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Transition énergétique et ressources minérales en Afrique

La position privilégiée de l’Algérie

L'orientation de l'économie mondiale, vers les énergies vertes, fait que la demande en ressources minérales sera très importante dans les années à venir. Cette période est celle d'un nouveau supercycle minier mondial qui verra les coûts des matières premières minérales s'emballer.
Selon les prévisions de la Banque mondiale (2020), les consommations de matières premières minérales verront une augmentation fulgurante d'ici 2050: 498% lithium, 494% graphite, 460% cobalt, 189% indium, 99% nickel, 56% argent, 37% néodyme, 18% plomb, etc.
L'objectif est de produire de l'énergie décarbonée pour faire face au changement climatique et la mise en oeuvre des 17 objectifs de développement durable.
Ces prévisions font que des alternatives doivent être mises en place, dès à présent, afin de juguler les déficits et ainsi faire participer activement le secteur des mines pour qu'il soit au diapason du développement de l'économie nationale et mondiale.
La fabrication de plus en plus intensive de panneaux solaires, des éoliennes et des voitures électriques, ainsi que de méga-batteries résidentielles de stockage de l'énergie, nécessite au moins 23 minerais, notamment l'aluminium, fer, cobalt, cuivre, lithium, plomb, nickel, l'étain, les terres rares, l'argent et le zinc. Ceci doit être suivi de nombreux programmes soutenus de recherche.
Les batteries au lithium
Les techniques et procédés de fabrication des batteries des véhicules électriques, appelés à se substituer aux moteurs thermiques d'ici 2035, mutent de jour en jour.
La rareté et la cherté du lithium, des Terres rares et le monopole détenus par certains pays font que les chercheurs de plusieurs pays se penchent vers la recherche de procédés durables afin d'augmenter les capacités de stockage de ces batteries, pour améliorer l'autonomie du véhicule, la durée de rechargement et leurs poids.
Les batteries au lithium se diversifient énormément. Celles utilisant le lithium - fer - phosphate (batterie LFP) sont en plein essor de développement pour les véhicules électriques, pour le résidentiel (batterie de stockage) et bien d'autres sont en cours d'utilisation ou de développement: Nickel - Manganèse - cobalt oxyde (NMC), Nickel - Cobalt - Aluminium (NCA), Lithium- Cobalt oxyde (LCO), Lithium - Manganèse oxyde (LMO).
Les recherches vont bon train pour mettre au point de nouvelles générations de batteries:
· au Sodium - Zinc (Na-Zn);
· au Zinc-Air;
· à électrolyte solide;
· à anode en silicone;
· en Aluminium;
· au graphène (type de graphite bidimentionnel hexagonal en nids d'abeilles).
Les gigafactories de batteries se mettent en place car le marché est juteux et de plus en plus demandeur.
Le nombre de véhicules électriques qui sortent des usines est de plus en plus important. En 2022, 7.6 millions de véhicules électriques (66% en Chine et 10% aux USA) ont été produits dans le monde contre 4.6 millions en 2021.
A titre d'exemple, selon ce qui est publié, TESLA a fait, en 2022, une commande de 45 GWH de cellules LFP au constructeur chinois CATL et 10GWH (équipement de 180 000 voitures) à un autre constructeur chinois BYD.
Les chiffres évoluent chaque jour pour diminuer les coûts de la batterie qui représente 30-40% du prix du véhicule électrique.
Selon la Banque mondiale, chaque mégawatheure à produire nécessite 2400 kg de zinc dans le photovoltaique, 400 dans les éoliennes offshore, 40 dans les éoliennes onshore et 15 kg par véhicule électrique et selon l'AIE la demande de zinc sera multipliée par trois d'ici 2040, en raison du développement de l'énergie éolienne seul.
La course est lancée vers les matières premières nécessaires à ces industries d'avant-garde. Les pays de l'Union Européenne, les moins lotis, ont inventoriés une trentaine de minéraux et métaux critiques pour leurs économies dépendantes de plus en plus de l'extérieur des ressources minérales extra-européennes.
Les Terres rares
A titre d'exemple, l'UE dépend à 86% de l'extérieur. La RDC fourni 59% de cobalt du marché mondial et l'UE est alimenté par la Guinée à 64%, la Finlande à 14% et la Guyane à 5%.
Graphite: la chine produit 69% de la production mondiale et l'UE importe 98% de ses besoins, alimentés entre autres par la chine (47%), le Brésil (12%).
Niobium: le Brésil produit 92% de la production mondiale et l'UE dépend à 100% des importations.
Tantale: la RDC produit 33% de la production mondiale et l'UE dépend à 99% de l'étranger.
Les Terres rares qui entrent dans les process de fabrication de véhicules électriques (9 à 11 kg) et hybrides et dans les hautes technologies sont généralement monopolisées par un nombre réduit de pays.
Les Terres rares légères (Lanthane, Cérium, praséodyme, néodyme, samarium) et les Terres rares lourdes (dysprosium, erbium europium, gadolinium, holmium, lutetium, terbium, thulium, ytterbium yttrium): Le monde dépend à 86% de la Chine, 6% de l'Australie et 2% des USA. L'UE dépend à 100% des importations.
