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PÉTROLE

Les vrais motifs d'une chute

Pour contrôler le prix du baril, le gouvernement américain a développé une stratégie depuis octobre 1999 lorsque le Congrès US avait voté en faveur d´une loi sur la «Déréglementation des marchés financiers».

Du vendredi 20 juillet 2014 au mercredi 15 octobre 2014 les cours du baril de pétrole de la mer du Nord (Brent) avaient chuté de 27%. Le pétrole algérien connu sous l'appellation Sahara Blend 44 se distingue par un prix qui est aligné sur celui du Brent et qui se négocie avec une prime qui fluctue entre 0,76 et 3,80 dollars. Pour un pays comme l'Algérie, dont l'économie dépend à 97% des recettes des hydrocarbures, cette baisse des cours perdurera avec le temps, si elle provoquera inévitablement un déficit de la balance courante à la suite de laquelle le gouvernement algérien sera dans l'obligation de se lancer dans des plans d'austérité économique.
Mais quelles sont les causes de cette baisse des prix du pétrole? Sur ce sujet, la presse financière internationale a fait couler beaucoup d'encre et elle n'a pas cessé de nous épater. Depuis la mi-juillet jusqu´au 15 octobre et au fur et à mesure que la courbe des cours du Brent et celle du WTI (le pétrole américain) suivaient leur verticale vers le bas, les grands et prestigieux quotidiens financiers internationaux comme le Wall Street Journal, le Financial Times, L´Economist, Le New York Times ou les grandes chaînes TV de l'information financière comme la Cnbc ou la Bloomberg, tous ces médias lourds s´ingéniaient á trouver en chaque fin de semaine de nouveaux motifs liés à cette chute libre des cours du pétrole. Au début les médias financiers internationaux imputaient la chute du prix du Brent à l'augmentation des productions pétrolières libyenne et irakienne mais par la suite ils se sont lancés dans une longue série d´articles expliquant les raisons de la chute du prix de l'or noir liées á plusieurs approches. Les thèmes classés par ordre chronologique sont les suivants: le boom du pétrole de schiste aux USA, l'excédant des stocks du pétrole américain aux terminaux pétroliers de la ville de Cushing, la tendance baissière des volumes des importations pétrolières américaines, la fin du super-cycle des commodités (un avis donné par les banques d´affaires américaines), la fin de l'opération «Quantitative easing» de la FED, le ralentissement de la production industrielle chinoise et l'apparition de signes de stagnation économique en Chine, l'absence d'une reprise économique en zone euro et l'inquiétude sur les premiers symptômes de faiblesse de l´économie allemande, l'appréciation du cours du dollar américain, la politique du statu quo de l´Opep, le rapport de l'agence AIE prévoyant une baisse de la demande mondiale de pétrole en 2015, les conflits d'intérêt politique au sein de l´Opep entre l'Arabie Saoudite et l'Iran.

L'épisode d'avril 1986
Le complot américano-saoudien contre la Russie dont l'économie dépend beaucoup du prix du baril pour punir le président russe à cause de ses engagements en Ukraine et en Syrie et l'obliger à faire des concessions dans ces deux conflits, les prémices d´une guerre des prix entre les pays membres de l´Opep et un remake du scénario du mois d´avril de l´année 1986 où l´Arabie Saoudite sous pression américaine avait inondé le marché pétrolier international provocant ainsi le Crash des prix du pétrole.
Toutes ces causes évoquées par la presse financière internationale ne sont pas forcément fausses mais manifestement discutables. Cependant, il convient de soulever quelques questions pertinentes sur l'attitude de cette presse.
Pourquoi la presse financière internationale qui est allée chercher les raisons de la baisse des cours aux quatre coins du monde ne mentionne pas une seule fois le rôle joué par les acteurs des marchés internationaux du pétrole dans cette baisse? Est-ce que l'activité ainsi que l'identité des spéculateurs sur les marchés á terme pétroliers de Nymex ou de ICE est devenue un secret d'Etat?
Pourquoi cette presse ne parle que rarement du «baril papier»? Comment se fait-il que cette même presse ne donne pas l´impression de s´intéresser beaucoup aux activités internes des deux plus grands marchés pétroliers du monde, en l´occurrence la Bourse pétrolière de New York appelée Nymex et du marché ICE de London? Souvent les noms de ces deux marchés sont cités uniquement pour désigner la clôture des cours du WTI et du Brent. Pour mieux expliquer ce raisonnement qui est lié à ces remarques je cite un exemple: l'Arabie Saoudite exporte chaque jour l´équivalent de 10,7 millions de barils de pétrole et à la Bourse pétrolière de New York (Nymex) on compte chaque jour 700.000 et même parfois plus de contrats à terme de différentes échéances qui changent de main entre acheteurs et vendeurs á découvert et au marché pétrolier ICE de London 600.000 contrats à terme sont aussi quotidiennement échangés, au total nous avons 1,3 million de contrats, chaque contrat à terme est l'équivalent de
1000 barils de pétrole, un petit calcul arithmétique nous donne l'impressionnant chiffre de 1,3 milliard de barils papiers.

Les Américains ont tous les leviers
On se pose alors une question: qui influencera le prix du pétrole, c´est l'Arabie Saoudite avec ses 10,7 millions de barils liquides ou bien les acteurs des marchés á terme de Nymex et de ICE qui négocient quotidiennement 1,3 milliard de barils papiers?
A noter que la différence entre le prix du baril du marché «spot» et le prix du baril du contrat à terme dont l´échéance est la plus courte ne dépasse pas les 0,70 dollars, et c'est bel et bien prouvé sur le terrain que l'évolution des cours du marché spot dépend des cours du marché á terme.
Pour contrôler d´une manière directe ou indirecte les gisements de pétrole se trouvant aux quatre coins du monde, les Américains ont souvent utilisé la force militaire, les pressions politiques et même parfois des coup bas imputés à leurs innombrables services de renseignement; ce sont des faits réels et loin de toute forme de propagande contre ce pays. Mais pour contrôler le prix du baril, le gouvernement américain a développé une nouvelle stratégie (qui est en réalité un compliment de la première stratégie). Cela a commencé le 22 octobre 1999 lorsque le Congrès américain avait voté en faveur d'une loi proposée par le président Clinton sur la «Déréglementation des marchés financiers», une loi qui donne aux banques, aux compagnies d´assurance et aux compagnies financières américaines le droit d´investir ou de spéculer sur tous les marchés financiers et tous les marchés des matières premières implantés aux USA en utilisant en toute liberté tout un arsenal d´instruments financiers pour la spéculation. La stratégie du gouvernement américain était de laisser les institutions financières américaines prendre le contrôle de ces marchés à terme afin de contrôler les prix des matières premières. La Bourse pétrolière de Nymex ainsi que le marché londonien ICE qui sont considérés comme les plus grands marchés pétroliers au monde et qui opèrent sans concurrence valable se trouvent entre les mains de ces institutions (banques d'affaires, compagnie d´assurance, swap dealer ect...). Pour ma part, en tant que spécialiste boursier, je considère la chute des prix du Brent et du WTI comme un élément faisant partie d´un plan intelligemment élaboré par les institutions financières américaines et les architectes sont dans les banques d'affaires américaines et internationales. Je reviendrai à expliquer en détail les objectifs de ce plan dans mon prochain article dans quelques jours.
*Analyste boursier auprès de la banque suédoise Carnegie

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