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En 60 ans de parcours, l’Algérie a tracé sa voie

Un chemin pour demain

La gloire passée, la vertu patriotique et la bravoure du temps de guerre ne sauraient constituer un régime permanent…

C'est déjà 2024! Cela fait à peine 60 ans que l'histoire de l'Algérie indépendante a commencé. Mais dans ce court laps de temps, la condition morale et matérielle des Algériens s'est beaucoup transformée comme elle ne l'a jamais été durant des siècles. C'est un changement radical qui s'est opéré à travers les tentatives hardies de tous ordres pour remédier aux effets désastreux de 132 ans de colonisation. Ces tentatives se sont soldées par des succès nombreux et aussi des échecs, des moments d'enthousiasme et des moments d'abattement, des turbulences dans les rapports sociaux et des tensions parfois violentes dans les relations de pouvoir. Mais cette hardiesse par laquelle se sont signalés d'éminents patriotes, en partie disparus, aujourd'hui, a ouvert la voie vers notre organisation actuelle: ses institutions, ses lois, ses modes de gouvernement et de gestion, ses diverses associations, ses appareils administratifs, ses structures économiques, son tempérament politique et sa mentalité sociale.
Un nouvel épisode
Fruit d'une étape déterminante de l'histoire contemporaine de l'Algérie, un tel aboutissement implique à son tour le commencement d'un nouvel épisode où seul importe un succès sans cesse renouvelé par l'effort persévérant et organisé autour d'une vision prospective de la communauté nationale dans son ensemble. Il signifie, par voie de conséquence, que le recours à tout propos à la guerre de libération en guise d'unique argument fédérateur, est sans intérêt pratique pour mobiliser les nouvelles générations autour de la recherche des lois d'avenir de notre pays et pour braver les redoutables problèmes actuels. Car ceux-ci ne relèvent plus du sentiment ou de l'héroïsme des inoubliables prédécesseurs sur le champ de bataille, mais ils sont d'un tout autre ordre, celui de la complexité, de la science, de l'action multiforme, de la rationalité, de la prévision, de la réalisation, de la créativité, de la logique, de l'innovation... dont se sont servies les sociétés développées durant les deux derniers siècles afin de se hisser à la tête de la civilisation.
Ces sociétés avaient compris que la gloire passée, la vertu patriotique et la bravoure du temps de guerre ne sauraient constituer un régime permanent, applicable en temps de paix où tout ce qui ne correspond pas à la notion invincible de progrès devient forcément caduc. En effet, lesdites sociétés avaient écouté leurs «penseurs-éclaireurs» qui leur disaient que le monde autour d'elles est un champ de compétition où, pour gagner, il faut s'emparer des idées neuves qui aident à dépasser les routines et petits calculs quotidiens par un regard fixé toujours plus haut et plus loin, à la recherche constante des dix outils indispensables au développement économique et social.
Ces outils sont:
1-la ressource humaine;
2-le capital financier;
3-le capital d'équipement du territoire;
4- les ressources énergétiques;
5- des moyens de fabrication, de stockage et de transport;
6- un savoir scientifique;
7- un savoir-faire technique et organisationnel;
8- des terres agricoles et des ressources en eau;
9- une mise en commun méthodique des efforts et des intelligences de tous;
10- la prévision, la prévoyance et l'anticipation des risques.
En 2024, cette manière de voir les choses qui a fait largement ses preuves, n'a pas pris une ride.
Les responsables devraient la méditer parce que dans le monde implacable qui est en train de jaillir sous nos yeux et qui est d'ores et déjà dominé par les pays forts, le nôtre n'a pas d'autre alternative que de passer sans trop tergiverser à une autre étape de son cheminement où il aura à s'imposer une formidable conversion de ses méthodes de gestion économique et autres. Une telle idée ne prétend pas à la nouveauté. Elle fuse de tous les milieux parce que les Algériens, anxieux, sont majoritairement favorables à un changement d'approche dans la manière dont leurs appareils administratif et économique fonctionnent. Ils le sont d'autant plus que les réformes mises en oeuvre au cours des quatre décennies écoulées, ont buté sur maintes contraintes qui en ont réduit le rendement. S'il en est ainsi, on peut alors se demander: que faire dès 2025, afin que la «machine Algérie» trouve le chemin d'un meilleur fonctionnement de ses rouages?
