qu'il commettra par la suite, seront inéluctablement le début de sa fin. Le premier est sa décision d'imposer, en 2008, au Parlement de supprimer la limitation du nombre de mandats d'un président de la République afin d'en conquérir un troisième en 2009. La manipulation de la Constitution, considérée comme un «coup de force» constitutionnel, a bien évidemment été à l'origine de nombreuses réactions et vue comme une régression. En 2014, Bouteflika va continuer à braver les oppositions affichées jusqu'au sein même du pouvoir pour gagner un quatrième mandat, un an après son AVC. Ce qu'il va obtenir avec plus de 81% des voix (selon les résultats officiels annoncés) malgré qu'il soit réapparu, après plusieurs mois d'absence, cloué sur une chaise. À ce moment- là, les partisans du président affirmaient que sa santé allait s'améliorer et qu'il allait retrouver bientôt toutes ses capacités. Or, ce ne sera pas du tout le cas et l'ancien chef de l'État, en costume trois-pièces, très affaibli, fera de très rares apparitions, sur son fauteuil roulant, uniquement pour démentir les rumeurs sur sa mort. Malgré la maladie et son incapacité à diriger le pays, il se maintient au pouvoir et c'est là la seconde erreur de l'ancien président déchu. Son troisième et dernier pêché est sans méprise, sa décision de briguer un cinquième mandat alors même qu'il faisait déjà l'objet de «moqueries» à l'étranger, même chez les officiels. Car, personne ne peut oublier la photo tweetée par Manuel Valls à l'issue de sa visite officielle à Alger en 2016. Le tweet n'était évidemment ni par inadvertance ni innocent. Sur la photo, on y voyait le Premier ministre français reçu par le président Bouteflika, l'air absent, le visage cireux et la bouche ouverte. L'image avait choqué mais suscité aussi de la colère et de l'humiliation. Dans l'incapacité à s'adresser à son peuple durant tout un mandat, le président qui ne dirigera le pays que par procuration se verra alors enterré par un groupe d'oligarques qui vont imposer leur diktat non pas sur la politique mais sur le monde économique aussi, faisant fi de toutes les lois de la République. Et ce'sont ces proches du cercle du pouvoir qui vont faire monter la colère du peuple avec des comportements honteux comme offrir un cheval, une médaille et même un cadre au président ou encore faire participer le cadre à une parade dans les rues d'Alger. C'est face à cette réalité amère que la 5ème candidature de Bouteflika ne pouvait être perçue que comme l'humiliation de trop par des millions d'Algériens dont 6 semaines de protestation ont fini par faire chuter celui qui disait fièrement: «Je suis l'Algérie tout entière».

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