On note aussi que les industries de l'UE dépendent à plus de 70% des importations pour l'antimoine, la baryte, la bauxite, le béryllium, le bismuth, la fluorine, le gallium, le germanium, le lithium, le magnésium, le titane, le tungstène, le vanadium.
Le continent africain, très vaste, recèle des ressources très importantes dans son sous-sol qui avoisinent les 30% des ressources totales des cinq continents avec des taux qui topent les 90% pour certaines substances très critiques: PGE - Eléments du groupe du platine) PGE (89%), chrome (81%), manganèse (61%), cobalt (60%), zirconium (46%), or (40%), bauxite (30%), vanadium (30%), titane (24%), tantale (20%) et cuivre (9%).
Dans le monde, le lithium brut est produit par l'Australie (45%), le Chili (32%), la Chine (13%), l'Argentine (6%) et plusieurs autres petits producteurs.
Le processing chimique est dominé par la Chine (58%), le Chili (31%), l'Argentine (6%), USA (2%), Russie (1.5%), etc.
Le lithium, indispensable pour les batteries des véhicules électriques est de plus en plus exploré et découvert dans plusieurs pays d'Afrique: Zimbabwe (producteur avec la mine de Bikita), Mali, RDC, Namibie, Nigeria, Ghana et Côte d'Ivoire.
Pour les Terres rares, l'Afrique participe avec un seul producteur qu'est le Burindi (mine de Garaka) et plusieurs projets sont en cours d'exploration ou de faisabilité: Ouganda, Tanzanie, Malawi, Mozambique, Afrique du Sud, Angola, Namibie et Mali.
Dans un avenir proche, l'Afrique pourrait peser sérieusement dans le marché mondial et devenir fournisseur important de métaux pour haute technologie. Selon un rapport (Synthèse 2022 CUA-Ocde) plusieurs regroupements régionaux africains sont en cours de mise en place pour participer à la production de véhicules électriques en Afrique, à travers la transformation locale des ressources qui sont jusque-là exportées à l'état brut. Trois pôles ont été mis en place autour de l'Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria. Ces pays et ceux qui sont autour refusent d'être de simples gisements qui exportent de la matière brute. Ils veulent participer activement à la chaîne de valeur mondiale de fabrication des hautes technologies car ils disposent de ressources très importantes. Pour concrétiser cela, les synergies inter-africaines accrues sont impératives pour s'affirmer comme partenaire et non comme gisement.... à exploiter.
Gisement de zinc de Oued Amizour
Dans ce cadre, notre pays peut participer activement dans ce processus d'intégration par le développement et l'exploitation de gisements de zinc-plomb, de phosphates, de fer, silice et autres. De par les ressources et sa position dans la zone interface entre l'Afrique et l'Europe, l'Algérie occupe une position privilégiée pour jouer un rôle de locomotive par ses ressources avec des avantages comparatifs en sa faveur.
Les seules réserves en zinc, phosphates et fer peuvent faire de l'Algérie un partenaire important dans la chaine de valeur mondiale. Par le seul gisement de zinc de Oued Amizour, l'Algérie occupe la troisième place mondiale derrière l'Australie (69 millions) et la Chine (44 millions) et devant la Russie (22 millions de tonnes) (source USGS-2022).
Le projet/avant-projet métallurgique prévu dans la région de Béchar doit intégrer le manganèse de Guettara (2.5 millions de tonnes à 42%) pour améliorer la qualité des aciers qui sortiront du futur complexe.
Une politique plus africaine de l'Algérie est nécessaire pour une intégration des ressources dans les cadres adéquats mis en place par l'Union africaine.
La ‘'Vision Minière Africaine'' adoptée en 2009, mise en oeuvre en 2011 par l'Union africaine et en 2013 par la commission économique africaine peut servir cette approche, avec des objectifs stratégiques destinés à:
· permettre au continent d'exploiter au mieux ses richesses naturelles dans le but de créer des économies fortes, compétitives et réduire la pauvreté;
· déterminer comment l'exploitation minière peut contribuer véritablement au développement;
· créer des couloirs de développement inter-pays africains pour contribuer objectivement dans la chaîne des valeurs ajoutées mondiales et faire de l'Afrique un continent de transformation minière et industrielle et pas seulement d'extraction.
Les synergies interafricaines sont sine qua non indispensables pour peser sur la scène mondiale, en cours de mutation, car les pays africains disposent de ressources importantes.
Pour conclure, les ressources minérales étant limitées, non renouvelables, «elles ne devraient pas changer les objectifs de développement, mais elles doivent servir à les améliorer en permettant à l'économie de ‘'sauter'' sur un chemin de croissance accélérée du pays qui s'engage dans ce processus.»

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