D'abord, il s'agit d'une exigence pragmatique centrée sur la consolidation de l'unité nationale à travers des actes sous-tendus par le travail, le mérite, le sérieux, le sens du devoir et de l'intérêt collectif, la production, la proximité des administrations avec les usagers et la modestie de leurs responsables... Car, en ce siècle mouvant où tout s'apprécie à l'aune des performances et de la confiance entre gouvernants et gouvernés, les problèmes auxquels les États sont affrontés sont si complexes que la culture indolente qui tend à se répandre au sein de nos divers appareils, ainsi que la politique politicienne aveugle, désordonnée, exhibitionniste et légère, entretenue par nos organisations partisanes, ne suffisent pas à les résoudre. Il en est de même de l'obsolescence des méthodes de fonctionnement des structures dédiées au service public et à l'application efficace des politiques gouvernementales. En d'autres termes, il s'agit pour la «machine Algérie» d'amorcer un virage vers une route au bout de laquelle elle aura mis fin à cette pathologie de l'inefficacité dont elle souffre sérieusement depuis des décennies. Ensuite, il importe de reprendre résolument contact avec les idées qui se sont investies avec succès dans des politiques de progrès pour tous, partout dans le monde, c'est-à-dire mettre le fonctionnement intérieur et extérieur de l'Algérie au diapason des pays qui marquent des points dans la compétition, sans se délester des principes fondamentaux. Il s'agit enfin de s'appuyer sur l'expérience endogène afin de tirer les leçons des erreurs et fautes commises durant l'étape écoulée. À ce propos, le pays ne démarrera pas de rien en 2025. Il se sera déjà familiarisé depuis fort longtemps avec le pourquoi et le comment des faits dans tous les domaines. Aussi, en procédant dès 2024 à une mise au point, il pourra repartir du bon pied à la lumière des nécessités actuelles et à venir. Il pourra tracer plus sûrement un nouveau chemin et regarder plus loin pour savoir où il va, c'est-à-dire ne pas marcher au hasard. C'est dire en bref l'impérieuse nécessité pour l'État de réaffirmer résolument ses prérogatives de garant de l'intérêt général en vue d'une reprise en main vigoureuse et concertée de ses interventions.
Un rôle de vrai pilote
En matière économique, cela consiste à ne pas se plier les yeux fermés au dogme de la théorie néolibérale de la régulation de la vie économique et sociale par le marché, mais à corriger les défauts flagrants de celui-ci en s'attachant, notamment à faire cesser une certaine anarchie ambiante et en veillant davantage à ce que ne soient pas annihilés les principes de la justice sociale «fondée sur l'égalité (effective) des droits (pour tous les citoyens, devant les bureaucraties...) et (sur) la possibilité (de bénéficier) sans discrimination (...) du progrès économique et social...» (https://www.un.org// observances). C'est ainsi en tout cas que l'État pourra assumer effectivement un rôle de vrai pilote de l'activité nationale, dont aucun pays ne s'est hasardé à se passer chaque fois qu'il s'est trouvé aux prises avec des contraintes d'ordre structurel, organisationnel, managérial, économique, social, culturel, humain...qui l'entravent dans sa marche.
Il en est ainsi parce que l'efficacité de toute action collective repose toujours sur des décisions qui ne se neutralisent pas, ne se heurtent pas, ne se contrarient pas, mais se complètent, s'appuient les unes sur les autres dans le cadre d'un dispositif cohérent de mesures préparées en vue d'un but précis qui est le bien commun, garanti par l'État. Ce dispositif, c'est tout simplement le PLAN. Les lecteurs avertis n'ignorent pas qu'il s'agit d'une approche par laquelle ledit État intervient soit de manière souple (cas des pays libéraux), soit de manière «musclée» (cas des pays socialistes). Dès son indépendance, l'Algérie opta pour cette seconde approche en tant que «choix d'une méthode globale dans le développement en vue d'objectifs précis et selon des voies et moyens propres à les réaliser» (H. Boumediene, 1967). Mais la crise de la décennie 1980 a conduit les gouvernants, non pas à adapter progressivement l'administration économique aux changements introduits par la Constitution de 1989, mais à tout sacrifier à la mode du libéralisme triomphant du duo Reagan-Thatcher en la démantelant systématiquement au hasard de circonstances fébriles, sans préparation et surtout sans vue d'ensemble, ni projections lointaines dans le temps et dans l'espace de la démographie, des investissements et de la croissance. Cette renonciation hâtive à toute planification a eu des résultats désastreux. L'Algérie s'est retrouvée sans plan de bataille économique, se délestant d'un potentiel industriel considérable et s'en remettant à la seule expertise technocratique de partisans du néolibéralisme totalement déconnectés des réalités historiques, psychologiques et culturelles de la société.
Telles semblent être en tout cas les coordonnées exactes de l'emplacement où s'est trouvé au seuil du nouveau siècle le «navire Algérie». Elles ont un lien direct aussi bien avec ses machines qu'avec l'océan agité du monde au milieu duquel il se trouve. Il est fort possible qu'en usant de leur habileté, les membres de son équipage pourront se hisser au-dessus des contingences superficielles et fixer la route qui mène au lointain port, non pas au hasard, mais selon une vue d'ensemble et une approche méthodique où s'harmonisent les manoeuvres et se règle la vitesse en fonction des exigences du parcours. Cette approche, c'est bien évidemment la planification indicative. C'est-à-dire un chemin pour demain dont nos gouvernants comprennent assurément les enjeux et qu'il importe de déblayer. 

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